PARIS (AFP) - Au risque de devenir un faire-valoir, Jan Ullrich reste l'éternel adversaire de Lance Armstrong, son premier rival pour le Tour de France 2004 que l'Américain dit vouloir disputer pour une sixième victoire.

"Je l'avais dit avant le départ, c'est mon concurrent le plus redoutable", a répété Armstrong (bientôt 32 ans) à la fin du Tour du centenaire en désignant l'Allemand, son cadet de deux ans.

Dans le duel à maints épisodes qui oppose les deux champions du monde de 1993 (titre amateur pour Ullrich, titre professionnel pour Armstrong), le résultat est toujours resté identique. A l'avantage unique d'Armstrong, qui a toutefois été accroché plus sérieusement cette année, jusqu'à être dominé dans le premier grand contre-la-montre et paraître prenable en montagne.

"Je sais qu'il est possible de le battre", a déclaré Ullrich, qui s'est montré pour la première fois supérieur à son adversaire, au moins dans un domaine. Mais le champion olympique, parfois déroutant dans ses choix tactiques, a aussi payé une approche du Tour contrariée pour son équipe bâtie à la va-vite et des approximations en tout genre. Comment justifier la négligence consistant à ne pas reconnaître le parcours du contre-la-montre décisif ?

L'accord Armstrong-Ullrich

Raymond Poulidor, l'ancien champion français, a estimé qu'avec un directeur sportif aussi avisé que Cyrille Guimard en son temps, Ullrich aurait gagné ce Tour. L'avis est largement partagé par les anciens de la caravane tant le champion allemand possède les qualités pour inscrire une deuxième fois son nom au palmarès. Mais l'entourage d'Ullrich doit aussi composer avec les forces et les faiblesses du champion, qui n'a pas le souci obsessionnel du détail de son rival américain.

Le match Armstrong-Ullrich qui s'est déroulé dans la seconde moitié du Tour a éclipsé les autres protagonistes. A commencer par Alexandre Vinokourov, le solide Kazakh présent pour la première fois sur le podium final (3e). "Vino", crédité d'une remarquable saison, s'est surpassé pour limiter le handicap en haute montagne et dans les contre-la-montre. Il a aussi payé l'accord tacite entre Armstrong et Ullrich dans la deuxième étape pyrénéenne (Peyresourde) pour en rester à un duel.

Esseulé du fait de la retentissante contre-performance du Colombien Santiago Botero, le Kazakh ne peut miser à l'avenir que sur ses points forts, sa constance et son sens offensif. Mais, les deux marches restant à franchir pour parvenir au sommet semblent hautes pour un coureur qui fêtera en septembre son 30e anniversaire.

Rogers, la révélation

Autre coureur d'expérience, Tyler Hamilton (32 ans) a surpris son monde par son courage et sa solidité mentale. Mais l'objectif de départ de l'Américain (le podium) traduit aussi les limites qu'il s'était fixé, du moins pour cette année.

Du côté des plus jeunes, les Espagnols Haimar Zubeldia (26 ans) et surtout Iban Mayo (26 ans le mois prochain) ont affiché d'intéressantes qualités, dans les Alpes principalement, sans les concrétiser pleinement dans les Pyrénées.

Ivan Basso, le meilleur jeune du Tour 2002, a continué sa progression, surtout en montagne. "Un podium est possible", affirme l'espoir italien (25 ans) qui doit impérativement s'améliorer dans les contre-la-montre pour viser le maillot jaune à Paris. Mais sa constance a séduit, jusqu'à Armstrong lui-même.

A l'échelon inférieur, le Russe Denis Menchov (25 ans), qui a ramené le maillot blanc du meilleur jeune, et le Français Sylvain Chavanel (24 ans) ont laissé paraître de bonnes dispositions. Moins éclatantes, toutefois, que l'Australien Michael Rogers (23 ans), bridé par son travail d'équipier. "Celui-là, il peut être un futur vainqueur du Tour !", s'est exclamé un directeur sportif tout marri d'avoir échoué à le recruter.