NANTERRE, France (AP) - "Je n'ai gagné qu'une course non dopé chez les professionnels, c'est le tour du Poitou-Charentes en 1994", a déclaré Philippe Gaumont, ex-coureur de l'équipe Cofidis, jugé avec neuf autres personnes depuis lundi pour infraction à la loi sur le dopage par le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine).

Passé professionnel en 1994, Gaumont a par ailleurs assuré qu'il était propre lorsqu'il a obtenu en 1992 la médaille de bronze par équipe aux Jeux olympiques de Barcelone au 100 kilomètres contre-la-montre. Une fierté que personne ne pourra lui enlever. Aujourd'hui retiré du monde cycliste - il tient un bar de nuit à Amiens - Gaumont a brossé un noir tableau du monde cycliste.

"Dans le peloton, il n'y a pas plus de 5 pour cent des coureurs qui n'ont pas eu recours aux produits dopants", avait-il assuré pendant l'enquête.

"Chez Cofidis, j'ai vu un seul coureur ne pas se doper, c'est David Moncoutié", a-t-il souligné, mardi, avant d'ajouter que le médecin de l'équipe, Jean-Jacques Menuet, était informé des pratiques dopantes des coureurs.

Mardi à la barre, Gaumont a dénoncé les chartes contre le dopage que font signer les équipes professionnelles.

"Cela me fait rire. Les équipes se blindent au niveau juridique. Nous on a des CDD renouvelables tous les deux ans..."

Sans résultat ni victoire, un coureur est vite licencié, explique-t-il. Selon lui, le système de primes, mis en place par les équipes, tend à favoriser le dopage.

Arrêté en 2003, Gaumont est poursuivi pour avoir revendu de l'EPO à Robert Sassone, coureur de l'équipe Cofidis.

"C'était pour le dépanner". Comme ce dernier l'avait dépanné quand il avait eu besoin d'hormone de croissance.

Gaumont a indiqué qu'il était facile pour les cyclistes de contourner le contrôle longitudinal, mis en place par la Fédération française de cyclisme (FFC) pour lutter contre le dopage en présentant des paramètres assez hauts dès les premiers tests.

"On essaye de faire en sorte que les paramètres restent les mêmes". Sous-entendu avec des produits dopants.

"Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être devenu un être normal. Quand on se dope pendant dix ans, on a pas le sourire tous les jours."