L'AFLD veut avoir son mot à dire
Cyclisme jeudi, 10 juin 2010. 12:28 vendredi, 13 déc. 2024. 22:02
PARIS - L'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) ne veut pas laisser le champ libre à l'Union cycliste internationale (UCI) pour mener les contrôles antidopage sur le prochain Tour de France cycliste.
«Le risque, c'est que les contrôles ne soient pas crédibles», a déclaré jeudi son président Pierre Bordry à l'occasion d'un colloque scientifique à Paris sur les avancées de la lutte contre le dopage.
L'UCI ne souhaitant pas que l'AFLD intervienne sur la prochaine Grande Boucle, Pierre Bordry a donc demandé à l'Agence mondiale antidopage la possibilité de mener des contrôles supplémentaires. Il est en attente d'une réponse, alors que le Tour de France s'amorcera le 3 juillet, à Rotterdam.
L'an dernier, l'AFLD avait critiqué la manière de procéder de l'UCI lors des contrôles antidopage, la jugeant laxiste par rapport au protocole établi.
«Il faut les garanties de respect d'un contrat préparé à l'avance, a indiqué Bordry. On en avait mis un en place, mais tous les jours il y a eu des problèmes, signalés par les médecins assermentés ayant l'obligation de rendre des comptes quand quelque chose ne va pas. Et (Pat) McQuaid (le président de l'UCI) n'accepte pas ça.»
Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé et des Sports, a apporté son soutien à Bordry et critiqué l'UCI sans la nommer, au terme d'une visite à ce colloque où elle a félicité les différents acteurs français en matière de lutte contre le dopage.
«Un certain nombre de conduites dérivantes ont été observées lors du dernier Tour de France. Il convient de rappeler l'ensemble des acteurs du Tour de France au respect des procédures du contrôle antidopage, a-t-elle déclaré. Le président de l'AFLD le fait, la ministre de la Santé le fait. Pierre Bordry m'a toujours trouvée à ses côtes dans cette lutte contre le dopage.»
L'AFLD s'était aussi étonnée du refus de l'UCI de lui communiquer le contenu des passeports biologiques de chaque coureur, qui permettent de déceler des profils suspects. Bordry confie aujourd'hui qu'il doute de l'efficacité de ce passeport _ créé par l'UCI en 2008 _ en matière de lutte contre le dopage.
«Je ne sais pas si le passeport biologique sert à quelque chose», dit-il. «Bernhard Kohl (le coureur autrichien dopé repenti) nous a expliqué qu'il était capable de s'adapter au profil sanguin du passeport biologique. On a besoin de données biologiques dans le profil sanguin qui soient complètement neutres et qu'il ait été réalisé de façon complètement transparente. Nous en avons besoin non pas pour sanctionner, mais pour faire du ciblage, comme en 2008.»
L'AFLD avait mené seule les contrôles sur le Tour il y a deux ans, ayant reçu délégation de la Fédération française de cyclisme car le Tour n'était pas organisé sous l'égide de l'UCI cette année là en raison d'un différend avec ses organisateurs.
L'AFLD sait pouvoir compter sur ses propres informations en matière de lutte contre le dopage sans souffrir de la rétention d'information appliquée par l'UCI à son égard. «La nouveauté, ce sont les informations provenant des agences nationales sur la localisation de leurs coureurs», a révélé Bordry, alors que l'AFLD dispose des pleins pouvoirs pour contrôler des coureurs de toute nationalité qui s'entraînent sur le territoire français.
Il explique que le collaboration est excellente avec de nombreuses agences, dont l'agence américaine.
«L'agence américaine nous a donné des informations sur les coureurs américains qui s'entraînent sur le territoire français et nous a donné un ordre de mission pour aller contrôler ces sportifs», explique Bordry.
Lance Armstrong, qui visera en juillet un huitième succès dans la Grande Boucle, a ainsi récemment été contrôlé à Saint-Jean-Cap-Ferrat avant sa participation au Tour du Luxembourg. «Ca s'est très bien passé», a souligné Bordry. L'an dernier, Armstrong avait été stigmatisé pour avoir fait patienter vingt minutes des contrôleurs antidopage débarqués à l'improviste, en prétextant la nécessité de prendre une douche après son entraînement.
«Personne n'est indésirable sur le Tour de France», a souligné Roselyne Bachelot à propos d'Armstrong, accusé récemment de dopage par Floyd Landis, vainqueur déchu de la Grande Boucle en 2006 pour usage de produits interdits. «Je ne fais pas de procès a priori sur des accusations verbales, a déclaré la ministre. Si Lance Armstrong se présente au départ du Tour, ce qui n'est pas encore certain, il devra observer les procédures des contrôles antidopage qui sont la règle en la matière.»
Bordry, dont l'agence est partie civile dans plusieurs affaires de dopage, a désormais le cyclisme dans le collimateur. Des coureurs dopés ont été pris avec des protocoles indiquant qu'ils faisaient partie de réseaux structurés. «Le plus grand nombre d'affaires judiciaires en cours concerne les cyclistes. C'est qu'il y a un problème», souligne le président de l'AFLD.
Enfin, Bordry veut faire appliquer son droit de regard sur le Tour de France.
