Lance Armstrong, champion dépouillé
Cyclisme lundi, 22 oct. 2012. 07:08 vendredi, 13 déc. 2024. 18:45
GENÈVE - Sept ans après le septième défilé en jaune de Lance Armstrong sur les Champs-Elysées, le cyclisme a déboulonné lundi de son piédestal l'ex-roi du Tour de France, qui se faisait très discret.
Cette fois, le dossier Armstrong est quasiment classé, pour le volet sportif tout au moins. Désireuse de tourner la page de ces sombres années, l'Union cycliste internationale (UCI) a ratifié les sanctions de l'Agence antidopage américaine (Usada), qui avait effacé tous les résultats du Texan depuis le 1er août 1998, dont ses sept victoires sur la Grand Boucle entre 1999 et 2005.
« Lance Armstrong n'a pas de place dans le cyclisme », a martelé le président de l'UCI, Pat McQuaid, lors d'une conférence de presse à Genève. « Nous sommes allés trop loin dans la lutte antidopage pour revenir en arrière. »
Tant pis si l'Usada n'est pas tendre dans son rapport avec l'instance dirigeante du cyclisme mondial, accusée d'avoir été complaisante, voire d'avoir couvert le Texan lors de son règne sur le peloton, ce que le patron de l'UCI « nie formellement ». Et tant pis si le Code mondial antidopage fixe à huit ans le délai de prescription pour une infraction antidopage.
Lance Armstrong, qui bénéficiait d'un réseau de dopage « extrêmement sophistiqué » avec l'aide du « docteur » italien Michele Ferrari et du directeur sportif belge Johan Bruyneel, a écrit sa légende de survivant du cancer devenu champion de vélo à coups d'EPO, de transfusions sanguines et de testostérone, n'hésitant pas à intimider ses équipiers pour servir ses ambitions.
« Plus grand scandale de dopage de l'histoire du sport »
Onze heures après la décision, l'Américain n'avait pas encore réagi, même par Twitter, dont il est un adepte, et ses représentants restaient coi.
Armstrong a la possibilité de faire appel auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) mais cela semble peu probable car après avoir tenté d'enrayer l'enquête de l'Usada devant la justice cet été, clamant son droit à un procès équitable, il avait jeté l'éponge au niveau procédural le 23 août.
L'Agence mondiale antidopage (AMA), qui a aussi une possibilité d'appel devant le TAS, s'est félicitée du fait que « le plus grand scandale de dopage de l'histoire du sport est proche de trouver une issue convenable ».
Le héros américain n'est plus qu'un mythe en miettes, dont le palmarès se résume désormais en gros à un titre de champion du monde en 1993, deux victoires dans des classiques et une 36e place au Tour de France en 1995...
Roi déchu, Lance Armstrong risque surtout désormais de se retrouver un roi nu. Déjà six de ses sponsors, dont son équipementier Nike, l'ont abandonné et il a dû lâcher la présidence de sa fondation Livestrong contre le cancer.
Des poursuites pour parjure pourraient le conduire devant les tribunaux pour avoir nié s'être dopé lors d'une déposition sous serment en 2005. Aux États-Unis, le parjure est une infraction lourdement sanctionnée au niveau pénal, si elle est avérée.
Armstrong pourrait aussi se retrouver devant des tribunaux civils face notamment à SCA Promotions, une société qui avait été contrainte de lui verser 7,5 millions de dollars en 2006 à la suite d'un litige contractuel sur une prime de résultat. La société d'assurances a dit envisager « toutes les voies légales » pour obtenir un remboursement des sommes versées à Armstrong.
« Quand ils se plantaient des aiguilles »
La Fédération française de cyclisme (FFC) a elle de nouveau demandé le remboursement des prix gagnés par l'Américain (environ 3 millions d'euros).
