MONTPELLIER, France - A 30 ans, Robert Hunter, capitaine de route de la modeste formation Barloworld, est entré dans l'histoire en devenant, jeudi à Montpellier (sud), le premier Sud-Africain à remporter une étape du Tour de France.

Cet opportuniste, capable de se mêler au sprint avec les tout meilleurs mondiaux, vient d'un pays où le cyclisme est très développé au niveau amateur, mais où manquent cruellement les structures pour amener les jeunes au plus haut niveau professionnel.

"J'espère que ma victoire contribuera à développer le vélo en Afrique du Sud, où il y a beaucoup de jeunes talentueux", a-t-il déclaré, après avoir signé à Montpellier la deuxième victoire d'étape de Barloworld, deux jours après le triomphe de son équipier colombien Soler à Briançon (Alpes).

Barloworld n'a dû sa présence qu'à une invitation lancée par les organisateurs, mais ses performances lui ont retiré tout complexe : "Je sens maintenant plus de respect dans le peloton pour l'équipe et pour nos gars", a dit Hunter, qui occupe désormais derrière le Belge Tom Boonen la deuxième place du classement par points.

Hunter, qui participe à son sixième Tour, a commencé sa carrière en 1998 chez Mapeï. Il a connu le plus haut niveau comme équipier, notamment chez Rabobank en 2003 et 2004, puis chez Phonak les deux saisons suivantes. Ses principaux succès sont des victoires d'étape sur la Vuelta en 1999 et 2001, et au Tour de Suisse en 2004.

Il a remporté cette saison le Tour de Picardie.

Vieux sage

L'an dernier, il avait disputé le Tour de France dans l'équipe de Floyd Landis, qui appréciait particulièrement sa lucidité tactique, sa capacité à "lire" la course et à prendre instantanément les bonnes décisions.

Le natif de Johannesburg n'avait cependant pas eu le bonheur de rouler sur les Champs-Elysées, après avoir été éliminé pour une arrivée hors-délai au contre-la-montre de Monceau-les-Mines, lors de l'avant-dernière étape.

Après le retrait de Phonak et la dissolution de l'équipe, Hunter s'est retrouvé cette saison chez Barloworld, une formation du Continental Pro, la deuxième division mondiale du cyclisme.

L'équipe est inexpérimentée mais audacieuse : sur les neuf coureurs engagés sur ce Tour, sept en sont à leur première participation, et un seul compte deux Tours de France au compteur. Hunter y joue donc le rôle de grand frère et de vieux sage.

Serein, cet expatrié qui réside à Monaco avoue que son plus grand plaisir est de passer du temps avec sa femme et ses amis, "particulièrement pendant les vacances en Afrique du Sud".

A un journaliste qui lui demandait un jour de quoi il avait encore besoin dans la vie, Hunter avait répondu : "De rien. Je suis heureux de ce que j'ai".

Depuis jeudi, il a une victoire d'étape sur le Tour à son palmarès.