Une pierre manquait à la couronne d'Ineos: dix ans après avoir été sacrée dans le prestigieux Tour de France, l'équipe dominante de la décennie a conquis la reine des classiques, Paris-Roubaix, grâce à Dylan van Baarle et une tactique agressive.

« Soyons honnêtes, je pense que le Tour de France et Paris-Roubaix sont les deux courses les plus importantes de notre sport », savoure après l'arrivée le patron de l'équipe, Dave Brailsford.

Une heure plus tôt, sa course le long de la piste pour se jeter dans les bras de son coureur néerlandais disait déjà toute sa joie.

« Pour une équipe comme la nôtre qui existe depuis aussi longtemps, ne pas avoir Paris-Roubaix dans notre palmarès aurait été vraiment dommage, si nous ne l'avions jamais fait », reconnaît Sir Dave.

Son équipe a déjà accroché à son tableau de chasse des monuments, ces courses d'un jour les plus prestigieuses: Liège-Bastogne-Liège en 2016 avec un autre Néerlandais, Wouter Poels, puis Milan-Sanremo un an plus tard avec le Polonais Michal Kwiatkowski.

Le coup du sort Moscon à l'automne

La reine des classiques ne leur a jamais souri jusqu'à dimanche. Surtout l'automne dernier quand l'Italien Gianni Moscon, qui volait vers le succès, a crevé puis chuté pour terminer quatrième.

« Je pensais vraiment que nous allions gagner l'année dernière, se souvient Brailsford. Alors quand Dylan est parti, je me suis dit que les vingt derniers kilomètres seraient longs. »

Avant Moscon, Ian Stannard avait bien glané un podium en 2016. Mais Geraint Thomas (7e en 2014) comme Bradley Wiggins (9e en 2014 puis 18e en 2015), qui en avait fait le dernier défi de sa carrière, s'y étaient cassé les dents.

Voilà cette lacune comblée, sous les yeux de celui qui avait déniaisé l'ex-team Sky dans la Grande Boucle en 2012, Bradley Wiggins, désormais consultant sur la moto pour Eurosport. « Wiggo » qui affichait une couche aussi épaisse de flegme que de poussière à l'arrivée.

« Que pensez-vous de ce succès, enfin, de votre ex-équipe à Roubaix, vous qui avez remporté le premier Tour de France de cette équipe ?  J'ai fait ça, moi ? », a-t-il rétorqué.

En dix ans, Sky devenue Ineos a changé de visage. Après avoir rempli les livres de palmarès -– un seul Tour de France lui a échappé de 2012 à 2019 -–, l'équipe britannique a revu sa tactique de rouleau-compresseur.

Pour contrer Jumbo qui a repris le rôle ? Brailsford répond que sa formation britannique veut courir comme le Brésil joue au football.

Courir comme joue le Brésil

« Nous avons juste senti que la façon dont nous avons couru le Giro 2020 était si rafraîchissante, tout le monde l'a apprécié et c'était un peu plus dynamique, a-t-il expliqué dimanche. Si vous voulez gagner beaucoup, est-ce que vous voulez le faire comme le Brésil ou l'Allemagne (en football, ndlr) ? Alors pourquoi ne pas s'entraîner comme l'Allemagne et jouer comme le Brésil ? C'est ce que nous essayons de faire. »

Dimanche, Ineos a scindé le peloton à 210 kilomètres de l'arrivée en accélérant lors d'un moment d'exposition à un fort vent de côté tout en plaçant ses sept coureurs à l'avant.

« Les gars étaient préparés pour des bordures, on l'avait analysé, » explique à l'AFP le directeur sportif Servais Knaven, lui-même ancien vainqueur à Roubaix en 2001.

« Luke Rowe a pris la décision de créer une bordure. Une brillante décision », loue Brailsford. Même si les deux pelotons se sont regroupés avant la trouée d'Arenberg, à une centaine de kilomètre de l'arrivée, ces heures de course-poursuite ont usé leurs concurrents.

« C'est toujours mieux de rouler devant, juge Servais Knaven. Ca a été la clé de ce succès. Cela a coûté beaucoup d'énergie à l'équipe mais ils en ont perdu beaucoup plus derrière. Alpecin a dû brûler presque toutes ses cartouches et la Française des Jeux aussi. »

« Je n’avais pas les mêmes jambes que l’an dernier » - Guillaume Boivin

Guillaume Boivin avait conclu la saison 2021 avec une performance éclatante à Paris-Roubaix en prenant le neuvième rang à cette course mythique. Le cycliste d’Israel – Premier Tech était de retour sur les pavés français dimanche alors qu’il a, cette fois, terminé 62e au terme de près de six heures d’effort.

Affecté par un virus au cours des dernières semaines, Boivin se doutait que sa forme ne serait pas au maximum à l’approche de cette course difficile physiquement. Il ne voulait toutefois pas rater l’occasion de participer à Paris-Roubaix et il a profité de chaque moment.

« C’était une grosse journée ! J’ai bien commencé, mais j’ai eu trois crevaisons pendant la course. C’est un peu dommage. Avec la forme qui revient tranquillement, mais qui n’est toujours pas au maximum, il aurait fallu une course parfaite, sans anicroche, pour obtenir un excellent résultat », a mentionné Boivin en entrevue avec Sportcom.

« C’est une course qui est vraiment spéciale et que j’aime particulièrement. Avec ma grippe d’il y a deux semaines, je n’avais pas le choix de réduire mes attentes. Je n’étais pas en mauvaise forme, mais je n’avais pas les mêmes jambes que l’an dernier. J’ai déjà hâte de revenir à Paris-Roubaix l’année prochaine. »

Boivin a terminé avec 15 minutes 28 secondes de retard sur le vainqueur. Il a été le deuxième membre de son équipe à franchir la ligne d’arrivée derrière le Belge Jenthe Biermans (+6 minutes 58 secondes), qui a pris le 36e échelon.

« Notre groupe a vraiment été décimé par la maladie dans les dernières semaines. Il n’y avait personne au sommet de sa forme, Sep Vanmarcke n’a même pas été capable de prendre le départ. Jenthe Biermans et moi, on se sentait assez bien pour s’essayer, mais ça n’a pas été facile », a ajouté Boivin.

LLa météo complique les choses en Turquie

Après une trentaine de kilomètres de course à Istanbul, la dernière étape du Tour de Turquie a été annulée en raison des conditions météo. Le classement général demeure donc le même qu’après la septième étape.

Le Québécois Nickolas Zukowsky (Human Powered Health) termine la semaine au 65e rang alors que le Tour a été remporté par l’Australien Patrick Bevin (Israel – Premier Tech).