COMPIEGNE  - Au-delà des innovations technologiques, rares ces derniers temps, Paris-Roubaix, qui fête dimanche sa 111e édition, reste avant tout une course d'hommes passionnés, durs au mal, et les petits arrangements pour mieux franchir les pavés ne sont que des détails.

Des anciens vainqueurs aux ambitieux d'aujourd'hui, le constat est unamine: c'est bien l'huile de coude qui importe, notamment dans les ultimes portions pavées quand les corps se craquèlent.

"La fourche téléscopique ? Je l'ai utilisée en 1991. Mais ce n'est pas elle qui m'a fait gagner. Elle m'a apporté un confort supplémentaire", souligne Gilbert Duclos-Lassalle, double lauréat en 1992 et 1993.

"Le temps des essais est terminé. On est revenu à des vélos plus traditionnels, même s'ils sont un peu plus longs. Ca permet d'avoir le poids du coureur au milieu du cadre et donc une meilleure stabilité sur les pavés, avec une fourche plus longue pour absorber les chocs et des pneus un peu plus gros", rappelle "Duclos".

Et le Pyrénéen d'ajouter: "Bien sûr, chacun a ses petits arrangements. Mais on ne peut pas parler de secret. Moi, à l'intérieur des gants, je mettais une petite mousse pour avoir un peu plus de souplesse sur le guidon. Mais pas de double épaisseur de guidoline (le ruban sur le cintre, ndlr). La doubler, c'est non seulement alourdir le guidon, mais aussi moins le sentir."

Trois Québécois participeront à cette importante course de vélo soit David Veilleux (Europcar), Hugo Houle (AG2R) et Guillaume Boivin (Cannondale). Une telle représentation québécoise est un fait rarissime dans le monde du cyclisme. À l’origine, il aurait même dû y en avoir quatre, mais Dominique Rollin (FDJ) se remet actuellement d’une infection aux poumons.

Mains nues

L'an dernier, Tom Boonen, quadruple lauréat égalant le record de Roger de Vlaeminck, autre Flandrien, avait couru sans gants pour mieux percevoir les sensations de son destrier à deux roues. "Moi je cours avec les gants, en pensant à une chute", remarque le Français Sébastien Turgot, dauphin du Belge en 2012 sur le vélodrome roubaisien.

L'Irlandais Sean Kelly, qui a remporté deux fois (1984 et 1986) Paris-Roubaix, portait un bandage aux poignets. "C'était peut-être mon talon d'Achille et ça me rassurait. Car, à la fin, c'est tout le corps qui souffre, alors on ne fait plus attention aux détails", indique l'ancien rouleur-sprinteur.

Les petits freins de VTT sur la potence, pour une meilleure réactivité, les freins à disque à l'avant, des boyaux gonflés pour moitié à l'azote sont autant de secrets "éventés".

"C'est avant tout dans la tête et dans les jambes que se fait la différence. L'aimer et se faire mal, voilà la recette", remarque Frédéric Guesdon, le dernier Français à avoir gagné la "reine des classiques" le 13 avril 1997.

Un des favoris, le jeune (22 ans) américain Taylor Phinney, estime que la nature aide notablement les grands gabarits, des rouleurs tout en puissance, qui absorbent mieux les chocs. "On parcourt ainsi les secteurs pavés d'une telle manière qu'on se fatigue moins. Ton corps bouge le moins possible, tu es plus en confort."