En début de saison, le Tour de France ne figurait pas dans les plans de Hugo Houle. Voilà que six mois plus tard, son nom se retrouve sur la longue liste de 14 coureurs présélectionnés de la formation Astana. Parmi eux, huit seront au départ du Tour le 7 juillet.

« Je fais partie des plans à l’heure actuelle. Je n’ai aucune garantie. J’attends des nouvelles dans les jours à venir », a précisé Houle, joint au téléphone, lundi, en France.

Le coureur de Ste-Perpétue revient du Critérium du Dauphiné, sa dernière audition en vue du Tour. Houle a, une fois de plus, accompli son travail d’équipier à merveille, aidant au passage Dario Cataldo et Pello Bilbao à remporter respectivement le maillot de meilleur grimpeur et la 6e étape.

« Il m’a impressionné sur le Dauphiné », a déclaré Dmitriy Fofonov, manager de l’équipe Astana, joint en Suisse. « Je lui ai demandé de ne pas précipiter son retour au Canada pour les Championnats nationaux et d’attendre la fin du Tour de Suisse », qui se termine dimanche.

C’est ce qu’il fait. Il attend. Et même s’il rêve du Tour, comme tous coureurs, ses attentes envers une possible participation cette année sont plutôt réalistes.

« Dans la sélection, je suis le dernier coureur en piste pour la dernière place disponible », lance-t-il avec un petit rire dans la voix. « Je ne me casse pas la tête avec ça. Au début de l’année, j’étais peut-être le 25e coureur sur la liste et, maintenant, il en reste 14. C’est déjà une belle marque de confiance. Je suis honoré d’être considéré parmi ces gars-là pour faire le Tour. »

Honoré certes, mais on le sent tiraillé par la situation.

« Si je ne fais pas le Tour, c’est évident que la priorité ce seront les Championnats canadiens. J’ai une bonne chance sur les deux épreuves (l’épreuve en ligne et le contre-la-montre). Avec la forme que j’ai en ce moment, je ne voudrais pas passer à côté de cette opportunité. »

Et c’est là que le tiraillement survient : les Championnats nationaux s’amorcent le 21 juin à Saguenay. Houle espère, donc, être fixé au lendemain du Tour de Suisse, le 18 juin. Rater les Nationaux, pour ensuite être écarté de la sélection du Tour, est le scénario qu’il veut éviter à tout prix.

Un équipier modèle

Si Houle est maintenant considéré pour le Tour, c’est qu’il ne cesse d’impressionner la direction de l’équipe. Fofonov admet qu’il ne le connaissait que très peu lorsque le Québécois a officiellement joint les rangs de l’équipe au début de l’année 2018.

« Il m’a surpris dès le début de la saison. Il a été important en support à Jakob Fuglsang et Luis Leon Sanchez sur Paris-Nice et en Romandie, il a fait un travail remarquable », après une saison de Classiques fort chargée, faut-il souligner.

Ce n’est pas tant par ses résultats qu’il s’est fait remarquer que par son dévouement aux leaders de l’équipe.

« Si je fais le Tour c’est que pour ces raisons-là : mon travail d’équipe, ma loyauté. Je fais ma job. Je ne cherche pas à me prouver; je ne cherche pas à aller chercher un résultat personnel. »

Et c’est exactement ce qu’a besoin Jakob Fuglsang, le leader d’Astana, sur le Tour.

« Ils sont certains que ce qui est demandé va être effectué au meilleur de mes capacités. C’est apprécié des leaders, de savoir qu’on est là pour eux. Ça les met en confiance aussi. Ce n’est pas facile de passer trois semaines la pédale au fond, à essayer d’éviter les chutes, à essayer de se placer dans le peloton. Quand t’as un gars qui est tout le temps à tes côtés quand ça brasse un peu plus, ça rend les choses plus simples. »

Autre avantage pour le Québécois : le parcours du Tour 2018 présente plusieurs pièges, particulièrement en première semaine.
« Il y aura des risques de coups de bordure, du vent, des pavés. Il va y avoir beaucoup de stress. Ça prend des gars qui savent frotter, qui viennent des Classiques. »

Et le chrono par équipe de Cholet à la 3e étape n’est pas pour nuire aux chances du Québécois.

« C’est certain que je peux bien contribuer. J’ai démontré au Dauphiné que j’étais capable de rouler vite. C’est certain que pour moi c’est un bel avantage. »

La montagne alors? « La nouvelle corde à mon arc que j’ai ajoutée, c’est que je suis capable de passer les bosses. Je peux aussi faire un travail dans les étapes de transition ou entre deux cols avant l’arrivée du col final. Ce sont des points en plus. »

Le seul problème pour Houle, c’est qu’il n’est pas le seul à pouvoir abattre ce boulot dans l’équipe.

« Je suis conscient que dans l’équipe il y a plein de bons coureurs, surtout pour une sélection de huit. »

La composition d’une équipe pour le Tour ne s’arrête toutefois pas à sélectionner les huit meilleurs coureurs. La cohésion est primordiale.

« L’équipe, c’est complexe. On a besoin de différents types de coureurs. Un gars comme Hugo n’est pas dans la même catégorie que Sanchez ou Bilbao. Et les gars doivent travailler en équipe. Lui, il a démontré qu’il est un professionnel, sérieux, sur qui on peut compter », explique Fofonov quant à la complexité de la composition de l’équipe.

Houle refuse toutefois de s’emballer trop vite. « Le simple fait d’être considéré me rend encore plus confiant pour la suite. Si ce n’est pas cette année ce sera une autre, mais j’ai bien hâte que ce soit mon tour. »

On devrait donc savoir en début de semaine prochaine si le Tour 2018 sera SON Tour.