PARIS (AFP) - Les audacieux, désormais maîtres en la circonstance, seront à l'appel du 97e Paris-Tours cycliste, neuvième et avant-dernière manche comptant dimanche, au départ de Saint-Arnoult-en-Yvelines (région parisienne), pour la Coupe du monde en tête de laquelle l'Italien Paolo Bettini est solidement accroché.

Cette classique française des "feuilles mortes" récompense en effet régulièrement ces derniers temps les hommes téméraires, au grand dam des sprinteurs qui pensaient bien que ce raid de 257,5km sur un parcours quasiment plat allait éternellement rester leur chasse-gardée.

Dans cette course, les finisseurs n'arrivent plus à faire mouche comme notamment au temps béni de l'Allemand Erik Zabel, qui s'était révélé en 1994.

Les véloces sont désespérement aux abonnés absents depuis que le Français Jacky Durand a ouvert la porte aux baroudeurs, en 1998. Le Belge Marc Wauters, en 1999, l'Italien Andrea Tafi (2000), le Français Richard Virenque -un comble pour un prince de la montagne- au terme d'une mémorable échappée de 240 kilomètres (2001) et, l'an passé, le Danois Jakob Piil, maîtrisant l'incontournable Durand, ont ensuite fait échec aux lévriers.

Les fourmis de "Dudu"

Rétabli d'une fracture de l'os iliaque, le puncheur de fdjeux.com (qu'il quittera en fin de saison) se sent encore des fourmis dans les jambes.

Partir! Ce sera un mot d'ordre, mais tout dépendra des conditions météorologiques jouant généralement un rôle crucial dans cette classique d'automne. Pluies et vents se plaisent souvent à multiplier les bordures, l'ennemi intime d'une meute pouvant se pointer à Tours à l'incroyable moyenne de 48,929 km/h (Andrei Tchmil en 1997).

S'évader ne sera en tous les cas pas le problème de l'Italien Alessandro Petacchi, quadruple vainqueur d'étape sur la Grande Boucle avant d'y tirer sa révérence, qui s'inscrit en qualité de grand favori en cas d'arrivée au sprint, au terme d'une longue, très longue (2600m) ligne droite.

Les finisseurs vont-ils enfin retrouver des couleurs sur un parcours taillé sur mesures où le point culminant, le Gault-du-Perche, n'excède pas 200 mètres d'altitude?

Bettini prudent

Les Australiens Robbie McEwen et Baden Cooke, ce dernier en dépit d'un souci de tendon, Erik Zabel, le Belge Peter Van Petegem, l'Espagnol Oscar Freire, le Letton Romans Vainsteins ou l'Estonien Jaan Kirsipuu, hommes de contacts et de dialogues dans les dernier hectomètres l'espèrent.

Prudent, sans doute protégé, Paolo Bettini se mettra à l'abri de toute mauvaise surprise à une semaine des Mondiaux de Hamilton (Canada) pour lesquels il rallie la plupart des suffrages. Une fois n'est pas coutume, il fera une entorse à ses principes selon lequels "quand je prends le départ d'une course, ce n'est pas avec la conviction que je vais m'imposer mais avec la certitude que je peux la gagner".

Confortablement installé en tête de la Coupe du monde à une encablure de la fin (le Tour de Lombardie), le Toscan aux trois succès 2003 (Milan-San-Remo, Hambourg et San Sebastian) peut se permettre de mettre un bémol à sa fringale de victoires. "Pour gagner à Tours, il faut prendre des risques, remarque le N.1 mondial. Le sprint peut être dangereux. Je dois d'abord penser au Mondial".

Car, fort de 146 points d'avance sur le Néerlandais Michael Boogerd et 147 sur Van Petegem, l'aimable vedette de Quick Step pense qu'il peut conserver sa Coupe sans avoir à s'employer à Tours.