NEW YORK (AFP) - Le Belge Johan Bruyneel, directeur sportif de l'équipe américaine US Postal, actuellement dans le collimateur de la justice française pour une possible affaire de dopage, défend son chef de file, l'Américain Lance Armstrong, vainqueur des deux dernières éditions du Tour de France cycliste.

"Je suis très déçu par toute la situation", a déclaré Johan Bruyneel, cité sur le site internet d'Armstrong. "Les gens ne voient pas tous les sacrifices (consentis pas Armstrong). Ils ne voient pas les longues heures passées à l'entraînement. Ils n'étaient pas là au printemps dernier lorsque Lance a grimpé le col de Hautacam deux fois dans la même journée sous une pluie glaciale. Et donc, quand il a fait l'ascension du col si vite lors du Tour, les gens ont pensé qu'il y avait quelque chose derrière tout ça".

Bruyneel a réitéré la menace, brandie par Armstrong, de faire l'impasse sur l'édition 2001 de la Grande Boucle si les soupçons de dopage collectif pesant sur son équipe ne s'estompent pas.

"On a parlé de ne pas participer au Tour parce que lorsqu'on a programmé la saison, c'était quelque chose qu'il fallait que l'on prenne en considération", a-t-il dit.

Le directeur général de l'US Postal, Mark Gorski, avait toutefois affirmé samedi qu'Armstrong serait au départ de l'édition 2001.

Changement de lieu de résidence

L'US Postal est au coeur d'une enquête judiciaire ouverte par le parquet de Paris pour infraction à la loi relative à "l'usage de produits dopants, incitation à l'usage de produits dopants et infraction à la législation sur les substances vénéneuses".

Les faits remontent au 18 juillet lors du dernier Tour de France: dans les Alpes, des journalistes de la chaîne de télévision française France 3 avaient surpris les occupants d'une voiture en train de ramasser des sacs en plastique provenant du périmètre réservé à l'équipe américaine avant de s'en débarrasser plus tard à l'abri des regards indiscrets.

Les premières analyses n'ont pas permis de trouver des "produits dopants purs et durs comme l'EPO, mais des produits laissant supposer qu'il aurait pu y avoir dopage", comme l'Actovegin, qui ne figure pas sur la liste des produits interdits. Mais le président de la commission médicale du Comité international olympique (CIO), Alexandre de Mérode, a confirmé que, par son action fluidifiante, l'Actovegin permettait une meilleure oxygénation du sang sans faire monter l'hématocrite et était donc considéré comme un produit dopant.

Bruyneel a par ailleurs confié qu'Armstrong allait probablement changer son lieu de résidence en Europe -il vivait à Nice (sud de la France) ces dernières années- dans un futur proche pour une destination encore inconnue. Les villes de Barcelone (Espagne), Genève (Suisse) ou Côme (Italie) seraient envisagées par le champion américain.

"Il va sûrement quitter Nice et je ne sais pas trop où il va s'implanter mais il y a plein de bons endroits hors de France. Ils devraient être fiers de l'avoir en France, mais il semblerait que ce ne soit pas le cas", a fait valoir Bruyneel.