BRUXELLES (AFP) - Plusieurs affaires de dopage qui ont récemment secoué le milieu cycliste belge tendent à démontrer que sept ans après le choc provoqué par l'affaire Festina lors du Tour de France 1998, l'erythropoïétine (EPO) demeure un produit "vedette" toujours utilisé pas les coureurs.

Ces derniers mois et au début de cette année (Ben Berden, le numéro 3 mondial de cyclo-cross, a admis la semaine passée s'être dopé à l'EPO), huit cyclistes belges ont été au centre d'affaires dont l'EPO (ou l'Aranesp, sa version moderne) est le fil conducteur.

Parmi eux, quelques stars comme Johan Museeuw (champion du monde sur route en 1996), Mario De Clercq (triple champion du monde de cyclo-cross), Filip Meirhaeghe (champion du monde de VTT en 2003) ou encore Frank Vandenbroucke, ancien vainqueur de Liège-Bastogne-Liège.

La situation en Belgique est telle qu'elle est qualifiée de "dramatique" par le médecin Renno Roelandt, membre éminent du Comité olympique belge (COIB) et de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

"Il y a trop de cas de dopage liés à l'EPO. Sans compter ceux qui ne sont pas pris", note le Dr. Roelandt, pour qui "les +qualités+ de l'EPO sont telles que malgré les risques liés à sa détection, les coureurs continuent à en faire usage".

Interrogé vendredi par l'AFP, Renno Roelandt pointe du doigt la "forte culture du dopage" qui frappe le cyclisme. Le médecin anversois se dit "convaincu que certains coureurs sont conseillés par des experts et savent exactement quelle quantité d'EPO ils peuvent prendre et à quels intervalles afin de limiter au maximum les risques d'être contrôlés positifs".

"Ceux qui se font prendre sont des +amateurs+ du dopage, de simples bricoleurs", estime Roelandt.

"Pas tuer le cyclisme"

Et de citer un rapport de l'IAAF, la Fédération internationale d'athlétisme, qui précise que "le test de détection de l'EPO dans sa version actuelle ne réagit pas à de petites doses injectées quotidiennement".

Voilà qui expliquerait pourquoi certains coureurs chez qui la justice a saisi des flacons d'EPO ou d'Aranesp n'ont pourtant jamais été contrôlés positifs à l'érythropoïétine.

"Favorable à la tolérance zéro" comme son compatriote Jacques Rogge, président du CIO, Renno Roelandt plaide donc "pour un renforcement des contrôles inopinés hors compétitions" et pronostique qu'à court terme, "avec l'amélioration de l'efficacité des tests urinaires (mis en place depuis 2001), le problème de l'EPO sera sous contrôle".

"J'adore le cyclisme, je ne veux pas tuer ce sport qui n'est pas le seul à être gangrené par le dopage. Mais il faut bouger, lutter, alors que l'immobilisme ou la peur sont encore trop présents dans ce milieu", explique celui qui est aussi l'organisateur du "critérium d'après-Tour" d'Alost, une épreuve très populaire en Belgique qui réunit chaque été plusieurs dizaines de milliers de spectateurs.

En Flandre, les parraineurs s'interrogent de plus en plus sur leurs futurs investissements dans le cyclisme, même si les coureurs restent très populaires, à l'image de Johan Museeuw toujours acclamé partout où il passe malgré la suspension de deux ans que lui a infligée la Fédération belge de cyclisme fin 2004.

Cette semaine, le sponsor de l'équipe de Ben Berden (Saey-Deschacht) a décidé de quitter le cyclisme. Tandis que Karcher, le principal parraineur du Superprestige de cyclo-cross menace également de se retirer si des cas de dopage devaient encore survenir.