HAMILTON (AFP) - La chasse au titre mondial du cyclisme s'ouvre dimanche sur le difficile circuit canadien de Hamilton où l'Italien Paolo Bettini, numéro un mondial, espère faire parler la poudre pour succéder à son compatriote Mario Cipollini.

Douze mois après le billard de Zolder, outrancièrement favorable aux sprinteurs, le parcours canadien présente des caractéristiques plus sélectives qui promettent une course d'usure (258,3 km), la seule de la saison qui se dispute selon la formule des équipes nationales.

"Si Bettini attaque la dernière côte avec les meilleurs, il a course gagnée", résume le Français Cédric Vasseur, convaincu au vu de la forme du coureur italien que nul ne pourrait le suivre dans la dernière montée très proche de l'arrivée. "Il suffit d'avoir dix secondes au sommet pour l'emporter."

Dans Paris-Tours, dimanche dernier, Bettini a produit la plus forte impression. Le petit gabarit italien, attaquant naturel et tacticien avisé, a gagné trois courses de Coupe du monde (Milan-Sanremo, Hambourg, Clasica San Sebastian) et le classement final. Mais il a su aussi préparer au mieux le Championnat du monde quand plusieurs grands noms (Armstrong, Ullrich), préféraient mettre un terme prématuré à leur saison.

Pour neutraliser le "grillon" toscan, heureux papa d'une petite fille depuis deux semaines, ses adversaires doivent se hisser à son niveau ou rivaliser d'imagination. Miser sur une course d'attente et jouer le sprint, c'est l'option qui s'impose à Oscar Freire, déjà deux fois titré. Pour appuyer sa confiance, l'Espagnol peut se rappeler de Lisbonne 2001 où il avait réglé un groupe consistant au terme d'un parcours accidenté.

Bettini favori incontestable

Dans ce registre, sensiblement plus élargi que celui des seuls sprinteurs (Cipollini et McEwen ont renoncé par avance), évoluent également l'Allemand Erik Zabel, le plus rapide dimanche dernier à Tours, et le Belge Peter Van Petegem, qui dit se sentir aussi fort que lors de son doublé fracassant d'avril dernier (Tour des Flandres, Paris-Roubaix). Voire l'Américain George Hincapie, suppléant son chef de file habituel Lance Armstrong pour enlever un titre que le quintuple vainqueur du Tour de France a remporté voici dix ans déjà.

Hincapie, qui a affûté sa condition sur la Vuelta, représente la première chance d'un coureur du continent nord-américain dans ce Championnat disputé pour la deuxième fois au Canada. Axel Merckx, l'une des chances belges cette fois avec Dave Bruylandts si une échappée se dessine tôt, n'était âgé que de deux ans quand son père Eddy avait gagné son troisième titre mondial à Montréal (1974).

A Hamilton, une ville jadis industrielle sur les rives du lac Ontario, les coureurs complets sont persuadés de leurs chances. Oscar Camenzind, qui a choisi de rejoindre le Canada 48 heures seulement avant la course, porte les espoirs de la Suisses, Michael Boogerd ceux des Pays-Bas.

A l'inverse, l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie disposent de solutions de rechange.

Igor Astarloa et surtout Alejandro Valverde (la grande révélation de la saison) sont tout prêts à suppléer Oscar Freire, qui court le risque de se retrouver esseulé dans la sélection espagnole. Matthias Kessler représente pour l'Allemagne une alternative valable à Zabel.

Quant à Danilo Di Luca, vrai puncheur, il ne doit son rôle de doublure dans la "Squadra" qu'à la supériorité théorique de Bettini, favori incontestable pour revêtir le maillot arc-en-ciel qui garde l'essentiel de son attrait malgré les nombreuses absences engendrées par la date tardive du rendez-vous.