MADRID (AFP) - Course sans stars du vélo, coureurs fatigués, intérêt faible, crise des sponsors, affluence sur les bords des routes et audience télévisée en baisse: la 58e édition du Tour d'Espagne qui s'est terminée dimanche n'est pas rassurante pour l'avenir de l'épreuve.

"Personne sur le trottoir", écrivait El Pais à mi-Vuelta en constatant que la course-phare du cyclisme espagnol n'attirait pas grand-monde au bord des routes. Excepté en Andalousie, le Tour d'Espagne n'a pas fait recette auprès du public à l'image de l'arrivée à Madrid où seuls des badauds se rencontraient près de la ligne d'arrivée installée sur l'avenue Castellana. Comme si le haut des Champs-Elysées étaient désert pour l'arrivée du Tour de France...

La télévision espagnole, qui n'a pas encore dévoilé ses chiffres d'audience, a elle aussi constaté une audience en baisse, selon des sources proches de l'organisation.

Le samedi 22 septembre, la chaîne a même préféré diffuser d'autres sports (Espagne-Argentine de tennis, GP du Brésil moto) plutôt que la Vuelta où elle est pourtant maître d'oeuvre. Tout juste s'est-elle contentée des 5 derniers kilomètres de course pour satisfaire sans doute ses partenaires...

Des Pyrénées insipides

Remettra-t-elle en cause le complexe accord qui la lie à l'organisateur Unipublic qui prévoit la diffusion de la Vuelta (payante) mais aussi la diffusion de courses mineures (obligatoire) ainsi que des échanges publicitaires? Il est sans doute trop tôt pour en parler mais le millésime 2003 n'aura certainement pas été à son goût.

Unipublic, en plus, a perdu cette année son soutien principal, le géant de la téléphonie espagnole Telefonica, qui procède à des coupes claires dans ses budgets de parrainage (il s'est ainsi retiré du basket-ball et de la Formule 1). Signe des temps: trois des quatre partenaires pour les maillots étaient des institutionnels...

Le parcours insipide concocté dans les Pyrénées par les organisateurs a aussi mis en exergue le peu d'intérêt sportif de la course mais comme le souligne l'ancien champion Miguel Indurain: "On ne peut pas programmer des grandes difficultés en septembre. Les coureurs sont fatigués."

Petacchi ira ailleurs

Septembre, c'est précisément sans doute le grand problème du Tour d'Espagne. Déprogrammée en 1995 de la période avril-mai pour être inscrite en septembre, en contrepartie d'avantages notables (durée allongée, dotation en points égale à celle du Giro et au Tour de France), la Vuelta est devenue un grand tour au rabais.

Si quelques coureurs recalés du Giro et du Tour sont venus certaines fois en Espagne, force est de constater que le rendez-vous n'attire plus les grands leaders. En 2003, aucun des 6 premiers classés du Tour de France et du Giro n'a fait le déplacement.

Au mieux, quelques coureurs de renom disputent la Vuelta pour préparer les championnats du monde tels le Britannique David Millar cette année, l'Allemand Jan Ullrich par le passé.

L'affaire "Cipollini", le champion du monde italien venu parcourir 28 kilomères en tout et pour tout pour permettre à son équipe de concourir, est exemplaire. Encore la Vuelta a-t-elle eu la chance d'accueillir cette fois Alessandro Petacchi, le meilleur sprinteur de la saison venu battre le record du nombre de victoires d'étapes la même année dans les grands tours.

Poli, Petacchi a toutefois prévenu: "L'année prochaine, je ne participerai qu'à deux grands tours". Comme Petacchi est Italien et qu'il ira au Tour de France, il est facile de deviner le nom de l'épreuve qu'il a rayé de son calendrier 2004.