Le cyclisme, qui ces dernières années s'est évertué à prendre les grands moyens pour faire le nettoyage dans le peloton, investissant des millions dans les contrôles antidopage et la mise en place d'un passeport biologique pour mieux scruter les coureurs via leurs globules, voit ses efforts ternis pas la passivité dont elle a fait preuve vis-à-vis du héros au regard d'acier.
« C'est la plus grave crise à laquelle le cyclisme a dû faire face », a reconnu Pat McQuaid. « C'est une crise mondiale, l'aura d'Armstrong touche tout le monde », a estimé le directeur du Tour de France Christian Prudhomme.
Si certains ont déjà crié « démission », tel l'Espagnol Oscar Pereiro, vainqueur du Tour 2006 sur tapis vert, Pat McQuaid n'a nullement l'intention de quitter son fauteuil, pas plus que de demander à son controversé prédécesseur, Hein Verbruggen, ami d'Armstrong et toujours président d'honneur, de le faire.
« M. Verbruggen n'a pas tenu la main la main des coureurs de l'US Postal quand ils se plantaient des aiguilles », a dit M. McQuaid à l'AFP.
Si Armstrong n'a pas gagné le Tour de France de 1999 à 2005, qui doit être déclaré vainqueur ?
L'UCI décidera vendredi si les victoires doivent être réattribués, comme ce fut le cas en 2006 avec Pereiro et en 2010 avec Andy Schleck après les déclassements respectifs de Floyd Landis et d'Alberto Contador pour dopage.
Le Tour de France s'est dit en faveur d'un palmarès vierge, comme Schleck, qui a appelé le cyclisme à « tirer une ligne » et « recommencer à zéro ».
D'anciens coureurs récupèrent leurs records
L'annulation des sept victoires d'Armstrong a aussi pour conséquence de rendre à Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain, quintuples vainqueurs, le record de succès dans la Grande Boucle.
Récapitulatif de leurs victoires sur le Tour:
Jacques Anquetil (FRA): 1957, 1961, 1962, 1963, 1964
Eddy Merckx (BEL): 1969, 1970, 1971, 1972, 1974
Bernard Hinault (FRA): 1978, 1979, 1981, 1982, 1985
Miguel Indurain (ESP): 1991, 1992, 1993, 1994, 1995
Cette fois, le dossier Armstrong est quasiment classé, pour le volet sportif tout au moins. Désireuse de tourner la page de ces sombres années, l'Union cycliste internationale (UCI) a ratifié les sanctions de l'Agence antidopage américaine (Usada), qui avait effacé tous les résultats du Texan depuis le 1er août 1998, dont ses sept victoires sur la Grand Boucle entre 1999 et 2005.
« Lance Armstrong n'a pas de place dans le cyclisme », a martelé le président de l'UCI, Pat McQuaid, lors d'une conférence de presse à Genève. « Nous sommes allés trop loin dans la lutte antidopage pour revenir en arrière. »
Tant pis si l'Usada n'est pas tendre dans son rapport avec l'instance dirigeante du cyclisme mondial, accusée d'avoir été complaisante, voire d'avoir couvert le Texan lors de son règne sur le peloton, ce que le patron de l'UCI « nie formellement ». Et tant pis si le Code mondial antidopage fixe à huit ans le délai de prescription pour une infraction antidopage.
Lance Armstrong, qui bénéficiait d'un réseau de dopage « extrêmement sophistiqué » avec l'aide du « docteur » italien Michele Ferrari et du directeur sportif belge Johan Bruyneel, a écrit sa légende de survivant du cancer devenu champion de vélo à coups d'EPO, de transfusions sanguines et de testostérone, n'hésitant pas à intimider ses équipiers pour servir ses ambitions.
« Plus grand scandale de dopage de l'histoire du sport »
Onze heures après la décision, l'Américain n'avait pas encore réagi, même par Twitter, dont il est un adepte, et ses représentants restaient coi.
