SUPER-BESSE - Riccardo Ricco, frêle grimpeur de 24 ans à la langue bien pendue, est surnommé le cobra, pour sa morsure souvent vénéneuse dans les derniers mètres d'une arrivée en montagne.

Mais dans ses rêves, c'est un "Pirate" qu'il aurait voulu être, à l'exemple de son idole Marco Pantani, l'Italien au bandana qui volait en montagne.

Jeudi à Super-Besse, le leader de Saunier Duval a refait le coup du cobra: il a "mordu" Alejandro Valverde quand l'Espagnol a hésité de minuscules secondes au moment où Oscar Pereiro venait de lui dérouler un énorme relais.

Ricco, caractère de feu, du genre "je dis ce que je pense et je fais ce que je dis", coureur au tempérament volcanique que certains voient comme un présomptueux, d'autres comme un exalté, peut se dire que le Pirate, le vrai, là-haut dans le ciel, serait fier de lui.

Triple vainqueur d'étape sur le Giro (2007, 2008), notamment aux mythiques Trois Cimes de Lavaredo, maintenant victorieux au Tour, le coureur né près de Modène mais basé à Rimini a désormais des références légitimes pour l'ouvrir.

"Parfois, je ferais mieux de réfléchir avant de parler, dit-il, mais je ne veux pas me brimer, c'est aussi l'instinct qui me rend fort sur la route."

Porté aux nues

Fiancé à Vania Rossi, championne italienne de VTT, celui qui s'entraîne sur les même routes que Pantani, en Romagne, possède les qualités du vrai grimpeur. Gabarit de poche, il sait tenir le train le temps qu'il faut avant de laisser sur place ses rivaux, de les "sauter" sans pitié.

Porté aux nues en Italie par une presse qui aime son panache naturel et -bien sûr- ses déclarations fracassantes, Ricco a bien failli ne jamais connaître les joies et les peines du coureur pro. Chez les amateurs, son hématocrite naturellement élevé en faisait en effet un coureur suspect.

Lors du dernier Giro, ses piques envers Alberto Contador, qu'il accusait de ne pas être parti en vacances avant le Giro mais bien de s'être entraîné en cachette, resteront en tout cas célèbres pour leur franchise.

Ce Giro, où il fut l'objet de toutes les attentions, ne l'a pas laissé indemne et le "cobra" ne semble pas vouloir rentrer dans le même jeu sur le Tour de France, même si la carotte est plus alléchante encore.

"J'ai déjà connu le stress du classement général sur le Giro. Donc là, je ne veux me mettre aucune pression et je ne veux pas penser au général, on verra au jour le jour."

A l'écouter, son voeu le plus cher désormais n'est pas forcément de doubler la mise mais plutôt d'aider un coéquipier. "J'ai gagné une étape, j'ai rempli mon objectif, dit-il. Maintenant je veux aider Piepoli à gagner une étape. Il m'a aidé aujourd'hui, il m'a aidé au Giro, à moi de l'aider maintenant."

Là encore, le Pirate serait fier de son héritier.