Les coureurs français se sont longtemps cachés derrière l'argument du cyclisme à deux vitesses pour expliquer leurs performances peu reluisantes. Depuis 2000, ils clament qu'ils roulent à une vitesse pendant que la majorité de leurs concurrents avance avec le vent dans le dos, une allusion directe au dopage.

Comme je le mentionnais dans ma chronique précédente, il est de plus en plus difficile pour un cycliste de se doper. Il y a des tests menés par certaines équipes en plus de tous ceux commandés par l'Union cycliste internationale (UCI) et les différentes fédérations nationales.

Les Français sont maintenant prêts à admettre que le cyclisme est plus propre. Je ne sais pas si c'est vrai, mais le simple fait d'y croire a visiblement fait disparaître tous leurs complexes.

Mercredi, on a vu quatre Français en échappée. Jeudi, entre Aigurande et Super-Besse, trois gars se sont détachés du peloton : Benoît Vaugrenard, Sylvain Chavanel et Freddy Bichot… trois Français! Nos cousins ont finalement été rattrapés, ce qui a donné lieu à une belle fin d'étape.

Cette étape était un test juste avant l'arrivée en haute montagne. Dimanche, on sera dans les Pyrénées et si tu vises une victoire à Paris et que tu perds contact sur une ascension comme celle de jeudi, un col de deuxième catégorie, ce n'est vraiment pas ton année!

Malheureusement, le maillot jaune Stefan Schumacher a été victime d'une chute mais devant, si on regarde les résultats de l'étape, avec une victoire de Riccardo Ricco devant Valverde et Evans, tous les gars qui visent une place parmi les cinq premiers étaient présents. C'est une confirmation que les gars sont en forme.

Il y a Cunego qui n'est pas très convaincant, à 32 secondes, 29e de l'étape, et Andy Schleck, 37e. Ces deux-là n'ont pas vraiment connu une bonne journée, mais ce n'est rien de vraiment dramatique.

Le destin de Schumacher

C'est l'ironie du sort qui a forcé Kim Kirchen, le nouveau détenteur du maillot jaune, à faire chuter celui qui le portait avant lui, Schumacher.

Une vague a déferlé devant Kirchen, qui a donné un coup de guidon à droite pour ne pas chuter, une manœuvre juste un peu trop rapide pour Schumacher derrière.

C'est dommage, presque injuste. Un cruel destin, mais reste que Schumacher est troisième, à 16 secondes de la tête, au classement général. Il pourra peut-être reprendre le jaune, mais vous savez ce qu'on dit : porter le maillot jaune, c'est comme une participation à la finale de la coupe Stanley. Tu peux y accéder une fois dans ta carrière, mais tu n'as aucune garantie que tu vas pouvoir y retoucher un jour.

*Retranscription de l'intervention de Louis Bertrand au bulletin Sports 30.