BRIANÇON, France - L'Italien Danilo Di Luca a repris le pouvoir dans le Tour d'Italie après sa victoire dans la ville haute de Briançon (Alpes françaises) dans la douzième étape, la première de haute montagne.

Di Luca, vainqueur pour la deuxième fois depuis le départ, a été le seul à devancer l'Italien Gilberto Simoni, qui s'améliore au fil des jours et s'impose comme l'autre patron de la course rose.

Di Luca et Simoni, qui sont arrivés dans le même temps au terme des 163 kilomètres, ont pris du temps à tous les adversaires. Une poignée de secondes à l'étoile montante du Luxembourg, Andy Schleck (21 ans), et à l'Italien Damiano Cunego, qui est apparu cependant à la peine. Beaucoup plus à l'Italien Paolo Savoldelli (5 min 49 sec) et à l'Ukrainien Yaroslav Popovych (6 min 45 sec), deux candidats au podium qui ont vécu une journée noire sous le soleil du Queyras laissant filtrer quelques averses.

Dans le col d'Agnel, montée somptueuse menant à l'altitude de 2744 mètres à la frontière italo-française, Simoni a fait rouler ses équipiers italiens. Il a sacrifié son jeune lieutenant Riccardo Ricco, qui a été relayé ensuite par Leonardo Piepoli.

Le rythme a écoeuré le porteur du maillot rose, l'Italien Andrea Noè, qui a abandonné près de dix minutes à l'arrivée. Piepoli a poursuivi son travail dans la première partie de l'Izoard, le second grand col du jour (2360 m) avant de s'écarter à la sortie de Brunissard, là où la pente s'accentue sévèrement dans un monumental amphithéâtre naturel.

Simoni obstiné

Simoni a accéléré à deux reprises sans parvenir à distancer ses compagnons (Di Luca, Cunego, Schleck, Mazzoleni). Le quintette est revenu sur le Français Yoann Le Boulanger, parti de très loin dans la plaine dès le 14e kilomètre en compagnie d'un autre Français valeureux, Christophe Riblon.

Le Boulanger, qui avait compté jusqu'à plus d'un quart d'heure d'avance (Km 54) et porté virtuellement le maillot rose, n'a été rejoint qu'à moins de 3 kilomètres du sommet de l'Izoard, à 23 kilomètres de l'arrivée. A Briançon, sa générosité et son audace ont été récompensées d'une méritoire 7e place à l'étape, sous les yeux des dirigeants du Tour de France invités par l'organisateur du Giro.

Di Luca, qui a démarré après le passage grandiose de la Casse déserte, a franchi en tête l'Izoard. Il a été vite repris par ses poursuivants mais a porté le coup décisif dans la montée d'arrivée (10 %), avant le passage sur les pavés en pente de la moyenâgeuse Gargouille, malgré la résistance de Schleck et surtout de l'obstiné Simoni.

Grand bénéficiaire du jour, Di Luca a repris les commandes du Giro après une semaine d'intérim. Le coureur des Abruzzes, qui apparaît serein bien qu'il se méfie de Schleck, compte encore gagner du temps dans la 13e étape, un contre-la-montre en côte menant de Biella à Oropa (12,6 km).

Dans cette montée vers l'un des sanctuaires les plus importants des Alpes, le défunt Marco Pantani avait réalisé l'un de ses numéros les plus fameux en 1999. Retardé au pied de la montée par un incident mécanique, il avait remonté un à un tous les coureurs pour gagner l'étape. Six jours plus tard, il devait quitter la course pour un contrôle sanguin hors norme.