PARIS (AP) - Malgré l'absence de Lance Armstrong, qui avait écrasé le Tour pendant sept ans, c'est un nouvel Américain, Floyd Landis, qui est monté dimanche à Paris sur la première marche du podium du Tour de France.

Les succès de Greg LeMond, Lance Armstrong et Landis peuvent faire douter les écoles européennes qui ont dominé la Grande Boucle jusqu'aux années 1990. Depuis 1986 et le premier des trois succès de Greg LeMond, les Américains ont remporté 10 des 21 Tours de France disputés.

"Dans le cyclisme, il y a toujours eu des évolutions en matière de méthodes d'entraînement, de matériel, d'alimentation. Mais depuis une vingtaine d'années, elles se font sous l'influence des nouveaux champions, et ces nouveaux champions sont nord-américains plutôt qu'européens", reconnaît Jean-Marie Leblanc, le patron du Tour de France.

"Comme on le sait tous, les Américains sont toujours un peu en avance sur les Européens. Il y a eu une accélération du modernisme, mais plus sous la férule d'Armstrong, que sous LeMond ou Landis qui sont plus 'européanisés', qui sont empreints de culture européenne", ajoute-t-il.

En 1986, pour remporter sa première victoire, LeMond avait hérité d'une équipe structurée, celle de "La Vie Claire", qui avait permis l'année précédente à Bernard Hinault de s'imposer pour sa cinquième et dernière victoire. Armstrong a conforté la tendance en dictant sa loi à US Postal et au peloton. Landis, ex-lieutenant d'Armstrong, a lui aussi une équipe dévouée, la Phonak, à l'image de son coéquipier Axel Merckx.

"Bien sûr, il y a un risque en misant tout sur une seule et même personne. Mais de nombreuses équipes commettent des erreurs en n'adoptant pas ce système", souligne Landis, qui reconnaît avoir beaucoup appris aux côtés d'Armstrong entre 2002 et 2004.

"J'ai eu de la chance d'avoir pu courir le Tour avec lui avec l'objectif de le gagner. C'est une expérience que peu de gens ont eu l'occasion de vivre: être dans une équipe qui a l'objectif absolu de le gagner en ne cessant jamais de croire que c'était possible", indique Landis.

"Armstrong a beaucoup apporté au sport cycliste. Il a apporté ses exigences en matière d'entraînement, de diététique, d'équipement, et aussi dans la gestion de l'équipe, souvent autoritaire. Nous en avons tous profité", a déclaré Leblanc.

"Armstrong est un pragmatique, un vainqueur déterminé, un Texan au caractère fait de volonté et d'exigence, qui n'a guère de temps à consacrer au romantisme. C'est un gagnant, ajoute Leblanc. C'est la seule chose qu'on a pu regretter (avec Armstrong): gagner, gagner, toujours gagner, c'est bien, mais il faut aussi du panache."

Le patron du Tour ne peut donc que se réjouir de la victoire de Landis, mémorable à la fois dans la défaillance et dans l'exploit.