LE PONT-DU-GARD (AFP) - La mort du Kazakh Andrei Kivilev, mercredi matin, au lendemain de sa chute sur la route de Saint-Etienne a endeuillé la course cycliste Paris-Nice (sud-est) dont la troisième étape a été neutralisée par les coureurs.

Kivilev, 29 ans, est décédé à l'hôpital de Saint-Etienne où une opération de dernière chance tentée dans la nuit n'a pas donné de résultat.

La confirmation de son décès, le premier d'un coureur de l'élite survenu en course depuis quatre ans, a été donnée par le Dr Jean-Jacques Menuet, médecin de l'équipe Cofidis, avant le départ de l'étape au Puy-en-Velay.

Le peloton de Paris-Nice a observé une émouvante minute de silence à la mémoire de celui qui avait terminé quatrième du Tour de France 2001, "un garçon charmant", d'une grande gentillesse de l'avis général.

Puis, les coureurs ont pris à vélo le départ des 192,5 kilomètres sans disputer la course suivant l'initiative de Richard Virenque, un des premiers à présenter ses condoléances à l'équipe Cofidis.

Un semblable mouvement avait eu lieu dans le Tour de France 1995, au lendemain du décès du coureur italien Fabio Casartelli, qui avait provoqué une énorme vague d'émotion.

Le casque en question

Le Dr Menuet, qui en a appelé aux autorités du cyclisme, a déploré que les coureurs professionnels n'aient pas l'obligation de porter un casque.

"Un casque aurait très vraisemblablement diminué les lésions", a estimé le médecin en soulignant que la localisation de la fracture du crâne de Kivilev correspondait à un endroit protégé par le casque.

Le casque, obligatoire pour les autres catégories de coureurs, est seulement conseillé par l'Union cycliste internationale (UCI) pour les coureurs du peloton élite.

L'UCI avait tenté d'imposer le port obligatoire du casque en 1991. Mais les coureurs professionnels avaient engagé un mouvement de protestation, sur Paris-Nice puis sur le Tour de France, afin d'obtenir la liberté de choix de le porter, en fonction des circonstances de course et des conditions météo.

Dans la caravane et le peloton de Paris-Nice, la fatalité a été le plus souvent mise en cause dans les conséquences tragiques de la chute de Kivilev qui est tombé face contre terre sur ses routes d'entraînement, à quelques kilomètres de son domicile de Sorbiers (Loire).

Le port de l'oreillette n'a pas été réellement remis en question bien qu'il semble que Kivilev ait eu les deux mains dans le dos au moment de sa chute pour un réglage radio.

Une chute ordinaire

"On fait mille choses dangereuses pendant une course, mille gestes qui peuvent provoquer une chute", a rappelé l'ancien champion français Laurent Fignon. "Il ne faut pas chercher autre chose que la malchance".

Marc Madiot, le directeur sportif de l'équipe fdjeux.com, a évoqué lui aussi la fatalité: "On n'était pas dans une phase de course dangereuse au moment de la chute, on allait attaquer la dernière difficulté, dans un faux-plat montant. L'allure n'était pas rapide."

Le directeur sportif de Cofidis, Francis Van Londersele, a parlé d'une "chute ordinaire", mais "aux conséquences dramatiques, incommensurables" pour un coureur qui était marié et père de Léonard, un petit garçon âgé de six mois.

Arrivé en France en mai 1997, à l'EC Saint-Etienne comme son compatriote Alexandre Vinokourov, Kivilev avait accompli sa carrière professionnelle dans des équipes françaises.

Excellent grimpeur, il avait obtenu à plusieurs reprises des places d'honneur dans les épreuves par étapes (4e de Paris-Nice 2002, 5e du Dauphiné 2001 et 2002).

Ses coéquipiers, prévenus dès mardi soir de la gravité de l'accident, ont préféré continuer Paris-Nice pour surmonter ensemble le choc terrible qui a jeté un voile noir sur la "course au soleil".