Mont Ste-Anne (Sportcom) - En méritant sa deuxième médaille d'argent de la saison en Coupe du monde de vélo de montagne, Marie-Hélène Prémont a fait vibrer le Mont Ste-Anne, dimanche, à l'épreuve de cross-country. Transportée par la foule qui n'en avait que pour elle, l'athlète de Château-Richer a pratiquement assuré sa première participation olympique, même si la sélection officielle ne sera faite qu'après l'étape de Calgary, la fin de semaine prochaine.

La Norvégienne Gunn-Rita Dahle est demeurée invaincue cette saison en décrochant une quatrième victoire, tandis que l'Américaine Willow Koerber (à 3m 31s) a obtenu la médaille de bronze. Nouvelle coéquipière de Prémont chez la formation canadienne Rocky Mountain, Alison Sydor (à 4m 38s) a fini en cinquième place, alors que sa compatriote Kiara Bisaro (5m 20s) a terminé sixième.

« Dans les montées, je sentais que j'avais de bonnes jambes et ça allait aussi bien dans les sections techniques », a expliqué l'héroïne du jour. « J'ai tout donné aujourd'hui. Dans le dernier tour, j'ai essayé d'être plus rapide dans les descentes, mais avec la pluie, les racines étaient plus glissantes, ce qui augmentait le risque de faire des erreurs. Je préférais être un peu plus prudente pour être certaine de finir ma course. »

Pour celle qui a fait ses débuts dans ce sport au Mont Ste-Anne, cette médaille d'argent avait évidemment un cachet bien spécial. « J'ai fait une deuxième place en Écosse plus tôt cette saison, mais ce n'est rien comme faire une deuxième place chez soi. C'était incroyable, je n'en reviens pas encore ! »

Malgré l'absence de gros noms tels Irina Kalentieva (deuxième au classement général) et Sabine Spitz (championne du monde en titre), Prémont a fait la preuve que le règne de la Norvégienne pourrait être sérieusement ébranlé d'ici la fin de la saison. En effet, la Québécoise n'a concédé que 41 secondes sur l'ancienne championne du monde qui a l'habitude de gagner avec des écarts plus importants.

« La dernière fois, l'écart était de 1m 35s. Aujourd'hui, il est d'une quarantaine de secondes. Je pense que ça prend encore quelques courses et ça devrait être bon pour les Jeux olympiques », a conclu celle qui croit que sa place aux Jeux d'Athènes n'est plus qu'une formalité.

Du côté de la gagnante, elle a expliqué être surprise de son rendement car elle revient d'un séjour d'entraînement intensif au Colorado : « C'était une course difficile aujourd'hui. J'étais un peu nerveuse avant le départet je ne pensais pas gagner après mon camp d'entraînement en altitude. J'ai travaillé plus fort qu'en temps normal à l'entraînement et un top 3 m'aurait satisfaite. Ma victoire d'aujourd'hui me donne confiance. »

Et est-ce que Dahle commence à voir la Québécoise dans son rétroviseur ? « Elle (Prémont) s'est accrochée à ma roue et j'ai fini par prendre l'avance, mais pas par beaucoup. C'était une bonne bataille. Elle est une étoile montante et le circuit a besoin de ce genre d'athlète qui font en sorte que nous allons tous nous battre encore plus fort les unes contre les autres. »

Du côté d'Alison Sydor, médaillée d'argent aux Jeux d'Atlanta et trois fois championne du monde, elle voit d'un très bon œil la montée en force des athlètes canadiennes : « C'est fantastique ! Certaines sont à la fin de leur carrière et d'autres sont en constante progression. On se dépasse et c'est une saine rivalité qui monte le niveau de chacune d'entre nous », a commenté celle qui a toujours le feu sacré malgré ses 37 ans. « Le vélo de montagne, c'est surtout une question de confiance. L'an dernier, Marie-Hélène a obtenu des résultats qui lui ont donné confiance et maintenant ça se voit. »

Avec sa 27e place, Julie Sanders a obtenu le deuxième résultat québécois.

Meirhageghe s'impose

À l'épreuve masculine, le champion du monde en titre, le Belge Filip Meirhageghe, a mérité sa deuxième victoire de la saison en devançant le Suisse Christophe Sauser, deuxième en 2003, avec une avance de 58 secondes. Jose Antonio Hermida, de l'Espagne, a complété le trio des médaillés. Avec cette victoire, le Belge prend la tête du classement du circuit avec une avance de 45 points sur son compatriote Roel Paulissen.

Meirhageghe s'est échappé au deuxième tour pour garder l'avance jusqu'à la fin en entretenant un écart d'une dizaine de secondes sur Sauser.

« Même si je n'avais que 10 secondes d'avance, c'était un avantage psychologique pour moi », a révélé le médaillé d'or dans un excellent français. « J'ai eu de la difficulté dans les montées, alors j'ai décidé de me concentrer dans les sections techniques où on ne peut pas gagner beaucoup de temps. Par contre, si on fait des erreurs dans ces sections, on peut perdre beaucoup de temps. Et c'est au dernier tour que j'ai été le meilleur. »

Les Canadiens ont bien fait avec quatre coureurs dans les 15 premiers. Seamus McGrath est 8e (à 5m 08s), Geoff Kabush 10e (à 8m 12), Ryder Hesjedal 11e (à 9m 17) ainsi que l'étonnant Max Plaxton (14e à 10m 29s), âgé de seulement 19 ans.

Avec sa prestation, Seamus McGrath croit qu'il est maintenant en bonne position pour mériter une des deux places disponibles au sein de l'équipe olympique masculine. « Ma course indique bien mon niveau de forme. Le parcours est un des plus difficiles du circuit. (Avec les conditions météo), c'était une vraie course de vélo de montagne. Je ne suis pas encore au sommet de ma forme, mais ça s'en vient ! » a expliqué celui qui ne compte pas prendre part aux championnats canadiens s'il est sélectionné pour Athènes.

Grand favori canadien avant l'épreuve, Roland Green n'a pas terminé la course. Le double champion du monde a rapidement quitté le site de compétition dans donner d'explications sur les raisons de son abandon.

Pour les Québécois, la journée a été plus difficile, aucun n'ayant terminé l'épreuve dans les délais. Frédéric Bussières a été le meilleur représentant québécois avec une 39e place et Ian Carbonneau avec une 42e, tous deux à 1 tour. Meilleur Québécois depuis le début de la saison, le Montréalais Mathieu Toulouse a subi deux crevaisons, ce qui l'a contraint à l'abandon.