FIORANO, Italie - Un jeune chien fou, l'Italien Riccardo Ricco, a bousculé l'ordonnancement du Tour d'Italie, dimanche, dans la huitième étape enlevée à Fiorano Modenese, dans le fief de Ferrari, par le Norvégien Kurt-Asle Arvesen.

Ricco, l'un des favoris de la course, s'est mêlé à une échappée lancée dès le 24e kilomètre de cette étape de 200 kilomètres, accidentée dans sa première partie. Le groupe d'une trentaine de coureurs a compté plus de deux minutes d'avance avant que Ricco, l'enfant du pays (la maison familiale est distante de 5 kilomètres de Fiorano), se relève sans que l'on sache précisément si son équipe le lui avait demandé.

A l'arrivée, le jeune Italien (23 ans), qui s'était signalé par des déclarations fracassantes et présomptueuses après ses succès en mars dans Tirreno-Adriatico, a pesté. "Je vais avoir besoin de deux jours pour m'en remettre", a lâché Ricco, visiblement tendu après cet épisode soulignant à tout le moins son isolement.

Son directeur sportif, Pietro Algeri, et son chef de file théorique, l'Italien Gilberto Simoni, sont restés eux aussi évasifs dans cette polémique qui a agité la caravane du Giro. Tout juste Simoni, vieux renard du peloton, a-t-il souligné que Ricco avait "tout fait tout seul" et que l'échappée, qui a finalement abouti à bon port, comportait quelques clients dangereux pour le classement général.

L'écart sur la ligne entre les 22 fuyards et le peloton du maillot rose, l'Italien Marco Pinotti, s'est élevé à 4 min 19 sec. Autant de gagné pour des coureurs solides (Cioni, Noè, Bruseghin, Vila), susceptibles de viser une bonne place à Milan, tout comme le méconnu espagnol David Arroyo.

Arvesen devance Bettini

A l'arrivée jugée dans la petite ville de Fiorano, qui abrite la piste privée de Ferrari (les coureurs du Giro l'ont empruntée dans le final), Arvesen a privé Bettini du succès que le champion du monde espérait tant.

Bettini, impatient, a produit son effort de très loin pour revenir sur l'Italien Emanuele Sella qui avait anticipé le sprint à plus de 500 mètres de la ligne. Dans son sillage, Arvesen s'est accroché pour garder le contact et bénéficier de l'aspiration sur le faux-plat descendant, avant de le déborder aisément dans les 50 derniers mètres.

Champion du monde espoirs en 1997, Arvesen a signé son deuxième succès d'étape dans le Giro, quatre ans après s'être imposé à Faenza. Installé désormais en Italie, sur les rives du lac de Garde, le Norvégien a été évidemment interrogé sur le cas Ricco et a répondu logiquement: "Si Ricco était resté dans l'échappée, elle n'allait pas au bout !"

Pinotti, devenu dans les médias italiens le M. Propre du peloton, a apporté la même réponse. Le maillot rose, dont les coéquipiers ont été très sollicités, s'est félicité d'avoir reçu l'aide dans la poursuite de son ancienne équipe, la Saunier Duval de Ricco et de Simoni. Mais il a précisé qu'il espérait obtenir plus de collaboration de la part des formations des sprinteurs à l'avenir.

De fait, l'équipe de Alessandro Petacchi va probablement tout faire pour que la prochaine étape, longue de 177 kilomètres entre Reggio Emilia et Lido di Camaiore, arrive au sprint. L'Italien tient par-dessus tout à gagner sur les bords de l'Adriatique, à domicile.