LUXEMBOURG (AFP) - Plusieurs dirigeants de l'équipe Telekom, la formation cycliste du coureur allemand Jan Ullrich, ont mis en doute ce week-end la volonté et la capacité du champion à reprendre la compétition au plus haut niveau après qu'il eut reconnu samedi avoir pris deux pilules qui ont abouti à un contrôle positif aux amphétamines.

"Une déclaration d'intention ne suffit pas. Si je devais citer le pourcentage de chances qu'il a de revenir, je passerais peut-être pour un pessimiste", a affirmé le directeur de la communication Juergen Kindervater depuis le Tour de France au Luxembourg.

Le responsable a ajouté qu'il n'aurait "pas de problème si Jan expliquait qu'il n'a plus envie, qu'il veut aller s'installer quelque part et vivre de ses taux d'intérêts. Il a assez d'argent."

Pourtant la veille encore, le même avait souligné que, "pour le moment ce qui compte avant tout c'est l'être humain Jan Ullrich. Il a beaucoup apporté à Deutsche Telekom. Maintenant, il faut l'aider à s'en sortir."

"Nous voulons travailler ensemble jusqu'à la fin 2003", échéance du contrat liant Ullrich, 28 ans, à Telekom, a-t-il néanmoins assuré, tout en jugeant que "le retour de Jan ne peut fonctionner que s'il procède à des changements en profondeur."

Changer de comportement

Par exemple ses fréquentations, souligne le directeur sportif de l'équipe Telekom Rudy Pevenage qui observe comment "depuis deux-trois mois, Jan est toujours avec les mêmes amis": ils étaient là en mai quand Ullrich s'est vu retirer son permis de conduire pour avoir provoqué un accident en état d'ébriété, le tout aggravé d'un délit de fuite, et récemment dans la boîte de nuit où Ullrich a admis avoir pris deux pilules. "Il doit couper les ponts", a réclamé Pevenage.

"On peut se demander s'il va réussir à rassembler la force et la concentration nécessaires pour s'en sortir", a pour sa part souligné le ministre allemand de la Défense Rudolf Scharping, grand fan de Telekom.

Pour Rolf Aldag, ancien co-équipier du seul vainqueur allemand du Tour de France en 97, le sportif "n'a pas besoin d'entraîneur, ni de médecin, ni de cuisinier pour faire son come-back. Il a juste besoin de sa volonté de 1997".

"Son comportement n'est ni excusable par l'alcool, ni par la frustration. Jan doit être conscient des suites et des risques que cela représente pour l'ensemble de l'équipe", a-t-il lancé depuis le Tour de France.

En 1997, lors de sa victoire dans la Grande Boucle, Ullrich avait connu une terrible défaillance lors d'une des étapes finales, mais un autre de ses co-équipiers, Udo Boelts, l'avait alors poussé à puiser dans ses dernières forces en lui lançant: "Bon-sang, fais toi donc mal salopard."

"revenir au plus haut"

Samedi, lors d'une conférence de presse à Francfort, Ullrich avait confié avoir cédé à la déprime: ne voyant pas sa santé s'améliorer comme il le souhaitait, il avait eu envie de "quitter ses quatre murs" et avait absorbé les pilules interdites. Mais, a-t-il affirmé "maintenant que je suis au plus bas, je peux revenir au plus haut."

Le médecin d'Ullrich lors de sa cure de rééducation à Bad Wiessee (Bavière, sud) après son opération à un genou, Hubert Hoerterer, avait averti le champion olympique sur routes qu'il allait devoir être patient avant le rétablissement complet de son genou.

Pour le moment, Ullrich a été mis en congé par l'équipe Telekom, et est sous le coup d'une information judiciaire du parquet de Munich pour infraction à la législation sur les stupéfiants et risque de la part de la Fédération allemande de cyclisme (BDR) une suspension de toute compétition de six à douze mois.