PARIS (AFP) - Paris-Nice donne dimanche le coup d'envoi du nouveau circuit ProTour qui regroupe les 20 premières équipes cyclistes mondiales au départ des principales courses du calendrier.

Pour ce démarrage qui bénéficie de la présence du coureur emblématique de son époque, l'Américain Lance Armstrong, l'Union cycliste internationale (UCI) estime avoir atteint l'essentiel. Le projet voulu par son président Hein Verbruggen a pris corps malgré les réticences, voire l'opposition, des grands organisateurs, notamment ASO (Tour de France, Paris-Nice, etc).

Les équipes liées pour la plupart par un engagement de 4 années ont investi. Elles ont recruté pour atteindre un effectif de 25 à 28 coureurs et répondre présent sur la totalité de la saison, entre autres les trois grands tours (Italie, France, Espagne) qui se disputent sur 21 jours de course. En échange du privilège d'une qualification d'office, elles ont en effet l'obligation de participer à toutes les épreuves.

Ce resserrement de l'élite s'accompagne d'un système fermé, type "franchises" à la mode du sport professionnel nord-américain (basket NBA, hockey LNH, football NFL), auquel s'opposent les organisateurs des trois grands tours. Mais le conflit ouvert en septembre dernier a trouvé une solution transitoire pour 2005, "a minima" selon l'expression d'ASO et de son président Patrice Clerc.

Les épreuves des trois opposants, responsables également de la plupart des grandes classiques, figurent au calendrier du ProTour et accueillent les 20 équipes du circuit. Si le litige perdure -pour cette raison, le règlement du ProTour n'a toujours pas été publié !-, la compétition n'en est pas réellement affectée et un consensus entre les groupes sportifs semble même avoir été trouvé sur le sujet brûlant du dopage par la signature en décembre dernier d'un code de bonne conduite.

Basé sur l'histoire

Avec Paris-Nice commence l'an 1 d'une compétition qui donnera lieu à un classement général censé désigner le meilleur coureur (et la meilleure équipe) de la saison. A l'exemple du défunt Trophée Superprestige Pernod, qui fit office d'officieux championnat du monde par points jusqu'aux années 1980.

"Le ProTour est légitime, il se base sur l'histoire du cyclisme", insiste Roger Legeay (Crédit Agricole), chaud partisan comme bon nombre de ses collègues du nouveau circuit qu'il estime "évolutif". Les coureurs, par la voix de leur association (CPA), se sont prononcés eux aussi en sa faveur et Armstrong s'est montré lui-même très chaleureux envers le nouveau système.

Il reste au ProTour, qui a envoyé au cimetière la Coupe du monde après seize ans d'existence, à passer l'examen sur le terrain, à répondre par l'affirmative à maintes questions.

Rendra-t-il le cyclisme plus attractif pour le public, comme le souhaite l'UCI ? Intéressera-t-il durablement les investisseurs, jusqu'à présent surtout axés vers la participation au Tour de France ? Contribuera-t-il à avancer dans la lutte contre le dopage qui demeure le problème numéro un de ce sport pour retrouver sa crédibilité ? Parviendra-t-il à laisser un espace suffisant aux catégories (épreuves, équipes) inférieures ?

Hein Verbruggen en est persuadé, lui qui a suscité et imposé cette formule avec le concours de Manolo Saiz (Liberty, président de l'association des groupes sportifs). Avant de se retirer de la présidence de l'UCI en septembre prochain, le patron du cyclisme mondial a forcé le rythme ces derniers mois pour mettre en place son bébé.