Lance Armstrong: un pari et des dangers
Cyclisme vendredi, 2 juil. 2004. 12:18 vendredi, 13 déc. 2024. 20:52
LIEGE (AFP) - Les dangers se précisent pour l'Américain Lance Armstrong, candidat au record de six victoires dans le Tour de France cycliste qui aborde son deuxième siècle d'existence, samedi, à Liège, dans un climat encore troublé après plusieurs affaires de dopage.
S'il a entendu les déclarations d'intention de ses adversaires, Armstrong a pu en tirer d'évidentes conclusions. Pour avoir donné des signes de faiblesse dans le Tour du Centenaire (2003), lors de sa cinquième victoire en cinq ans, le Texan a perdu (provisoirement ?) son pouvoir d'intimidation. Les écarts se sont resserrés et les appétits ont grandi en proportion.
"Je suis venu pour gagner". A quelques minutes d'intervalle, l'Allemand Jan Ullrich et l'Américain Tyler Hamilton ont tenu à Liège le même discours, sans égard particulier pour le quintuple vainqueur du Tour. Sont-ils décomplexés ? Les deux hommes, deux rouleurs qui se révèlent efficaces également en montagne, mènent l'opposition à Armstrong avant l'entame des 3391 kilomètres de la 91e édition.
Des genêts de Bretagne aux montagnes des Alpes, la course a été dessinée pour ménager le plus longtemps possible le suspense, avant l'arrivée sur les Champs-Elysées le 25 juillet. Les plus grosses difficultés sont concentrées dans la dernière semaine avec, pour trouvaille inédite et spectaculaire, le contre-la-montre en côte de l'Alpe d'Huez, qui est suivi de la grande étape alpestre à trois jours de la conclusion.
Opposition renforcée
Dans ce Tour qui minore la part des contre-la-montre individuels (76,6 km au total) par rapport aux années passées et réduit l'impact chronométrique du contre-la-montre par équipes, les organisateurs ont cherché d'autres terrains, en moyenne montagne principalement. Avant les Pyrénées, le Massif Central offre un parcours favorable en théorie aux attaquants. Il complique la donne tactique habituelle.
A cet égard, l'absence du Kazakh Alexandre Vinokourov (blessé), un vrai tempérament d'attaquant celui-là (3e du Tour 2003), prive Ullrich d'un soutien précieux et d'une alternative intéressante. Le seul coureur allemand vainqueur du Tour (1997), un surdoué qui atteint le cap de la trentaine, devra jouer fin pour mettre fin à sa série de cinq deuxièmes places.
"Dans le Tour, chaque seconde compte", a insisté Hamilton, aussi soucieux du détail que son ancien chef de file (Armstrong). Le constat vaut encore plus dans une course qui a réduit sensiblement l'importance des grands cols au profit d'un terrain piégeur, notamment dans les Pyrénées, après la très longue partie inaugurale dans la plaine offerte aux nombreux sprinteurs (Petacchi, McEwen, Boonen, Cipollini, Cooke, Zabel, Hushovd, J.-P. Nazon, etc.).
Les grimpeurs espagnols, Roberto Hermas et Iban Mayo en tête, doivent prendre en compte ce parcours innovant. Le premier, un autre ancien lieutenant d'Armstrong, a renforcé l'opposition. Le second, dont l'équipe a été affaibli numériquement par l'interdiction de départ qui a frappé l'un des siens, a été désigné favori (pour le chrono de l'Alpe d'Huez) par le champion américain qui se méfie aussi de l'Italien Ivan Basso, annoncé en progrès par son directeur sportif Bjarne Riis.
Au pied de l'Everest
"Je suis prêt", annonce Armstrong désormais au pied de son Everest. En cent ans, aucun autre champion n'a dépassé le record des cinq victoires qu'il partage avec quatre phénomènes du passé, Jacques Anquetil, le Belge Eddy Merckx, Bernard Hinault et l'Espagnol Miguel Indurain.
Le Texan, chahuté au récent Dauphiné qu'il n'a pas remporté contrairement aux deux années précédentes, garde de nombreux atouts. Par-dessus tout, la force mentale mise en exergue dans la montée de Luz-Ardiden l'année passée quand il avait renversé à son profit une situation apparemment compromise.
Guetté par l'usure du pouvoir (il fêtera son 33e anniversaire en septembre), Armstrong est confronté à la suspicion qui accompagne le plus souvent le cyclisme depuis le scandale Festina du Tour 1998. Un livre récent a mis en doute l'authenticité de ses performances. Armstrong, qui a porté plainte pour diffamation, s'est retrouvé inévitablement exposé.
