QUÉBEC - Il était donné favori et il a rempli les attentes: le Belge Philippe Gilbert a remporté vendredi la deuxième édition du Grand Prix cycliste de Québec.

À l'issue d'un dernier tour enlevant, Gilbert, de l'équipe Omega Pharma-Lotto (OLO), a mis toute la gomme pour parvenir à résister aux charges du Néerlandais Robert Gesink, de Rabobank Cycling (RAB).

Gesink est monté sur la deuxième marche du podium alors que le Colombien Rigoberto Urban, de Sky Procycling (SKY), a pris le troisième rang.

A la vitesse moyenne de 39,9 kilomètres à l'heure, Gilbert a franchi les 201,6 kilomètres du circuit de Québec en 5:03:08, soit trois secondes devant Gesink et neuf secondes au devant d'Uran.

Avec cette victoire, Gilbert empoche une bourse de 16 000 euros et surtout, prend la tête du classement mondial de l'Union cycliste internationale (UCI) World Tour.

«Ça a été une course très difficile. C'était très dur de résister à Gesink, qui était juste derrière. Il était très concentré pour revenir sur moi, mais j'ai géré. À 700 mètres, j'ai décidé de récupérer un peu, à 500 mètres, j'ai accéléré de nouveau et dans les 100 derniers mètres, j'en ai profité. C'est un moment magnifique», a déclaré Gilbert en point de presse.

«Pour moi, 2011 restera une saison exceptionnelle. Terminer la saison avec une victoire et finir numéro un au classement mondial, c'est la cerise sur le gâteau», a-t-il poursuivi.

Le Wallon a savouré son triomphe seul et ne s'est pas gêné pour critiquer le travail de ses coéquipiers.

«Cette vistoire est particulière, parce que c'est la première fois que je n'avais pas d'équipe pour m'aider. On avait une équipe très faible aujourd'hui (vendredi). J'étais stressé durant la course parce que j'étais presque tout le temps seul, surtout dans le final», a-t-il laissé tomber.

Même s'il a atteint ses objectifs, le vainqueur n'entend pas plier bagages et participera à l'épreuve de Montréal dimanche. Cette fois, cependant, il n'y aura pas de pression.

«J'ai fait un trop long voyage pour annuler ma participation, mais c'est certain que je vais prendre le départ à Montréal avec moins de pression. On verra mais pour moi, le contrat est rempli», a-t-il dit sans détour.

Du côté canadien, l'Ontarien Michael Barry (SKY), coéquipier d'Uran, a obtenu le meilleur résultat local avec une 14e place, à 1:23 minute du gagnant.

«Je suis heureux de mon résultat. J'ai fait une meilleure course que l'an dernier, j'ai connu moins de difficultés, même si la fin a été difficile», a-t-il analysé.

Des 173 cyclistes qui ont pris le départ sur le coup de 11 heures, 76 ont franchi la ligne d'arrivée.

Par temps chaud et ensoleillé, les coureurs ont bouclé à 16 reprises le circuit de 12,6 kilomètres s'étalant du Vieux-Québec jusqu'à l'extrémité ouest des plaines d'Abraham.

Les côtes de la potasse et de la Montagne ont donné passablement de fil à retordre aux compétiteurs dans le dernier tiers du Grand Prix. La douleur et l'épuisement se lisaient sur le visage des athlètes.

Dès le coup de départ, une échappée à trois a donné le ton à l'épreuve.

À la mi-course, l'écart de plus de trois minutes et demie creusé par l'Espagnol Jesus Herrada Lopez et ses deux comparses a commencé à fondre comme neige au soleil.

Au douzième tour, à quelques cinquante kilomètres du drapeau à damiers, le peloton roulant au rythme imposé plusieurs tour durant par le Canadien Barry avait complètement comblé l'écart.

Quant au Canadien Ryder Hesjedal, qui avait terminé quatrième lors de la première édition de l'épreuve en 2010, il s'est retrouvé loin derrière le groupe de meneurs en fin de course.

L'équipier de Garmin-Cervelo (GRM) a dû se contenter d'une 27e position, à 01:39 du vainqueur.

Rollin, le meilleur Québécois

Des quatre Québécois en lice, Dominique Rollin (FDJ) a été le meilleur en terminant en 20e place, accusant un retard de 1min 23s. David Veilleux (Europcar) suit tout juste derrière en 22e place dans le même temps que Rollin.

Martin Gilbert et François Parisien, tous deux de Spidertech-C10, ont été contraints à l'abandon. Leur coéquipier, le Rimouskois Bruno Langlois, a été remplacé à la dernière minute par le champion canadien en titre, Svein Tuft.

Protégé par ses coéquipiers, Dominique Rollin croyait qu'il serait de la partie dans le final, mais c'était sans compter sur les attaques répétitives de Philippe Gilbert, qui ont vidé les cartouches de plusieurs, dont lui.

« (Philippe) Gilbert a attaqué à un tour et demi de la fin et malheureusement, nous étions juste un peu derrière et nous nous sommes fait prendre dans une cassure », a indiqué Rollin, qui était dans la roue de l'éventuel vainqueur au début de l'avant-dernier tour.

« C'était un hasard et j'aurais aimé y être au tour suivant, a-t-il poursuivi. Nous avons donc dû faire une course de rattrapage. C'est frustrant, car j'avais des gars qui travaillaient pour moi et j'avais les jambes pour être dans le final. Nous voulions classer un gars dans les dix premiers », a-t-il laissé tombé, visiblement déçu.

Pour sa part, Veilleux était tout de même satisfait malgré la fatigue qui se lisait sur son visage.

« Ce n'était pas facile! À un moment, j'ai regardé le compteur et il restait encore 100 kilomètres, alors je savais que ce serait une longue journée. Je suis content et je me sentais bien », a expliqué Veilleux, de Cap-Rouge, ajoutant qu'il a commencé à puiser dans ses réserves à trois tours de la fin.

« Je ne suis pas dans les dix meilleurs au monde, alors je ne me fais pas d'illusions. Je n'ai pas pu suivre lorsqu'ils sont partis. J'ai tout donné et c'était beaucoup plus dur que l'an dernier, car les attaques sont survenues plus tôt. C'était fantastique d'entendre mon nom dans la foule. Ça m'a permis de faire les trois derniers kilomètres. C'était exceptionnel! »

« À trois tours de la fin, j'étais sûr que je finirai la course en tête, sauf qu'en l'espace de 5 kilomètres, j'ai commencé à avoir des crampes », a commenté François Parisien, originaire de Repentigny. « C'est arrivé sans avertissement, tout d'un coup dans la côte de la montagne et ensuite, dans la côte de la Potasse, j'étais fini. »

Même son de cloche du côté de son coéquipier Martin Gilbert, qui n'avait pas participé aux épreuves de l'an dernier en raison d'une blessure. Le Châteauguois a tout de même pleinement savouré sa première course de niveau World Tour en sol québécois.

« Dans 99 % de nos courses, on n'entend pas notre nom dans la foule, alors quand tu montes des côtes, ça donne des frissons. C'est décevant et j'ai eu des hauts et des bas cette année. La saison prochaine sera une meilleure année », a soutenu l'athlète de 28 ans.