Nairo Quintana a-t-il des chances de détrôner Chris Froome?
Tour de France mardi, 21 juil. 2015. 08:53 mercredi, 11 déc. 2024. 17:24La 17e étape du Tour de France sera présentée mercredi à RDS dès 8 h 30.
À cinq jours de Paris, Chris Froome et le peloton du Tour de France ont repris des forces mardi, lors de la seconde journée de repos, au pied des Alpes qui s'annoncent épuisantes.
Le Colombien Nairo Quintana, dont la caractéristique est de rester impassible en plein effort, veut croire qu'il peut détrôner Froome. Même s'il sait les possibilités limitées sur les 711 kilomètres séparant les rescapés de la ligne d'arrivée, dimanche, sur les Champs-Élysées.
Après 16 étapes, le grimpeur venu des Andes pointe à 3 min 10 sec. En soi, un écart, certes très important, qui ne saurait être définitivement rédhibitoire au vu du très copieux menu alpestre. Mais Froome a délivré une telle impression de supériorité jusqu'à présent, tant dans la première semaine que dans les Pyrénées, que le Britannique paraît irrésistiblement lancé vers sa deuxième victoire.
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« Je continuerai à me battre », affirme Quintana qui a, pour lui, de disposer de grandes facultés de récupération et de monter en puissance au fil des jours. Pour avoir entamé le Tour avec un maximum de fraîcheur physique, le coureur de la Movistar est en droit d'espérer rivaliser, voire mieux, dans les Alpes.
Le passé plaide pour lui. En 2013, il s'était adjugé la dernière étape de montagne, au sommet du Semnoz, pour assurer sa deuxième place au classement final. Un tel scénario, samedi sur les pentes de l'Alpe d'Huez, n'est pas à exclure.
« Nous allons attaquer dans les Alpes », promet le Colombien. « Je ne serai pas le seul. Alejandro (Valverde) aussi attaquera autant que possible. » Mais Valverde est déjà distancé de plus de quatre minutes. Autant dire que pour Froome, le danger principal réside dans un coup de chaleur, un virage mal négocié, la défaillance ou l'accident qui guette tout coureur.
Quelle est l'étape décisive dans la dernière semaine?
Bien plus qu'une seule étape, c'est la succession des quatre journées en montagne qui est redoutée par les coureurs du Tour, après une course épuisante en raison de différents facteurs (stress, nervosité, chaleur). « On va finir complètement cramé », soulignait lundi Thomas Voeckler en donnant le ton général.
À l'exception du parcours menant jeudi à Saint-Jean-de-Maurienne, par le Glandon et les inédits lacets de Montvernier, les prochaines étapes offrent un format court, concentré, de montagnes. Surtout vendredi à La Toussuire (par Chaussy et la Croix-de-Fer escaladé par son versant du Glandon) et à l'Alpe d'Huez (avec la Croix-de-Fer par son versant nord). Un rêve pour les grimpeurs, un cauchemar pour les sprinteurs, qui craignent toujours d'arriver hors délai.
Dès mercredi, l'étape de Pra-Loup réserve des émotions fortes. La descente d'Allos est l'une des plus difficiles des Alpes en raison de sa longueur, de sa technicité, de l'état de la route. En 1975, Eddy Merckx lui-même, l'un des grands descendeurs de l'histoire, avait payé la note dans la montée de Pra-Loup. Quarante ans plus tard, la météo prévoit encore la chaleur. Mais le scénario peut-il se renouveler?
Quels sont les enjeux sportifs?
Si l'on excepte la lutte pour le maillot jaune, circonscrite logiquement entre Froome et Quintana, l'autre intérêt tient à la troisième place sur le podium guignée par au moins trois coureurs.
L'Américain Tejay van Garderen, distancé de plus de trois minutes et demie par Froome, est toujours dans les temps pour atteindre son objectif de départ (3e). Son avance sur ses deux suivants espagnols, 30 sec sur Alejandro Valverde et 51 secondes sur Alberto Contador, apparaît toutefois fragile.
Les différentes arrivées au sommet de la semaine, sans pente excessive, doivent convenir à « TVG », qui n'est pas un grimpeur type. Mais l'Américain affiche une forme resplendissante depuis le Dauphiné à la mi-juin. Le coup de moins bien, selon le jargon du peloton, n'est pas à exclure.
Pour les prochains jours, le Tour prévoit, attend, espère, une attaque de ses anciens lauréats, éteints dans les Pyrénées par la domination de l'équipe Sky. D'Alberto Contador, qui semble payer les conséquences de son Giro victorieux. De Vincenzo Nibali, le champion d'Italie qui possède lui aussi un tempérament de feu.
À moins que, comme au Ventoux en 2013 et, à un moindre degré, dans la montée de La Pierre-Saint-Martin mardi dernier, Froome tourne les jambes à une cadence insensée et enclenche un mécanisme... destructeur. Il est plus facile de récupérer de l'énergie qu'une réputation sans tâche dans ce Tour atteint depuis plusieurs jours par la suspicion.