Le passé refait surface
Tour de France mercredi, 24 juil. 2013. 08:07 jeudi, 12 déc. 2024. 02:39PARIS - Une enquête française sur le dopage dans le sport a découvert des preuves que le champion du Tour de France de 1998, Marco Pantani, et le vice-champion Jan Ullrich ont eu recours à du dopage sanguin.
À la suite d'une enquête de cinq mois, le sénat français a publié un rapport, mercredi, qui fait la démonstration des soupçons que plusieurs avaient depuis longtemps: la consommation d'EPO était répandue dans le cyclisme à la fin des années 1990, avant qu'un test efficace contre cette substance ne soit développé.
Pantani a été suspendu du Giro en 1999 après avoir échoué un test sanguin effectué au hasard, et sa carrière a été entachée par plusieurs enquêtes antidopage. Il est décédé en 2004 à l'âge de 34 ans, à la suite d'une surdose accidentelle.
Ullrich a reconnu s'être dopé et, l'an dernier, on l'a privé de sa troisième place acquise au Tour de 2005.
Le Tour de France de 1998 est resté dans l'histoire en raison de l'important scandale de dopage impliquant l'équipe française Festina et révélant la consommation répandue de substances illégales. Les enquêtes de la police ont fini par mener au retrait ou à l'expulsion du Tour de sept des 21 équipes qui s'étaient alors inscrites.
Parmi les autres coureurs vedettes dont les tests positifs ont été révélés par le rapport du sénat, mercredi, on retrouve le double vainqueur d'étape Mario Cipollini, un Italien, ainsi que le Français Laurent Jalabert.
Kevin Livingston, un Américain qui a fini 17e lors du Tour de cette année-là, a également échoué un test à l'EPO, selon des documents inclus dans le rapport.
Le coureur qui a terminé troisième, l'Américain Bobby Julich, a reconnu l'an dernier qu'il avait consommé de l'EPO pendant le Tour de 1998.
C'est en 1999 que Lance Armstrong a remporté le premier de ses sept titres d'affilée, qu'on lui a enlevés cette année pour dopage.
Les sénateurs ont tenu à souligner que les révélations concernant le Tour de 1998 ne représentent que quelques pages parmi les 800 du rapport, et que celui-ci s'est surtout attardé à établir l'étendue du problème et à identifier les façons d'améliorer les mesures antidopage.
L'enquête du sénat a entendu 138 athlètes, dépisteurs antidopage et dirigeants travaillant dans 18 sports, dont le soccer et le rugby. Le rapport comporte 60 propositions visant à améliorer les procédures antidopage, notamment à l'aide de « commissions de la vérité et de la réconciliation » dans chaque sport; en s'assurant que tous les événements sportifs disputés en France se retrouvent sous la surveillance des autorités antidopage françaises; et en effectuant des tests qui touchent une plus grande panoplie de substances.
Les sénateurs proposent également d'enlever des pouvoirs disciplinaires aux fédérations sportives afin de les confier à l'agence française antidopage.
Les tests positifs révélés dans le rapport été été décelés au moyen de tests rétroactifs effectués en 2004 et 2005 par les autorités antidopage françaises, qui cherchaient à perfectionner les tests anti-EPO. Les résultats avaient été entreposés depuis ce temps, sans que l'identité des coureurs ne soit publiée. Le sénateur Jean-Jacques Lozach, un des auteurs du rapport, a noté que les tests rétroactifs sont une façon de permettre aux autorités d'avoir le haut du pavé dans leur lutte contre les tricheurs.
« Étant donné la performance de Chris Froome, le vainqueur du Tour de France de 2013, des doutes ont été exprimés et des soupçons ont été soulevés. À la lumière des contrôles d'aujourd'hui, ces soupçons ne sont pas légitimes ni justifiés, a dit Lozach. Qui sait si, dans trois ou cinq ans, ces doutes ne deviendront pas justifiés à l'aide de contrôles rétroactifs. »