NAMUR (Belgique) (AFP) - Natif de Brisbane, l'Australien Robbie McEwen, vainqueur lundi de la 2e étape du Tour de France cycliste, s'est parfaitement intégré au paysage et à la culture flamandes, au point de détester le lieu commun de "Kangourou" dont on l'a trop longtemps affublé, fut-il volant ou casse-cou.

Surfeur de l'océan et du net pour s'informer des articles le concernant, il avait gentiment apostrophé un journaliste pour le féliciter de la justesse de ses écrits, mais également pour lui faire part de son courroux. "En Europe, tout ce qui vient d'Australie n'est que kangourou ou wallaby, reprochait-il. Vous avez une image trop restrictive de notre continent."

Cette manie est d'autant plus fâcheuse concernant Robbie le "Aussie", qu'il parle parfaitement le flamand.

Ce cycliste de 32 ans, doté d'une intelligence rare, aime particulièrement lire durant les longues plages de repos qu'il s'accorde. "Si on l'écoutait, il dormirait jusqu'à 15h00", lance son directeur sportif (Lotto) Claudie Criquielion, lequel s'inscrit en faux dès qu'on lui parle du caractère ombrageux de son protégé: "Il est au contraire très sociable".

Robbie McEwen l'est d'autant plus devenu qu'il s'est chevillé au pays, à Brakel, où il a rencontré dans un magasin d'optique, puis épousé, Angélique alors qu'il était en quête de lentilles de vue.

Frites, chocolat et bière

Car, en matière de légumes, c'est bien sûr les frites, cuites dans les règles de l'art, qu'il préfère. Il les consomme d'ailleurs avec de la mayonnaise, avant son cher gâteau de riz. En bon Belge d'adoption, il raffole aussi du chocolat mais ne crache pas sur la bière, d'Abbaye de préférence.

"J'en ai toujours quelques unes dans le réfrigérateur, avoue-t-il. Mais je n'en bois que deux ou trois par semaine. Ca fait grossir et il faut se méfier: ici, on deviendrait facilement alcoolique, car elles sont toutes bonnes."

Que ses supporteurs se rassurent, Robbie McEwen aime s'enivrer d'une autre manière: à l'approche de la ligne, lorsqu'il sent l'adrénaline lui monter à la tête, harmonieusement dessinée par des traits fins, émergeant malicieusement à l'extrémité d'un corps aux normes plutôt modestes (1,71 m pour 66 kg).

Faut-il donc qu'il soit explosif à souhait, l'enfant de Surfeur Paradise, maillot vert du Tour 2002, pour tenir la dragée haute aux athlétiques monstres sacrés que demeurent les Petacchi et Cipollini, actuellement dans son sillage.

Le manageur général de Rabobank, Jan Raas, avait ainsi eu une divine inspiration en accueillant dans les rangs pros ce jeune prodige en 1996. "J'ai un Australien qui ne va pas tarder à mettre tous les as du sprint au pas, clamait-il. Retenez son nom: il s'appelle McEwen."