FORLI (AFP) - Un responsable de l'hôpital de Turin a affirmé mardi devant le tribunal de Forli que Marco Pantani avait vraisemblablement vu son hématocrite, témoin de son taux d'EPO, manipulé par des soigneurs extérieurs à l'établissement pendant l'hospitalisation qui a suivi son accident dans Milan-Turin en 1995.

Le professeur Massimo Cartesegna, médecin-chef du service des urgences de l'hôpital de Turin, a fait part de ces soupçons au cours de la quatrième audience du procès fait à Pantani pour "fraude sportive".

Le professeur qui avait opéré Pantani après son accident a expliqué au juge Luisa Del Bianco que l'hématocrite du "Pirate" au moment de son admission était de 60,1 % (NDLR: la limite admise par l'Union cycliste internationale est de 50 %), mais qu'il avait subi un brusque affaissement une semaine plus tard, à 16,1%, pour remonter progressivement dans une même journée vers des valeurs normales.

Le Pr Cartesegna a indiqué avoir été surpris par les mouvements de yo-yo de l'hématocrite de Pantani et demandé aux deux personnes qui s'étaient présentées comme médecins de l'équipe Mercatone et étaient restées au chevet de Pantani pendant son séjour, si elles lui avait prodigué de l'EPO, mais qu'il n'avait reçu aucune réponse.

L'ancien double vainqueur du Giro d'Italie et du Tour de France 1998, est jugé pour absorption présumée d'EPO (érythropoïétine), substance dopante interdite. Il risque de un mois à un an de prison. Depuis le début du procès il n'a assisté encore à aucune audience.

C'est le premier procès de ce genre pour un sportif de haut niveau.


Exclu du Giro

L'affaire remonte à octobre 1995. Blessé lors d'un accident au cours de la classique, Milan-Turin, Pantani présentait un taux d'hématocrite très élevé, de 60,1 % au moment de son admission à l'hôpital, largement au dessus des 50% tolérés par l'Union cycliste internationale (UCI).

En juin 1999, Pantani, en maillot rose, avait été exclu du Tour d'Italie au départ de l'avant-dernière étape à Madonna di Campiglio pour un taux d'hématocrite de 52/%.

Le "Pirate" de Cesenatico qui a toujours nié s'être dopé durant sa carrière, a effectué, après plusieurs mois d'isolement, son grand retour en compétition lors du dernier Tour d'Italie, oû il a participé à la victoire de son coéquipier Stefano Garzelli. Il a ensuite disputé le Tour de France, obtenant deux victoires d'étape, dont celle du Mont-Ventoux devant l'Américain Lance Armstrong.

Il a aussi couru, sans grand succès, l'épreuve olympique de Sydney, terminant très loin des premiers, mais n'a pas été retenu pour le championnat du monde de Plouay (France).

Une loi antidopage a été récemment approuvée par le parlement. Elle considère le dopage comme un délit et prévoit jusqu'à trois ans de prison pour toute personne reconnue coupable de dopage.

Le procès reprendra le 11 décembre et la sentence pourrait intervenir rapidement.