TIGNES - Neuf jours de course ont accru le suspense dans le Tour de France dont les favoris théoriques, le Kazakh Alexandre Vinokourov et l'Allemand Andreas Klöden, sont descendus, provisoirement, au niveau d'une bonne douzaine de prétendants au podium.

A la veille de la grande étape des Alpes, qui promet d'intéresser jusqu'au président de la République Nicolas Sarkozy, en visite mardi sur le Tour, les coureurs se sont "reposés" à Tignes. Le temps de se dégourdir les jambes sur les pentes de l'Iseran, ruisselantes de soleil, et de faire le point après les deux premières journées de montagne.

Les adversaires de Vinokourov et Klöden ont-ils perdu une occasion en or dans la montée vers Tignes ?

Le champion de France Christophe Moreau a regretté le manque de soutien de ses compagnons. Son directeur sportif, Vincent Lavenu, aussi: "A mon avis, (Alejandro) Valverde a commis une petite erreur. C'était une opportunité."

"Attaquer dans la dernière montée, c'était prendre un risque. On a bien couru", a rétorqué le coureur espagnol.
Dans les autres équipes, chacun a trouvé de bonnes raisons d'avoir agi avec prudence. Ainsi, la CSC a-t-elle rappelé que son leader était l'Espagnol Carlos Sastre, longtemps au niveau de Vinokourov et Klöden, et non le grimpeur luxembourgeois, qui se trouvait au niveau de Moreau.

Combien de coureurs sont-ils encore dans le coup ?
"Pour le classement général, dix à quinze coureurs sont toujours là", compte Lavenu. Si l'on excepte le maillot jaune du grimpeur danois Michael Rasmussen, les favoris se tiennent dans une fourchette encore réduite, 74 secondes entre l'Espagnol Iban Mayo (3e) et l'Américain Levi Leipheimer (13e).

Quant à Vinokourov (22e), son retard sur Mayo reste inférieur à trois minutes alors que le Tour doit encore digérer un dur menu pyrénéen (trois étapes) et deux longs contre-la-montre. En plus de la prochaine étape menant à Briançon.

"Klöden est celui qui a le plus d'arguments pour la victoire finale", estime Eusebio Unzue, directeur sportif de la Caisse d'Epargne. "La prochaine étape sera décisive. Si Astana voit que Vinokourov a perdu, Klöden pourra jouer sa carte".

Quelle équipe est la plus forte ?

"Dans l'avant-dernier col de l'étape de Tignes, il y avait encore 8 Astana dans un peloton de 45 coureurs. Et leur neuvième coureur était à l'avant, dans l'échappée", note Vincent Lavenu. "Leur force collective est évidente".

Surreprésentée dans le premier col du Tour (Colombière), samedi dernier, l'équipe Caisse d'Epargne joue sensiblement au même niveau. Mais Oscar Pereiro, son coleader à côté de Valverde, préfère insister sur la puissance de la formation Rabobank: "Dans la montagne, ils ont Boogerd, Weening, Menchov, Rasmussen, Dekker."

Par rapport à ces armadas, l'équipe AG2R de Moreau semble moins bien armée. Vincent Lavenu reconnaît que son groupe se situe un ton en-dessous par rapport à l'année passée.

Qu'attendre de la prochaine étape (le Galibier avant Briançon) ?

Malgré la difficulté du grand col alpestre, unaniment considéré comme un "gros morceau", Pereiro s'interroge sur la tournure que peut prendre cette neuvième étape, longue de 159,5 kilomètres.

"Elle aurait pu être dangereuse si la Rabobank n'avait pas le maillot jaune. Car elle a les coureurs pour bouger. Du coup, la situation sera très différente", estime l'Espagnol, deuxième du Tour 2006.

"C'est le comportement de Vinokourov qui risque d'être déterminant", précise son directeur sportif Eusebio Unzue. "Chaque jour qui passe est bon pour lui". En d'autres termes, la prochaine journée représente sans doute la dernière opportunité pour mettre en difficulté le favori du Tour, blessé jeudi dernier, avant qu'il récupère l'intégralité de ses moyens.