PEIO TERME - Le Français Damien Monier a ouvert à 27 ans son palmarès professionnel dans le Giro mercredi à Peio Terme, où il a remporté la 17e étape après une longue échappée.

Près de dix minutes avant l'arrivée du maillot rose, l'Espagnol David Arroyo, et de ses adversaires, Monier s'est offert pour la première fois le grand plaisir de lever les bras. Avant de s'asseoir, pour récupérer, sur la chaussée de cette station thermale de montagne, accessible par une montée de 3 kilomètres.

Contre toute attente, Monier, au passé de pistard (double champion de France de poursuite), s'est montré le plus fort sur cette pente. Dès le pied de cette courte ascension, il a distancé ses deux derniers compagnons d'échappée, l'Allemand Danilo Hondo et le Néerlandais Steven Kruijswijk, rescapés d'un groupe de 19 coureurs lancé après une heure de course.

"J'avais pointé cette étape", a expliqué ce coureur longiligne natif de Clermont-Ferrand (1,88 m pour 77 kg). "J'étais à peu près sûr que le peloton gérerait, qu'une échappée irait au bout".

Dans ce groupe qui comprenait également l'un de ses coéquipiers (Duque), Monier a eu le flair - "la chance" a-t-il dit modestement - de "sentir le bon coup" à moins de 15 kilomètres de l'arrivée. Puis de trouver les ressources pour porter le coup décisif : "Je me suis dit qu'il fallait attaquer en premier."

Arroyo tranquille

Le Français, qui est marié à une Chinoise et se rend chaque hiver à Shangai, a enfin touché le fruit de sept années de formation parfois difficiles. Il a été repéré par l'ancien PDG de Cofidis, François Migraine, avant même son titre de champion de France du contre-la-montre espoirs.

À partir de 2004, Monier a appris son métier de coureur professionnel. Loin de la scène ultra-médiatisée du Tour de France, il a disputé deux Vuelta et un Giro, et a progressé doucement. Jusqu'à ce Tour d'Italie pour lequel il n'a été retenu que dans les jours précédant le départ, après le forfait de l'un de ses coéquipiers.

Déjà présent dans l'échappée de l'étape d'Asolo samedi dernier, l'Auvergnat a signé à Peio Terme le deuxième succès français après celui de Jérôme Pineau à Novi Ligure (5e étape). En un seul Giro, le cyclisme français a fait mieux qu'en dix années réunies sur la course italienne!

Pour le maillot rose, l'étape (173 km) s'est révélée une formalité. Arroyo a pris soin de rester dans le sillage de son suivant au classement, l'Italien Ivan Basso, lui-même conduit à un rythme soutenu par son coéquipier Vincenzo Nibali dans la montée d'arrivée.

Les favoris de l'épreuve ont encore une journée tranquille jeudi, entre Levico Terme et Brescia (140 km), avant de s'expliquer dans la haute montagne. L'issue de l'épreuve reste particulièrement indécise et Ivan Basso a souri quand toutes sortes d'hypothèses ont été évoquées devant lui : "Vous me dites que je n'ai pas les faveurs des pronostics? Ça m'arrange!"