LAUSANNE - L'Agence mondiale antidopage (AMA) a promis mercredi à Lausanne que le passeport sanguin développé conjointement avec l'Union cycliste internationale serait utilisable pour le Tour de France, même au cas où l'épreuve serait organisée hors du cadre UCI.

"Les résultats du passeport pourront être utilisés pour le Tour", a affirmé le directeur général de l'AMA David Howman.
Il répondait indirectement au communiqué publié lundi par l'UCI menaçant, après la décision d'ASO (organisateur du Tour et de Paris-Nice) d'organiser Paris-Nice hors du calendrier UCI, d'"appliquer prioritairement (le passeport) à ses partenaires respectueux du règlement".

D'après M. Howman, qui s'exprimait en marge d'une rencontre avec les medias, le fait que le passeport sanguin soit élaboré et financé de manière tripartite (AMA, UCI, ministère français des sports) garantit le "partage des informations".

Les résultats des analyses des quelque 700 à 900 coureurs soumis aux six prélèvements sanguins prévus avant le Tour de France devraient en effet être mis en réseau sur le logiciel ADAMS, développé par l'AMA et donc, a priori, accessible par l'Agence mondiale et ses partenaires.


L'AFLD inquiète

Cet optimisme est cependant à tempérer. "Même si l'AMA a connaissance d'un passeport suspect, pourra-t-elle transmettre le résultat à l'Agence française de lutte contre le dopage?", s'est interrogé auprès de l'AFP Pierre Bordry, président d'une AFLD qui deviendrait mécaniquement responsable des contrôles sur le Tour si celui ci était organisé hors du calendrier UCI.

Si l'AFLD avait les résultats, elle ne pourrait rien faire d'autre que pratiquer des contrôles ciblés sur le coureur en question et "en aucun cas fournir un résultat à ASO" d'après M. Bordry, inquiet pour l'avenir du passeport. "Je serais très surpris, dit-il, si le ministère français des sports continuait à financer un passeport sanguin qui ne serait pas utilisable pour le Tour de France."

"On prend du retard", s'est encore ému M. Bordry, stigmatisant les désaccords entre l'UCI et l'AMA, notamment sur le réseau de laboratoires impliqués dans les analyses du passeport. "Si on voulait intégrer le laboratoire de Châtenay-Malabry, il faudrait former du personnel et acheter du matériel, ce qui nous prendrait deux mois", a-t-il estimé.