Gaumont explique comment se doper sans se faire prendre
Cyclisme lundi, 15 mars 2004. 16:26 samedi, 14 déc. 2024. 14:40
(Source d'image:RDS)
PARIS (AP) - L'ancien cycliste professionnel Philippe Gaumont, mis en examen dans l'affaire Cofidis, explique lundi dans un entretien au journal "Le Monde" comment il s'est dopé pendant des années sans se faire prendre.
Le médaillé de bronze du 100km par équipes des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 espère que ses révélations permettront à la fédération française de cyclisme d'"essayer de comprendre comment on se dope".
Gaumont, âgé de 31 ans, affirme tout d'abord que certaines substances utilisées dans le peloton, comme l'hormone de croissance ou la testostérone, "que les coureurs utilisent comme ils le veulent", ne sont pas décelables lors des contrôles antidopage.
Selon lui, l'autotransfusion de sang, est également indétectable.
"Mais les transfusions de sang sont limitées aux gros calibres, car elles nécessitent de se payer les services d'un médecin pour les mettre en place."
Gaumont, qui n'a subi qu'un contrôle positif avéré tout au long de sa carrière professionnelle entamée en 1994, à la nandrolone en 1996, raconte ensuite comment les justificatifs thérapeutiques offrent la possibilité de se doper en toute quiétude.
"Pour la cortisone ou les corticoïdes, il suffit d'avoir une bonne justification thérapeutique pour que les contrôles positifs deviennent négatifs, explique-t-il. Voilà comment ça se passe: le médecin de l'équipe t'envoie voir un allergologue, c'est obligatoire. Celui-ci constate que tu es sensible aux acariens et prescrit un spray. On avait la consigne à chaque fois de demander à tout prix du Nasacort. Pourquoi? Car c'est un spray qui permet de masquer la cortisone. Quand on va au contrôle, on déclare qu'on est allergique aux acariens, qu'on a une prescription de Nasacort et qu'on en a pris le matin par voie nasale. Et à côté, on a pu se faire tranquillement une injection de Kenacort (produit interdit) car au contrôle on ne sait pas faire la différence entre le spray et l'injection."
Gaumont soutient ensuite que les contrôles antidopage inopinés ne sont pas efficaces car "ils ne sont pas inopinés".
"Ils se font sur les lieux de stages et de courses: on peut donc s'y préparer facilement pour être sûrs de ne pas être positif."
L'ancien coureur rappelle ensuite que le suivi médical longitudinal des cyclistes révèle la prise de produits dopants, mais de façon imparfaite.
"Selon les résultats du suivi 2003 (...), sur le seul paramètre des réticulocytes - qui sont de jeunes globules rouges sécrétés par le corps huit à neuf jours après une prise d'EPO- 30 pour cent des coureurs présentent des taux anormalement élevés", dit-il.
"Les anomalies que révèle le suivi longitudinal sont largement sous-évaluées car, à chacune des quatre étapes, nous disposons de trois mois pour faire notre prise de sang. Comme pour les pseudo-contrôles inopinés, les coureurs ont donc largement le temps de s'y préparer."
Dans le cadre de l'affaire Cofidis, Gaumont a été mis en examen pour "offre, cession et incitation à des produits dopants" par le juge d'instruction de Nanterre Richard Pallain. Il a été licencié par son ancien employeur et a décidé de mettre un terme à sa carrière.
Le médaillé de bronze du 100km par équipes des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 espère que ses révélations permettront à la fédération française de cyclisme d'"essayer de comprendre comment on se dope".
Gaumont, âgé de 31 ans, affirme tout d'abord que certaines substances utilisées dans le peloton, comme l'hormone de croissance ou la testostérone, "que les coureurs utilisent comme ils le veulent", ne sont pas décelables lors des contrôles antidopage.
Selon lui, l'autotransfusion de sang, est également indétectable.
"Mais les transfusions de sang sont limitées aux gros calibres, car elles nécessitent de se payer les services d'un médecin pour les mettre en place."
Gaumont, qui n'a subi qu'un contrôle positif avéré tout au long de sa carrière professionnelle entamée en 1994, à la nandrolone en 1996, raconte ensuite comment les justificatifs thérapeutiques offrent la possibilité de se doper en toute quiétude.
"Pour la cortisone ou les corticoïdes, il suffit d'avoir une bonne justification thérapeutique pour que les contrôles positifs deviennent négatifs, explique-t-il. Voilà comment ça se passe: le médecin de l'équipe t'envoie voir un allergologue, c'est obligatoire. Celui-ci constate que tu es sensible aux acariens et prescrit un spray. On avait la consigne à chaque fois de demander à tout prix du Nasacort. Pourquoi? Car c'est un spray qui permet de masquer la cortisone. Quand on va au contrôle, on déclare qu'on est allergique aux acariens, qu'on a une prescription de Nasacort et qu'on en a pris le matin par voie nasale. Et à côté, on a pu se faire tranquillement une injection de Kenacort (produit interdit) car au contrôle on ne sait pas faire la différence entre le spray et l'injection."
Gaumont soutient ensuite que les contrôles antidopage inopinés ne sont pas efficaces car "ils ne sont pas inopinés".
"Ils se font sur les lieux de stages et de courses: on peut donc s'y préparer facilement pour être sûrs de ne pas être positif."
L'ancien coureur rappelle ensuite que le suivi médical longitudinal des cyclistes révèle la prise de produits dopants, mais de façon imparfaite.
"Selon les résultats du suivi 2003 (...), sur le seul paramètre des réticulocytes - qui sont de jeunes globules rouges sécrétés par le corps huit à neuf jours après une prise d'EPO- 30 pour cent des coureurs présentent des taux anormalement élevés", dit-il.
"Les anomalies que révèle le suivi longitudinal sont largement sous-évaluées car, à chacune des quatre étapes, nous disposons de trois mois pour faire notre prise de sang. Comme pour les pseudo-contrôles inopinés, les coureurs ont donc largement le temps de s'y préparer."
Dans le cadre de l'affaire Cofidis, Gaumont a été mis en examen pour "offre, cession et incitation à des produits dopants" par le juge d'instruction de Nanterre Richard Pallain. Il a été licencié par son ancien employeur et a décidé de mettre un terme à sa carrière.