C’était le plan. Son calendrier 2019 était fait en fonction qu’il soit sur le prochain Tour de France. C’est maintenant officiel : Hugo Houle fait partie des huit coureurs de la formation Astana qui seront au départ de la Grande Boucle, le 6 juillet, à Bruxelles.

 

« Je suis heureux, c’est certain. Je suis content de pouvoir vivre ça. Mais je ne le réalise pas pleinement. Tout va à merveille pour moi. J’apprécie chaque moment. La forme est là, j’ai hâte que ça commence », a déclaré Houle lorsque joint à Valloire, dans les Alpes. La préparation n’est toutefois pas terminée. Houle est actuellement avec le leader de l’équipe, Jakob Fuglsang, à faire la reconnaissance des étapes 18, 19 et 20, des étapes qui seront fort probablement décisives.

 

Houle sera donc le 4e Québécois après Pierre Gachon, en 1937, David Veilleux, en 2013, et Antoine Duchesne, en 2016, à prendre le départ du Tour. Il aura tout de même l’honneur d’être « le premier Québécois à rouler sur le Tour avec un vélo québécois », se réjouissait-il au téléphone. C’est que Hugo et ses coéquipiers d’Astana roulent sur les vélos Argon 18, des vélos conçus au Québec.

 

Ce n’est pas tout, l’équipe kazakhe a une autre touche québécoise : l’entreprise Premier Tech, basée dans le Bas-St-Laurent, est également partenaire de la formation. « Je me considère chanceux de vivre ça avec des partenaires québécois. Jean Bélanger, de Premier Tech, et Gervais Rioux, d’Argon 18, seront là au départ. C’est l’fun d’être une petite bande de Québécois sur le Tour avec une des équipes les plus performantes du circuit. »

 

Dorloter Jakob Fuglsang

 

Le mot est peut-être fort, mais il illustre bien le rôle que Hugo aura sur le Tour. « C’est assez simple : je reste à côté de Fuglsang en permanence, tant et aussi longtemps que j’en suis capable. Je ne me pose pas de questions. S’il a besoin d’une veste ou n’importe quoi d’autre, je suis là. Mon travail, c’est d’être à ses côtés 100% du temps. »  

 

Son rôle est clair. Et les chances de le voir se glisser dans une échappée semblent bien minces. « Dans la première semaine, c’est sûr que tu ne me verras pas essayer de prendre une échappée. » L’explication est simple. Houle veillera sur son leader dans ces premières étapes souvent très nerveuses.

 

Et l’équipe Astana n’envoie pas un coureur dans une échappée pour le simple plaisir de montrer le maillot. « L’équipe a pour mentalité : si on brûle un coureur pour l’échappée, on va s’assurer qu’il peut gagner. Par exemple, si tu mets Magnus Cort devant, il y a 99% des chances qu’il gagne la course. Si tu me mets moi devant, il y a moins de chances parce que je n’ai pas son sprint », explique Houle candidement.

 

L’équipe peut compter sur plusieurs coureurs capables de faire le coup : Cort Nielsen, Omar Fraile ou encore Aleksey Lutsenko. À vrai dire, ils peuvent tous le faire. Houle ne représente pas les meilleures chances de victoire de l’équipe et il ne s’en formalise pas.

 

Mais il n’exclut pas la possibilité qu’il se retrouve devant plus tard, en 2e ou 3e semaine.  « Dans une étape de montagnes, si un groupe de 25 réussit à partir, je pourrais y aller et servir pour plus tard dans l’étape. Je commence à bien grimper et je peux aider. On ne m’enverra pas devant dans l’optique que je peux gagner, mais plutôt comment je peux être plus utile. » Utile, si son leader prévoit lancer une attaque. À ce moment, Houle pourrait se relever, l’attendre et rouler avec lui pour tenter de distancer ses rivaux.

 

L'attaque et la stratégie

 

Avec ses 29 victoires (en date du 26 juin), l’équipe Astana est l’une des plus productives cette saison. L’équipe est opportuniste et ne rate que très rarement le bon coup. Et la tactique de course y est pour beaucoup.

 

« Au Dauphiné, on avait des coureurs dans l’échappée, mais c’était pour mettre la pression sur les autres équipes. On voulait que Fuglsang reste tranquille dans le peloton, qu’il n’ait rien à faire, et qu’on n’ait pas à rouler », explique Houle au sujet de la stratégie de l’équipe de placer régulièrement des coureurs dans l’échappée.

 

« On mettait la pression sur l’équipe INEOS (anciennement connue sous le nom de SKY). Ils étaient obligés de rouler parce qu’on avait des coureurs devant. S’il y a une échappée de 20 coureurs et on n’a personne devant, ils vont venir nous voir et nous dire, venez rouler avec nous. Et au final, l’échappée se rend au bout et joue la victoire d’étape », résume-t-il avant d’ajouter, « c’est un peu comme ça qu’on a réussi à gagner le Dauphiné avec Jakob. C’est-à-dire qu’on n’a jamais eu à rouler à fond parce qu’on avait toujours une carte devant. »


On peut penser que l’équipe adoptera une stratégie semblable sur le Tour.

 

Les Alpes, du repos et Bruxelles

 

Après avoir fait l’ascension des cols du Galibier et de l’Izoard mercredi, Hugo Houle poursuivra sa reconnaissance alpestre jeudi alors qu’il s’attaquera au col de l’Iseran et ses 2770 mètres d’altitude, pour ensuite faire l’ascension vers Val Thorens, vendredi, toujours en compagnie de Fuglsang, de qui il est inséparable depuis un mois... et pour les trois prochaines semaines! 

 

Après quoi, il s’accordera quelques jours de repos, seul, chez lui, à Saint-Restitut, dans le Département de la Drôme.

 

Et le 2 juillet, il prendra la direction de Bruxelles où tout deviendra bien réel.