PLATEAU DE BEILLE - A une semaine de l'arrivée sur les Champs-Elysées, Michael Rasmussen (Rabobank) est en passe de devenir le premier pur grimpeur à remporter le Tour de France, neuf ans après l'Italien Marco Pantani, sacré en 1998.

Le Danois de 33 ans, surnommé "Chicken" pour son look déplumé de poulet de batterie, a fait dimanche un grand numéro dans la première des trois étapes pyrénéennes, longue de 197 kilomètres entre Mazamet et le Plateau de Beille. Pour cette arrivée au sommet classée hors catégorie, il a contré plusieurs attaques avant de finir dans la roue d'Alberto Contador (Discovery Channel), désormais son dauphin au classement général, avec 2:23 minutes de retard.

"C'est une grande journée pour moi. Une victoire dans le Tour, un dimanche avec beaucoup de monde sur les routes, et un final comme le Plateau de Beille, c'est fantastique", a déclaré Contador, vainqueur de Paris-Nice au printemps.

L'Espagnol de 24 ans, porteur du maillot blanc de meilleur jeune, a donc signé son premier succès d'étape dans le Tour, lors d'une 14e étape meurtrière ayant définitivement laissé sur le carreau Alexandre Vinokourov.

Le Kazakh, vainqueur la veille du contre-la-montre d'Albi, et qu'on croyait ressuscité de ses genoux suturés, a cédé dans le premier col hors catégorie, le Port de Pailhères et ses 2001 mètres d'altitude, avant de connaître une nouvelle chute dans la montée de Beille et souffrir de diverses contusions. Revenu la veille à cinq minutes du meneur au classement général, Vinokourov, dont les genoux avaient été profondément meurtris lors d'une chute dans l'étape d'Autun, a fini 81e à près de 29 minutes et il compte désormais 34:12 de retard au général. A 33 ans, Vinokourov a sans doute perdu toute chance de remporter un jour le Tour de France.

L'écrémage a été général. Le Français Christophe Moreau jamais remis de la bordure prise entre Marseille et Montpellier, est arrivé 135e sur 165, dans un gruppetto, pour figurer à 48:13 minutes du maillot jaune.

Devant, la bataille a été flamboyante. Partis ensemble à 5 km du Plateau de Beille, Rasmussen et Contador se sont consultés, pour convenir qu'il fallait appuyer pour "tuer" l'opposition.

Au final, c'est à la régulière que Contador s'est imposé, Rasmussen ne lui ayant fait aucun cadeau.

"C'est le Tour de France, il n'y a pas de cadeau à faire", a souligné Rasmussen, conscient que les 20, 12 et huit secondes de bonifications offertes aux trois premiers de l'étape pourraient compter à Paris. En 1989, Greg LeMond avait devancé Laurent Fignon de seulement huit secondes, le plus faible écart jamais enregistré dans l'épreuve. Par le jeu des bonifications, Contador a pris huit secondes à Rasmussen en haut du Plateau de Beille.

"Contador est mon plus grand rival, avoue le Danois, leader de la Rabobank. La Discovery a deux atouts, avec encore Levi Leipheimer."

Ce dernier est arrivé quatrième de l'étape à 40 secondes du vainqueur.

Si la menace du duo Discovery "Contador-Leipheimer" est réelle, celle de Cadel Evans s'est éloignée. L'Australien, deuxième du contre-la-montre d'Albi où il avait repris 1:41 minute au Danois, lui en a concédé 1:52 dimanche. Il devrait encore en perdre dans les deux énormes étapes pyrénéennes à venir et ne pas en gagner beaucoup lors du dernier contre-la-montre de 55,5 kilomètres entre Cognac et Angoulême la veille de l'arrivée, le Danois ayant réalisé d'impressionnants progrès dans l'exercice.

"Rassmusen et Contador sont les plus forts sur ce Tour", reconnaît d'ailleurs Cadel Evans, troisième du général à 3:04.

Quatrième à 4:29, Leipheimer roulera pour Contador. Andreas Kloeden, cinquième à 4:38, est désormais la seule chance d'Astana après le naufrage de Vinokourov. Trois Espagnols joueront les francs-tireurs: Carlos Sastre (CSC), 6e à 5:50, Mikel Astarloza (Euskaltel), 8e à 8:25, et Alejandro Valverde (Caisse d'Epargne), autre victime du jour, 9e à 9:45.

La France est désormais hors du coup, son premier représentant Sylvain Chavanel (Cofidis) pointant en 28e position, à 32:45 minutes.

Lundi, le peloton va souffrir dans la longue 15e étape de 196 km entre Foix et Loudenvielle. Les coureurs emprunteront la descente du Portet d'Aspet, fatale en 1995 à l'Italien Fabio Casartelli, avant de grimper le terrible col de Menté et surtout celui innovant de Balès (hors catégorie), avant d'en finir avec Peyresourde (1er catégorie).

Après la deuxième journée de repos, mardi, il se finiront mercredi entre Orthez et le Col d'Aubisque, dernier volet de la trilogie pyrénéenne.

"J'apprécie ma course aujourd'hui, mais le Tour n'est pas fini, il reste 400 km de montagne", a souligné prudemment Rasmussen.


Classement de l'étape

1. Alberto Contador (ESP/DIS) les 197,0 km en 5h25:48.
(moyenne: 36,280 km/h)
2. Michael Rasmussen (DEN/RAB) à 0:00.
3. Mauricio Soler (COL/BAR) 0:37.
4. Levi Leipheimer (USA/DIS) 0:40.
5. Carlos Sastre (ESP/CSC) 0:53.
6. Andreas Klöden (GER/AST) 1:52.
7. Cadel Evans (AUS/PRE) 1:52.
8. Antonio Colom (ESP/AST) 2:23.
9. Andreï Kashechkin (KAZ/AST) 2:23.
10. Yaroslav Popovych (UKR/DIS) 3:06.


Classement général

1. Michael Rasmussen (DEN/RAB) 64h12:15.
2. Alberto Contador (ESP/DIS) à 2:23.
3. Cadel Evans (AUS/PRE) 3:04.
4. Levi Leipheimer (USA/DIS) 4:29.
5. Andreas Klöden (GER/AST) 4:38.
6. Carlos Sastre (ESP/CSC) 5:50.
7. Andreï Kashechkin (KAZ/AST) 6:58.
8. Mikel Astarloza (ESP/EUS) 8:25.