LIEGE (AFP) - Mario Cipollini, alias le "Roi Lion" italien, aimerait rugir une fois dans les sprints du Tour de France cycliste qu'il retrouve après cinq ans d'absence.

"J'ai été arrêté pendant trois semaines après ma chute du Giro, je ne suis certes pas à cent pour cent", annonce Cipollini qui, parvenu au crépuscule de sa carrière (37 ans), attire toujours les regards malgré la concurrence sportive de son compatriote Alessandro Petacchi, vainqueur de neuf étapes du dernier Giro.

Pour avoir gagné douze étapes dans le Tour (et 42 dans le Giro!), pour avoir surtout dominé les sprints pendant plus d'une décennie, "Il Magnifico" demeure un personnage central et charismatique, la star incontestée du cyclisme italien.

Le Toscan a quitté pour la dernière fois la Grande Boucle en 1999, l'année de ses quatre victoires d'étape en quatre jours. Dans la montagne, comme à son habitude, puisque "Cipo" a toujours préféré s'économiser en renonçant par avance à rallier Paris.

Cette attitude, jugée désinvolte, a irrité profondément le directeur du Tour Jean-Marie Leblanc et les autres responsables du Tour qui lui ont refusé à plusieurs reprises une carte d'invitation. "Cipo" a protesté avec fracas avant de revenir en grâce cette année, qui coïncide avec la pire saison de sa longue carrière entamée en 1989.

Besoin de chance

Une chute dans le Giro (14 points de suture) l'a laissé meurtri dans sa chair et blessé dans son tête. Jusqu'à laisser planer des doutes sur sa participation au Tour dans un climat de défiance avec les responsables de son équipe (Domina Vacanze).

A Liège, "Cipo" a affiché bien meilleure mine. Avant même de rejoindre le départ, il s'était confié au quotidien italien La Gazzetta dello Sport: "Quand j'ai arrêté le Giro, je voyais tout en noir, je voulais tout laisser tomber. J'avais connu trop de malchance, il y avait trop d'incompréhension autour de moi. Maintenant, c'est dépassé."

Pour l'un des plus grands sprinteurs de l'histoire du cyclisme, revenir
sur le Tour est déjà un premier succès: "Leblanc a compris qu'il devait me donner encore une chance. Je viens avec la ferme intention d'aller jusqu'à Paris, de ne pas abandonner. Rejoindre Paris, ce serait une belle victoire."

Est-il prêt à gagner ? "Depuis deux ans, tout est allé de travers", dit-il. "Je ne me suis jamais trouvé à 300 mètres de la ligne d'arrivée en mesure de disputer mon sprint. Bien sûr, j'ai pour objectif de gagner une étape. J'ai besoin d'un peu de chance".

Dans ce Tour, "Cipo" se présente sans la plupart de ses coéquipiers qui composent le train chargé de le lancer: "Ce sera comme à mes débuts quand je faisais les sprints sans véritable train. Depuis, le cyclisme a beaucoup changé. Ce qui est certain, c'est la responsabilité du sprint incombera à d'autres. Moi, je dois d'abord recouvrer tous mes moyens. Si on retrouve le vrai Cipollini, la victoire suivra."