Antoine Duchesne a mené la 5e étape de Paris-Nice pendant plus de 20 kilomètres
Cyclisme vendredi, 11 mars 2016. 13:21 vendredi, 11 mars 2016. 16:42SALON-DE-PROVENCE, France - Le cycliste Antoine Duchesne a plus que montré le maillot de son équipe Direct Énergie en tête de course vendredi, à la cinquième étape de Paris-Nice. Membre de l’échappée matinale, le cycliste originaire de Saguenay avait toutes les cartes dans son jeu pour se rendre jusqu’au bout, sauf qu’une erreur de pilotage à moins de 15 kilomètres de l’arrivée est venue lui ravir une deuxième place qu’il croyait à portée de main.
Duchesne a fait partie de l’échappée du jour qui a pris naissance dès le coup d’envoi de l’épreuve en compagnie de Matthias Brandle (IAM), Lars Boom (Astana), Arnaud Courteille (FDJ), Jesus Herrada (Movistar), Edward Theuns (Trek-Segafredo), Stijn Vandenbergh (Etixx-QuickStep) et Wouter Wippert (Cannondale).
« J’avais de bonnes ambitions et de bonnes sensations hier (jeudi). Et avec le départ dans mon village, je savais que c’était une course où (une échappée) pouvait se rendre jusqu’au bout. Nous sommes sortis une beau groupe, avec des gars costauds et des bons rouleurs pour se rendre jusqu’au Ventoux. »
Le groupe s’est réduit à trois coureurs dans l’ascension du géant de Provence et le trio de tête a ensuite attendu le retour des rouleurs Boom et Vandenbergh pour l’aider sur le plat. Encore en jambes, Duchesne a plus tard largué ses coéquipiers d’échappée dans la côte de la Roque-d’Anthéron, un col de deuxième catégorie situé à un peu plus d’une trentaine de kilomètres de l’arrivée.
« Je n’ai pas trop perdu de temps dans la montée et il y avait des passages à 20%-22%. Les jambes faisaient vraiment mal, mais bon, à des endroits comme ça, ça fait mal à tout le monde. J’étais dans une bonne allure pour me rendre loin. »
L’athlète a poursuivi son numéro en solo malgré un vent de face avant la montée finale et ce n’est qu’à environ 15 kilomètres de l’arrivée qu’il a été rattrapé par le Kazakh Alexey Lutsenko (Astana). « J’étais à la fin de mes forces, mais il m’en restait encore et j’avais la motivation. »
À un rond-point, Lutsenko a tourné à gauche et Duchesne a opté pour la droite, ce qui s’avérera une erreur de sa part.
« La distance à faire était plus longue sur la droite et à la sortie du rond-point, j’étais à 50 m ou 100 m derrière lui. J’étais moins lucide et à cause de la fatigue, je n’ai jamais pu revenir sur lui. Je pense que j’étais battu pour la gagne, mais la deuxième place était très jouable », croit celui qui rate le maillot de meilleur grimpeur par 4 points.
Lutsenko a immédiatement pris la tête de la course pour se rendre jusqu’à la ligne et s’adjuger la victoire d’étape grâce à une avance de 21 secondes sur le groupe des poursuivants. En plus de cette victoire, le Kazakh pointe désormais à 6 secondes du maillot jaune au classement général, l’Australien Michael Matthews (Orica-GreenEdge).
Dur envers lui-même, le cycliste de 24 ans sent tout de même qu’il était à sa place. « Tout n’est pas vain. Je n’ai pas raté ce résultat à cause d’une panne de jambes, mais à cause d’une connerie technique. »
Invité à commenter la prestation de son colocataire et partenaire d’entraînement, Hugo Houle était moins sévère. « J’ai pu voir sa belle échappée à la télé! Il a fait une super belle performance et il a de quoi être fier! »
Les favoris de la « course au soleil », qui se conclut dimanche, ont escaladé de concert le Géant de Provence, escaladé aux deux tiers jusqu'au Chalet Reynard. Ils se sont jaugés ensuite dans le mur de la Roque d'Anthéron, à l'entrée des 40 derniers kilomètres, sans insister.
Si Lutsenko s'est rapproché à 6 secondes au classement général, Matthews a réalisé la bonne opération du jour. Il a accru son avance de 4 secondes supplémentaires, par la bonification allouée au troisième de l'étape, et a répété qu'il croyait en ses chances de victoire finale malgré ses limites affichées jusqu'à présent en montagne.
« Je suis confiant. Si j'ai des bonnes jambes dans la Madone d'Utelle, ça devrait aller », a estimé le porteur du maillot jaune à propos de la septième et dernière ascension de la prochaine étape qui se conclut par une montée longue (15,3 km) mais d'une pente modérée (5,7 %) hormis dans les derniers hectomètres.
« Je ne pense pas qu'il y aura des écarts importants mais Paris-Nice va se jouer demain (samedi) », a confirmé le grimpeur français Romain Bardet, l'un des candidats au podium dès lors que les positions sont très resserrées avant les deux dernières journées.
La tactique de Lutsenko
« Tout le monde avait en tête la prochaine étape », a ajouté l'Auvergnat au sujet de l'étape de Salon-de-Provence longue de 198 kilomètres. « Il y avait pas mal de vent, c'était nerveux mais, finalement, pas grand chose ne s'est passé » pour la victoire finale.
Champion national du contre-la-montre, le Kazakh a tenu bon jusqu'à la ligne. « J'ai attaqué sur le haut de la dernière côte (à 28 km de l'arrivée) et j'ai continué, c'est une tactique qui me réussit », a relevé Lutsenko, qui s'était imposé de la même manière, l'an dernier, dans une étape du Tour de Suisse.
Vainqueur du championnat du monde espoirs (moins de 23 ans) en 2012, devant le Français Bryan Coquard, alors qu'il était âgé de 20 ans, Lutsenko a eu un mot aussi pour son compatriote Andrei Kivilev, victime d'une chute mortelle dans l'édition 2003 de Paris-Nice.
Samedi, l'avant-dernière étape, la plus dure de la semaine, relie Nice à la Madonne d'Utelle, en surplomb de la vallée de la Vésubie, avec sept ascensions au programme des 177 kilomètres. L'arrivée est jugée à 1165 mètres d'altitude.