Armstrong a la possibilité de faire appel auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) mais cela semble peu probable car après avoir tenté d'enrayer l'enquête de l'Usada devant la justice cet été, clamant son droit à un procès équitable, il avait jeté l'éponge au niveau procédural le 23 août.
L'Agence mondiale antidopage (AMA), qui a aussi une possibilité d'appel devant le TAS, s'est félicitée du fait que « le plus grand scandale de dopage de l'histoire du sport est proche de trouver une issue convenable ».
Le héros américain n'est plus qu'un mythe en miettes, dont le palmarès se résume désormais en gros à un titre de champion du monde en 1993, deux victoires dans des classiques et une 36e place au Tour de France en 1995...
Roi déchu, Lance Armstrong risque surtout désormais de se retrouver un roi nu. Déjà six de ses sponsors, dont son équipementier Nike, l'ont abandonné et il a dû lâcher la présidence de sa fondation Livestrong contre le cancer.
Des poursuites pour parjure pourraient le conduire devant les tribunaux pour avoir nié s'être dopé lors d'une déposition sous serment en 2005. Aux États-Unis, le parjure est une infraction lourdement sanctionnée au niveau pénal, si elle est avérée.
Armstrong pourrait aussi se retrouver devant des tribunaux civils face notamment à SCA Promotions, une société qui avait été contrainte de lui verser 7,5 millions de dollars en 2006 à la suite d'un litige contractuel sur une prime de résultat. La société d'assurances a dit envisager « toutes les voies légales » pour obtenir un remboursement des sommes versées à Armstrong.
« Quand ils se plantaient des aiguilles »
La Fédération française de cyclisme (FFC) a elle de nouveau demandé le remboursement des prix gagnés par l'Américain (environ 3 millions d'euros).
Le cyclisme, qui ces dernières années s'est évertué à prendre les grands moyens pour faire le nettoyage dans le peloton, investissant des millions dans les contrôles antidopage et la mise en place d'un passeport biologique pour mieux scruter les coureurs via leurs globules, voit ses efforts ternis pas la passivité dont elle a fait preuve vis-à-vis du héros au regard d'acier.
« C'est la plus grave crise à laquelle le cyclisme a dû faire face », a reconnu Pat McQuaid. « C'est une crise mondiale, l'aura d'Armstrong touche tout le monde », a estimé le directeur du Tour de France Christian Prudhomme.
Si certains ont déjà crié « démission », tel l'Espagnol Oscar Pereiro, vainqueur du Tour 2006 sur tapis vert, Pat McQuaid n'a nullement l'intention de quitter son fauteuil, pas plus que de demander à son controversé prédécesseur, Hein Verbruggen, ami d'Armstrong et toujours président d'honneur, de le faire.
« M. Verbruggen n'a pas tenu la main la main des coureurs de l'US Postal quand ils se plantaient des aiguilles », a dit M. McQuaid à l'AFP.
Si Armstrong n'a pas gagné le Tour de France de 1999 à 2005, qui doit être déclaré vainqueur ?
L'UCI décidera vendredi si les victoires doivent être réattribués, comme ce fut le cas en 2006 avec Pereiro et en 2010 avec Andy Schleck après les déclassements respectifs de Floyd Landis et d'Alberto Contador pour dopage.
Le Tour de France s'est dit en faveur d'un palmarès vierge, comme Schleck, qui a appelé le cyclisme à « tirer une ligne » et « recommencer à zéro ».
D'anciens coureurs récupèrent leurs records
L'annulation des sept victoires d'Armstrong a aussi pour conséquence de rendre à Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain, quintuples vainqueurs, le record de succès dans la Grande Boucle.
Récapitulatif de leurs victoires sur le Tour:
Jacques Anquetil (FRA): 1957, 1961, 1962, 1963, 1964
Eddy Merckx (BEL): 1969, 1970, 1971, 1972, 1974
Bernard Hinault (FRA): 1978, 1979, 1981, 1982, 1985
Miguel Indurain (ESP): 1991, 1992, 1993, 1994, 1995