Dopage : l'embarras grandit autour de Chris Froome
Cyclisme mardi, 30 janv. 2018. 10:57 vendredi, 13 déc. 2024. 22:32PARIS, France - La saison n'a toujours pas commencé pour Chris Froome, le Britannique quadruple vainqueur du Tour de France dont l'entourage s'active pour qu'il sorte sans trop de dommage de son contrôle antidopage anormal de la Vuelta, mais l'embarras ne fait que grandir au fil des semaines.
Froome n'a toujours pas annoncé sa date de reprise de la compétition même si différents acteurs du cyclisme, l'Australien Richie Porte en dernier lieu, évoquent sa participation à Tirreno-Adriatico (7 au 13 mars).
Le leader de l'équipe Sky doit justifier un taux de salbutamol (médicament habituel pour soigner l'asthme) deux fois supérieur au plafond autorisé à l'occasion d'un contrôle effectué le 7 septembre lors de sa victoire dans la Vuelta. En raison de la nature de la substance, il est autorisé par le réglement à continuer à courir en attendant une décision.
Dans un premier temps, il a rejeté toute faute et demandé à ses conseils de présenter un dossier scientifique justifiant l'anomalie. La piste de la déshydratation évoquée initialement a été abandonnée, selon le journal L'Équipe, au profit d'une explication liée à un dysfonctionnement rénal. Mais, le quotidien italien Corriere della Sera fait état mardi d'un changement de cap qu'adopterait le camp de Froome, conscient que l'affaire serait mal embarquée pour lui face aux experts antidopage de l'Union cycliste internationale (UCI).
Une autre stratégie?
« Déjà affligé d'asthme, le quadruple vainqueur du Tour ne peut passer pour un malade chronique », écrit le journal milanais sur l'hypothèse d'un mauvais fonctionnement des reins. Selon le Corriere della Sera, le Britannique, conseillé par son épouse Michelle Cound, préférerait faire appel à une médiation pour négocier une sanction réduite en plaidant la négligence, quitte à contourner Mike Morgan, l'avocat spécialisé dans les affaires de dopage (Contador, Sharapova, Bruyneel, etc) et recruté à prix d'or. Une suspension limitée par rapport à la sanction de deux années qu'il encourt pourrait lui permettre de continuer à viser son ou ses grands objectifs de 2018, le Giro et le Tour.
Si la suspension était fixée à six mois, en partant de la date de son contrôle du 7 septembre, le Giro et le Tour seraient accessibles. Dans le cas d'une sanction de neuf mois -la suspension infligée à l'Italien Diego Ulissi dans un cas approchant, seul le Tour, dans lequel il vise à égaler le record des cinq victoires, serait envisageable. Dans les deux cas, il perdrait le bénéfice de sa victoire de la Vuelta (au profit de l'Italien Vincenzo Nibali) et de sa médaille de bronze au contre-la-montre des Mondiaux (pour le Portugais Nelson Oliveira), décrochée le 20 septembre. Depuis cette date, Froome n'est plus réapparu dans une compétition officielle.
Seul problème : le Britannique a démenti mardi en milieu de journée, sur son compte twitter, les affirmations du journal italien. « C'est complètement faux. »
L'embarras général
« M. Froome a le droit de courir », répète David Lappartient, qui a appris le jour de son élection à la présidence de l'UCI le contrôle anormal de Froome. Mais c'est pour mieux suggérer que la meilleure solution serait que le coureur, de lui-même ou à l'invitation de son équipe, s'abstienne de courir avant que la procédure soit terminée. « Si elle devait aboutir à une sanction », a-t-il rappelé sur France-Info, « on pourrait avoir des annulations potentielles de résultats ».
Cette dernière hypothèse est bien le cauchemar des organisateurs du Giro, qui ne veulent surtout pas voir une répétition du scénario Contador. L'Espagnol, bien qu'empêtré dans les suites d'un contrôle positif de 2010, avait été autorisé à courir à le Giro 2011 mais avait perdu rétroactivement sa victoire lorsqu'il avait été sanctionné par la suite. Et, bien sûr, des responsables du Tour de France.
Si les organisateurs choisissent de récuser Froome, le président de l'UCI s'est dit d'ores et déjà d'accord sur le principe. Le Tour, pour s'en tenir à lui, possède dans son réglement un article lui permettant de ne pas accepter un coureur susceptible de porter atteinte à son image. Mais il doit se soumettre à l'avis du Tribunal arbitral du sport (TAS) auquel peut s'adresser l'autre partie. En 2006, le TAS avait ainsi réintégré l'équipe Astana (interdite de départ finalement pour un autre motif) contre la volonté des organisateurs du Tour.
Si l'ensemble du cyclisme souhaite une décision rapide, l'embarras est général. A l'image du Français Thibaut Pinot: « C'est une affaire vraiment complexe », a-t-il déclaré dans l'édition de mardi du quotiden Le Parisien. « J'espère que courant février on en saura un peu plus. On ne peut pas rester comme ça. »