PARIS - Le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi Bernard Sainz, surnommé Docteur Mabuse, à trois ans de prison dont 18 mois ferme pour administration de produits dopants et exercice illégal de la médecine.

Ce jugement correspond exactement aux réquisitions du parquet formulées après les deux jours de procès, les 26 et 27 mars dernier. L'avocat Bertrand Lavelot, présenté comme le complice de Sainz, a lui été relaxé.

"J'ai l'impression de me retrouver au Moyen-Age. J'ai l'impression d'être un hérétique que l'on conduit au bûcher", a déclaré Bernard Sainz qui n'avait eu de cesse de dénoncer, à l'ouverture des débats, un "procès politique" et un "procès en sorcellerie".

Son avocat, Me Jean-Louis Pelletier, a annoncé son intention de faire appel immédiatement et déclaré avoir été "très pessimiste par rapport au climat et à l'ambiance générale qui a prévalu lors du procès".

La Fédération française de cyclisme (FFC) et l'ordre des médecins, qui s'étaient portés partie civile, ont respectivement obtenu un euro symbolique et 1000 euros de dommages et intérêts.

"Maintenant, ce que l'on aimerait, c'est que Bernard Sainz prenne sa retraite et n'aille pas servir ailleurs", a indiqué Me Paul Mauriac, l'avocat de la FFC qui estimait que les agissements de Sainz avait porté atteinte à son image. "L'emprisonnement ne nous satisfait pas", a-t-il ajouté.

Bernard Sainz et Bertrand Lavelot étaient jugés pour des faits remontant aux années 1998 et 1999. Se disant homéopathe et "défenseur d'une autre médecine", après avoir échoué à obtenir son diplôme de médecin, Sainz a donc été reconnu coupable d'avoir prescrit à des cyclistes des substances interdites -corticoïdes, stimulants, stéroïdes anabolisants, érythropoïétine (EPO).

Trois coureurs -Philippe Gaumont, Yvon Ledanois et Pascal Peyramaure-, soupçonnés d'avoir participé au trafic, avaient été mis en examen avant de bénéficier d'un non-lieu. C'est sur leur témoignage que reposait l'essentiel des charges puisque les produits découverts lors des perquisitions chez Sainz n'avaient jamais permis de corroborer leurs dires.

Bernard Sainz avait été brièvement écroué en 2002, après avoir été arrêté en excès de vitesse en Belgique en possession de produits destinés, selon lui, au coureur belge Frank Vandenbroucke, alors qu'il se trouvait sous contrôle judiciaire en France.