Pour la star américaine, le pari est immense. A une hauteur moindre, toutefois, que le défi auquel est confronté son sport (pourtant à la pointe de la lutte antidopage), afin de retrouver l'entière crédibilité de ses performances dans la continuité d'un mémorable et heureusement festif Tour du Centenaire.
S'il a entendu les déclarations d'intention de ses adversaires, Armstrong a pu en tirer d'évidentes conclusions. Pour avoir donné des signes de faiblesse dans le Tour du Centenaire (2003), lors de sa cinquième victoire en cinq ans, le Texan a perdu (provisoirement ?) son pouvoir d'intimidation. Les écarts se sont resserrés et les appétits ont grandi en proportion.
"Je suis venu pour gagner". A quelques minutes d'intervalle, l'Allemand Jan Ullrich et l'Américain Tyler Hamilton ont tenu à Liège le même discours, sans égard particulier pour le quintuple vainqueur du Tour. Sont-ils décomplexés ? Les deux hommes, deux rouleurs qui se révèlent efficaces également en montagne, mènent l'opposition à Armstrong avant l'entame des 3391 kilomètres de la 91e édition.
Des genêts de Bretagne aux montagnes des Alpes, la course a été dessinée pour ménager le plus longtemps possible le suspense, avant l'arrivée sur les Champs-Elysées le 25 juillet. Les plus grosses difficultés sont concentrées dans la dernière semaine avec, pour trouvaille inédite et spectaculaire, le contre-la-montre en côte de l'Alpe d'Huez, qui est suivi de la grande étape alpestre à trois jours de la conclusion.
Opposition renforcée
Dans ce Tour qui minore la part des contre-la-montre individuels (76,6 km au total) par rapport aux années passées et réduit l'impact chronométrique du contre-la-montre par équipes, les organisateurs ont cherché d'autres terrains, en moyenne montagne principalement. Avant les Pyrénées, le Massif Central offre un parcours favorable en théorie aux attaquants. Il complique la donne tactique habituelle.
A cet égard, l'absence du Kazakh Alexandre Vinokourov (blessé), un vrai tempérament d'attaquant celui-là (3e du Tour 2003), prive Ullrich d'un soutien précieux et d'une alternative intéressante. Le seul coureur allemand vainqueur du Tour (1997), un surdoué qui atteint le cap de la trentaine, devra jouer fin pour mettre fin à sa série de cinq deuxièmes places.
"Dans le Tour, chaque seconde compte", a insisté Hamilton, aussi soucieux du détail que son ancien chef de file (Armstrong). Le constat vaut encore plus dans une course qui a réduit sensiblement l'importance des grands cols au profit d'un terrain piégeur, notamment dans les Pyrénées, après la très longue partie inaugurale dans la plaine offerte aux nombreux sprinteurs (Petacchi, McEwen, Boonen, Cipollini, Cooke, Zabel, Hushovd, J.-P. Nazon, etc.).
Les grimpeurs espagnols, Roberto Hermas et Iban Mayo en tête, doivent prendre en compte ce parcours innovant. Le premier, un autre ancien lieutenant d'Armstrong, a renforcé l'opposition. Le second, dont l'équipe a été affaibli numériquement par l'interdiction de départ qui a frappé l'un des siens, a été désigné favori (pour le chrono de l'Alpe d'Huez) par le champion américain qui se méfie aussi de l'Italien Ivan Basso, annoncé en progrès par son directeur sportif Bjarne Riis.
Au pied de l'Everest
"Je suis prêt", annonce Armstrong désormais au pied de son Everest. En cent ans, aucun autre champion n'a dépassé le record des cinq victoires qu'il partage avec quatre phénomènes du passé, Jacques Anquetil, le Belge Eddy Merckx, Bernard Hinault et l'Espagnol Miguel Indurain.
Le Texan, chahuté au récent Dauphiné qu'il n'a pas remporté contrairement aux deux années précédentes, garde de nombreux atouts. Par-dessus tout, la force mentale mise en exergue dans la montée de Luz-Ardiden l'année passée quand il avait renversé à son profit une situation apparemment compromise.
Guetté par l'usure du pouvoir (il fêtera son 33e anniversaire en septembre), Armstrong est confronté à la suspicion qui accompagne le plus souvent le cyclisme depuis le scandale Festina du Tour 1998. Un livre récent a mis en doute l'authenticité de ses performances. Armstrong, qui a porté plainte pour diffamation, s'est retrouvé inévitablement exposé.
Pour la star américaine, le pari est immense. A une hauteur moindre, toutefois, que le défi auquel est confronté son sport (pourtant à la pointe de la lutte antidopage), afin de retrouver l'entière crédibilité de ses performances dans la continuité d'un mémorable et heureusement festif Tour du Centenaire.