PARIS, (AFP) - La justice française a bloqué toute destruction des échantillons d'urine congelés prélevés lors du dernier Tour de France cycliste, a annoncé samedi matin la ministre de la Jeunesse et des Sports, Marie-George Buffet.

"La justice a saisi les prélèvements liés à l'affaire de l'US Postal et mis les scellés sur les autres", a précisé la ministre lors d'un point de presse au Sénat. Ces opérations ont été effectuées sur commission rogatoire de Mlle Sophie-Hélène Chateau, juge d'instruction à Paris.

Cette décision interdit désormais toute destruction des prélèvements effectués en juillet lors du Tour de France 2000, comme le réclamait l'Union cycliste internationale (UCI), dans une lettre au ministère français de la Jeunesse et des Sports.

L'UCI rappelait que le test de dépistage n'avait toujours pas été officiellement validé et ne le serait pas, au mieux, avant plusieurs mois. Dans ces conditions, elle considérait que ces échantillons peuvent avoir été altérés par leur longue congélation et que leur analyse ne saurait déboucher sur un résultat fiable.

Pour Mme Buffet, la justice tient son rôle dans "la recherche des pourvoyeurs de dopage et doit poursuivre ses investigations dans ce sens".

Les instances sportives, a-t-elle poursuivi, s'en tiennent "aux sanctions sportives pour la prise de produits par les sportifs".

L'affaire US Postal

L'équipe américaine US Postal du dernier vainqueur du Tour, Lance Armstrong, fait l'objet depuis le 22 novembre dernier d'une information judiciaire pour "infraction à la loi relative à la prévention de l'usage de produits dopants, incitation à l'usage de produits dopants et infraction à la législation sur les substances vénéneuses".

Une lettre anonyme dactylographiée avait attiré l'attention du procureur de la République de Paris, Jean-Pierre Dintilhac, sur une enquête menée par des journalistes de la rédaction de la chaîne publique de télévision France 3.

Ces derniers avaient en effet surpris, lors du dernier Tour de France, le 18 juillet dans les Alpes, les occupants d'une voiture en train de ramasser des sacs en plastique provenant du périmètre réservé à l'équipe américaine avant de s'en débarrasser plus tard à l'abri de regards indiscrets.

Les premières analyses du contenu des sacs n'ont pas permis de trouver des "produits dopants purs et durs comme l'EPO, mais des produits laissant supposer qu'il aurait pu y avoir dopage", comme l'Actovegin, un produit fabriqué par le laboratoire norvégien Nycomed et constitué d'extraits de sang de veau.

L'Actovegin ne figure pas sur la liste des produits interdits. Mais les enquêteurs estiment que, par son action fluidifiante, il peut être administré avec des produits dopants, comme l'EPO, qui épaissit le sang.