Le Français Laurent Fignon, qui a remporté deux fois le Tour de France et s'est incliné devant l'Américain Greg LeMond dans l'une des plus grandes courses de l'histoire de la compétition, est décédé mardi à l'âge de 50 ans, après avoir perdu son combat contre le cancer.

Le gouvernement français et la Fédération française de cyclisme (FFC) ont confirmé le décès.

Fignon avait annoncé en juin 2009 qu'il était atteint d'une forme avancée de cancer du système digestif et qu'il subissait des traitements de chimiothérapie.

Il a travaillé à titre de commentateur à la télévision pour la chaîne France 2 de 2006 jusqu'à la conclusion du Tour de France de cette année, qui s'est terminé il y a à peine un mois. Sa voix était rauque en raison de la maladie et des traitements.

La bataille de titans entre Fignon et LeMond lors du Tour de France 1989 avait produit la plus petite marge victorieuse de l'histoire de cette prestigieuse épreuve cycliste.

Pendant trois semaines, ils s'étaient échangés le maillot jaune de meneur. Finalement, lors de la dernière étape — un contre-la-montre — Fignon s'était construit une avance de 50 secondes qui semblait insurmontable.

Mais LeMond, qui portait un nouveau casque protecteur aérodynamique et disposait d'un guidon ressemblant à ceux utilisés en triathlon, a établi un tempo endiablé, le contre-la-montre le plus rapide jamais réalisé sur cette distance à cette époque. Fignon a toujours maintenu que ces modifications étaient illégales.

Fignon, qui s'était élancé en dernier, bénéficiait pour sa part d'un guidon traditionnel, sa queue de cheval flottant au vent tout au long de l'étape. Il avait donné tout ce qu'il avait en réserve, s'effondrant même au sol après avoir franchi le fil d'arrivée. Mais ce ne fut pas suffisant. LeMond avait finalement remporté le titre par huit secondes — la plus petite marge victorieuse de l'histoire.

«Le cycliste qui ne sait pas comment perdre ne peut pas devenir un champion», a écrit Fignon dans son autobiographie, «Nous étions jeunes et insouciants», parue en juin 2009. «Mais de perdre comme ça, au dernier jour, avec un si petit écart et surtout à cause d'un guidon banni selon les règles, non, c'en était trop pour un seul homme.

«J'ai compté huit secondes dans ma tête et plus je les comptais, plus je réalisais à quel point il s'agit d'une ridicule période de temps. En huit secondes, vous n'avez pas le temps d'accomplir quoi que ce soit!»

Le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, a déclaré que la défaite de Fignon en 1989 était ancrée dans la légende du cyclisme.

«Cette glorieuse défaite de 1989 est plus forte que quoi que ce soit d'autre au chapitre de l'impact média, a dit Prudhomme. Je me souviens de son regard perdu à son arrivée sur les Champs-Élysées, contrastant avec la joie indescriptible de Greg Lemond.»

Fignon a consacré le premier chapitre de son livre à cette défaite, la reconnaissant comme un moment déterminant de sa carrière, qui n'avait connu jusque-là que la gloire.

Dans son livre, Fignon a aussi admis s'être dopé, décrivant la prise de drogues dans les années 1980 comme étant généralisée, mais pas organisée, plus souvent qu'autrement des drogues récréatives plutôt que des produits dopants. La grande implication de la Colombie dans le monde du cyclisme — accompagnée de fortes quantités de cocaïne — a grandement aidé à cette culture du dopage.

Il a ajouté que le dopage dans le cyclisme a été révolutionné par l'arrivée de l'EPO, au début des années 1990. Fignon a dit avoir refusé d'en prendre et s'est retiré de la compétition en 1993, quand il a réalisé que de médiocres coureurs étaient maintenant capables de rivaliser avec lui.

«Il était un grand champion, qui a utilisé son talent et sa détermination pour remporter deux fois le Tour de France, a indiqué David Lappartient, président de la FFC. Il avait une volonté de fer et était aussi un homme très intelligent.»

Le septuple vainqueur du Tour de France, Lance Armstrong, qui a lui aussi combattu un cancer, a dit que Fignon était un «ami cher» et un «cycliste légendaire».

«Je n'oublierai jamais quand je suis devenu professionnel terrifié par ces coureurs plus âgés, au début des années 1990, à quel point Laurent représentait un visage amical, ne manquant jamais de conseils, a dit Amrstrong par communiqué. Il était spécial pour moi et pour toute la France. Laurent, tu nous manqueras.»

Grand fan de cyclisme, le président français, Nicolas Sarkozy, a dit de Fignon qu'il était «un champion incroyable et exceptionnel, qui a laissé une trace indélibile sur le Tour de France et le cyclisme français».

Laurent Fignon laisse dans le deuil sa femme, Valérie, et un garçon issu d'une première union.