«Je m'interroge sur le fait qu'une fédération internationale utilise des voies publiques françaises privatisées et qu'on n'ait pas d'information et de possibilité d'action. Pourquoi ne pas laisser le champ libre à une fédération internationale, mais il faut qu'elle soit transparente et qu'elle donne des garanties.»
«Le risque, c'est que les contrôles ne soient pas crédibles», a déclaré jeudi son président Pierre Bordry à l'occasion d'un colloque scientifique à Paris sur les avancées de la lutte contre le dopage.
L'UCI ne souhaitant pas que l'AFLD intervienne sur la prochaine Grande Boucle, Pierre Bordry a donc demandé à l'Agence mondiale antidopage la possibilité de mener des contrôles supplémentaires. Il est en attente d'une réponse, alors que le Tour de France s'amorcera le 3 juillet, à Rotterdam.
L'an dernier, l'AFLD avait critiqué la manière de procéder de l'UCI lors des contrôles antidopage, la jugeant laxiste par rapport au protocole établi.
«Il faut les garanties de respect d'un contrat préparé à l'avance, a indiqué Bordry. On en avait mis un en place, mais tous les jours il y a eu des problèmes, signalés par les médecins assermentés ayant l'obligation de rendre des comptes quand quelque chose ne va pas. Et (Pat) McQuaid (le président de l'UCI) n'accepte pas ça.»
Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé et des Sports, a apporté son soutien à Bordry et critiqué l'UCI sans la nommer, au terme d'une visite à ce colloque où elle a félicité les différents acteurs français en matière de lutte contre le dopage.
«Un certain nombre de conduites dérivantes ont été observées lors du dernier Tour de France. Il convient de rappeler l'ensemble des acteurs du Tour de France au respect des procédures du contrôle antidopage, a-t-elle déclaré. Le président de l'AFLD le fait, la ministre de la Santé le fait. Pierre Bordry m'a toujours trouvée à ses côtes dans cette lutte contre le dopage.»
L'AFLD s'était aussi étonnée du refus de l'UCI de lui communiquer le contenu des passeports biologiques de chaque coureur, qui permettent de déceler des profils suspects. Bordry confie aujourd'hui qu'il doute de l'efficacité de ce passeport _ créé par l'UCI en 2008 _ en matière de lutte contre le dopage.
«Je ne sais pas si le passeport biologique sert à quelque chose», dit-il. «Bernhard Kohl (le coureur autrichien dopé repenti) nous a expliqué qu'il était capable de s'adapter au profil sanguin du passeport biologique. On a besoin de données biologiques dans le profil sanguin qui soient complètement neutres et qu'il ait été réalisé de façon complètement transparente. Nous en avons besoin non pas pour sanctionner, mais pour faire du ciblage, comme en 2008.»
L'AFLD avait mené seule les contrôles sur le Tour il y a deux ans, ayant reçu délégation de la Fédération française de cyclisme car le Tour n'était pas organisé sous l'égide de l'UCI cette année là en raison d'un différend avec ses organisateurs.
L'AFLD sait pouvoir compter sur ses propres informations en matière de lutte contre le dopage sans souffrir de la rétention d'information appliquée par l'UCI à son égard. «La nouveauté, ce sont les informations provenant des agences nationales sur la localisation de leurs coureurs», a révélé Bordry, alors que l'AFLD dispose des pleins pouvoirs pour contrôler des coureurs de toute nationalité qui s'entraînent sur le territoire français.
Il explique que le collaboration est excellente avec de nombreuses agences, dont l'agence américaine.
«L'agence américaine nous a donné des informations sur les coureurs américains qui s'entraînent sur le territoire français et nous a donné un ordre de mission pour aller contrôler ces sportifs», explique Bordry.
Lance Armstrong, qui visera en juillet un huitième succès dans la Grande Boucle, a ainsi récemment été contrôlé à Saint-Jean-Cap-Ferrat avant sa participation au Tour du Luxembourg. «Ca s'est très bien passé», a souligné Bordry. L'an dernier, Armstrong avait été stigmatisé pour avoir fait patienter vingt minutes des contrôleurs antidopage débarqués à l'improviste, en prétextant la nécessité de prendre une douche après son entraînement.
«Personne n'est indésirable sur le Tour de France», a souligné Roselyne Bachelot à propos d'Armstrong, accusé récemment de dopage par Floyd Landis, vainqueur déchu de la Grande Boucle en 2006 pour usage de produits interdits. «Je ne fais pas de procès a priori sur des accusations verbales, a déclaré la ministre. Si Lance Armstrong se présente au départ du Tour, ce qui n'est pas encore certain, il devra observer les procédures des contrôles antidopage qui sont la règle en la matière.»
Bordry, dont l'agence est partie civile dans plusieurs affaires de dopage, a désormais le cyclisme dans le collimateur. Des coureurs dopés ont été pris avec des protocoles indiquant qu'ils faisaient partie de réseaux structurés. «Le plus grand nombre d'affaires judiciaires en cours concerne les cyclistes. C'est qu'il y a un problème», souligne le président de l'AFLD.
Enfin, Bordry veut faire appliquer son droit de regard sur le Tour de France.
«Je m'interroge sur le fait qu'une fédération internationale utilise des voies publiques françaises privatisées et qu'on n'ait pas d'information et de possibilité d'action. Pourquoi ne pas laisser le champ libre à une fédération internationale, mais il faut qu'elle soit transparente et qu'elle donne des garanties.»