LIEGE (AFP) - L'ancien champion français Bernard Hinault appelle à la révolte dans le peloton au vu du scénario répétitif des classiques ardennaises avant le dernier acte, Liège-Bastogne-Liège, que l'Italien Danilo Di Luca abordera dimanche en position de grand favori.

"Di Luca est le plus fort actuellement, on l'a vu à l'Amstel Gold Race comme à la Flèche Wallonne. Ses adversaires le savent. Pourquoi attendent-ils la dernière montée ?", s'interroge Hinault après avoir assisté à la démonstration du coureur italien dans le mur de Huy.

Les autres prétendants à la victoire sont restés passifs jusqu'à la montée d'arrivée. Pis, leurs équipiers ont aidé ceux de Di Luca à mettre en échec de l'échappée de l'Allemand Jens Voigt pour provoquer un regroupement général à moins de deux kilomètres de l'arrivée.

"Aucun des favoris n'a osé attaquer avant le mur", remarquait le Belge Rik Verbrugghe, l'un des rares, avec le Kazakh Andrey Kaschechkin, qui ait essayé d'anticiper avant le final. "C'était un peu comme à l'Amstel Gold Race. Chacun a attendu que l'autre prenne l'initiative. En essayant de garder le plus de force pour la dernière montée".

A scénario identique, vainqueur semblable. Comme son compatriote Davide Rebellin un an plus tôt, Danilo Di Luca n'a eu qu'à attendre le dernier kilomètre, à la pente extrême (jusqu'à 19 pour cent !), pour s'affirmer.

Un "ter repetita"

Il n'a pas eu à s'employer davantage que ses adversaires pour enlever sa deuxième classique de la semaine. Au départ, il affirmait pourtant songer d'abord -pourquoi ne pas le croire ?- à Liège-Bastogne-Liège.

Le coureur de l'équipe Liquigas a revêtu du même coup le maillot de leader du ProTour, dont le barême incite par trop à l'attentisme. Les places d'honneur ont été démesurément dotées en points et les coureurs qui visent le classement final ne sont pas enclins à prendre des risques.

"Face à Di Luca et Rebellin, il ne faut pas rester dans les roues", insiste Hinault, désormais quinquagénaire et vrai champion de l'offensive à son époque (sa victoire sous la neige dans Liège-Bastogne-Liège en 1980 est restée dans l'histoire). "A partir de là, il faut attaquer de plus loin, il n'y a pas d'autre solution".

Le parcours de la "Doyenne", sensiblement plus long que celui de la Flèche Wallonne, plus rigoureux aussi, laisse des espaces pour ce type de stratégie.

"Ce sera une course différente", prévoit d'ailleurs l'Italien Damiano Cunego, très près des meilleurs mercredi mais encore un ton en retrait ("c'est dans la norme, nous sommes à deux semaines du Giro").

Arriver, comme l'année passée, à une soixantaine de coureurs au pied de la dernière côte, Saint-Nicolas, à moins de 6 kilomètres de l'arrivée, aurait toute chance de se conclure par un "ter repetita" en faveur du même homme.

Di Luca le sait, lui qui a conclu avant de quitter Huy: "Ce sera beaucoup plus dur à Liège. Les autres chercheront à anticiper avant Saint-Nicolas. Mais j'ai bon espoir."