PARIS (AP) - Alors que le Tour de France s'élance dans une quinzaine de jours, le nouveau scandale de dopage présumé révélé le mois dernier en Espagne a confirmé le retour à une pratique ancienne dans le cyclisme: la transfusion sanguine.

Difficilement détectables et facilement réalisables, les transfusions sanguines sont revenues à la mode depuis l'arrivée sur le marché d'un test fiable à l'EPO.

Comme l'érythropoïétine (EPO) de synthèse, les transfusions sanguines ont pour but d'augmenter la fabrication par l'organisme de globules rouges afin de permettre une meilleure oxygénation des muscles et, donc, d'améliorer la performance.

L'EPO étant détectable depuis 2000, les transfusions semblent avoir fait leur retour. "C'est l'apparition de l'EPO qui avait mis fin à la transfusion sanguine", a expliqué à l'Associated Press (AP), Michel Audran, directeur du laboratoire de biophysique de la faculté de pharmacie de l'Université de Montpellier et ancien membre du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD), en charge du dopage sanguin. "La pratique de la transfusion sanguine dans le cyclisme est revenue depuis le test de l'EPO, c'est évident".

Il existe deux types de transfusions. Celle réalisée à partir du sang d'autres individus (hétérotransfusion ou homotransfusion) est détectable - l'Américain Tyler Hamilton a été suspendu pour cette pratique après les Jeux olympiques 2004 - et avait cours dans le cyclisme à l'époque où on ne la recherchait pas.

Il existe deux types de transfusions. Celle réalisée à partir du sang d'autres individus (hétérotransfusion ou homotransfusion) est détectable et avait cours dans le cyclisme à l'époque où on ne la recherchait pas.

L'autre, dite autotransfusion, utilise du sang extrait de l'individu concerné. Les globules rouges sont ensuite séparés des blancs à l'aide d'une centrifugeuse, avant d'être réinjectés dans les heures précédant l'effort prévu.

S'il est moins facile et plus douloureux que la prise d'EPO, ce procédé est aujourd'hui pratiquement indétectable. "On ne peut pas le détecter, sur un seul prélèvement en tout cas', souligne Michel Audran. "Vous ne pouvez pas le détecter parce que les globules sont exactement les mêmes et on ne peut pas faire la différence".

"Pour le moment, on est totalement impuissant (...) La seule façon de le voir, ce sont des modifications anormales de l'hématocrite (rapport entre le volume sanguin et le volume des globules rouges, NDLR)" sur une période donnée.

Autre avantage de l'autotransfusion sur l'EPO, sa plus grande précision dans la maîtrise du taux de globules rouges. "Autant ça on ne pouvait pas le maîtriser facilement avec l'EPO parce qu'il y avait toujours un décalage entre le moment où vous injectez le produit et l'augmentation de l'hématocrite, autant avec la transfusion c'est quelque chose d'immédiat", selon Michel Audran. "On peut être plus précis avec une transfusion sanguine".

Pour Michel Audran, les responsables de l'Union cycliste internationale (UCI) savent depuis deux ans "que l'on fait des transfusions sanguines dans le Tour", "parce qu'ils ont observé des augmentations de l'hématocrite au cours d'une compétition, ce qui est l'inverse du processus physiologique".

Mais il n'existe pas encore de test fiable, et, de toute façon, les responsables de la lutte anti-dopage préfèrent rester flous sur la date d'arrivée sur le marché d'une telle méthode. Pour surprendre les sportifs en infraction.

"Il y aura un test d'ici six ans (...) Mais je ne veux pas dire plus précisément quand", affirme Michael Ashenden, coordinateur du consortium de recherche Science et industrie contre le dopage sanguin ("Science and Industry Against Blood doping").

En attendant, les autorités doivent tomber sur des preuves irréfutables pour mettre au jour les pratiques dopantes. C'est ce qui s'est produit en Espagne le mois dernier, où la police a saisi du matériel de transfusion et des poches de sang congelé destinés à des injections.

Cette affaire a déjà conduit la direction du Tour de France (1er au 23 juillet) à retirer son invitation pour l'édition 2006 à l'équipe espagnole Communauté de Valence, impliquée dans le scandale. Manolo Saiz, grand nom du cyclisme, a, lui, démissionné de ses fonctions de directeur sportif de l'équipe Astana-Wurth (ex Liberty Seguros).

"Comme il n'y a pas de méthode officielle de dépistage", résume Michel Audran, "ils (les responsables de la lutte contre le dopage, NDLR) attendent de trouver un jour des gars avec des poches de sang".

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