PARIS (AP) - L'Américain Lance Armstrong, triple vainqueur du Tour de France, affirme dans un entretien au Figaro à paraître lundi que "le monde a changé depuis les attentats du 11 septembre" qui ont frappé les Etats-Unis. Le cycliste, qui a reçu un journaliste du quotidien chez lui à Austin, au Texas, a visiblement été marqué par les images des attaques terroristes diffusées à la télévision américaine.

"Je ne le croyais pas. Ces images resteront gravées dans ma mémoire à jamais. Aucun Américain ne les oubliera. Et qui d'ailleurs, dans le monde? (...). Mais les New-Yorkais ont montré dans ces circonstances une telle solidarité (...) qu'aujourd'hui, dans mon coeur, je suis encore plus fier d'être Américain."

Armstrong, vainqueur des trois dernières présentations de la Grande Boucle, a cependant un regard critique sur le traitement de l'information aux Etats-Unis et sur le rôle des médias dans la psychose qui a frappé son pays après les attentats.

"Je connais le comportement des médias, explique-t-il. Ce raccourci répond au désir du public qui est assoiffé d'images, demande des formules choc. Le jour du 11 septembre, par exemple, c'était 'America under attacks'. On attaquait l'Amérique tout entière! Et moi, pendant ce temps-là, je déjeunais avec Kristin (sa femme), dans un restaurant tex-mex d'Austin, sans avoir rien changé de nos habitudes."

Interrogé sur des sujets aussi divers que la paternité ou le cancer dont il a souffert, le coureur de l'US Postal répond aussi à des questions d'ordre sportif.

"Il me plaît, ce Tour, lance-t-il après avoir jeté un coup d'oeil au parcours de la prochaine Grande Boucle. Mais celui-là comme les autres. Pour moi, peu importe le parcours qui est différent chaque année. Je suis pragmatique. Les rendez-vous importants restent les mêmes: contre-la-montre, grandes étapes de montagne. Qu'est-ce qui compte? L'expérience, une condition physique optimale, une équipe de qualité, une motivation sans faille. Après, on s'adapte à la course."

Armstong, qui avait été critiqué l'an passé sur le Tour pour son comportement légèrement paranoiaque, ne regrette rien.

"Le problème de la sécurité sur le Tour est un problème qui m'inquiète. Il faut trouver des solutions pour que nous soyons mieux protégés. Cette année, je me suis entouré d'un garde du corps, j'ai vu des sourires en coin, entendu des 'bla-bla'. Je m'en fiche."

Le Texan âgé de 30 ans précise également qu'il n'a pas encore songé à son départ à la retraite, et qu'il a toujours soif de victoires.

"Je n'ai pas passé trois jours ces derniers mois sans être monté sur mon vélo. Le jour où je me demanderai ce que je fais dans une course, ce sera le commencement de la fin. J'en suis loin. J'avais même pensé arrêter en 2004: je n'en suis plus sûr. Déjà, je suis excité à l'idée de participer au Tour du centenaire en 2003!"

Enfin, concernant le dopage, Armstrong réaffirme son engagement dans la lutte contre l'EPO.

"Je suis partisan du test EPO mais, comprenez-moi, il doit être efficace à 100%. Que ce soit le test de Châtenay-Malabry ou celui préconisé par le CIO, je m'en fiche, seule compte la fiabilité du résultat."