SESTRIERES (AFP) - L'Italien Paolo Savoldelli (Discovery Channel) a sauvé son maillot rose de leader du Tour d'Italie cycliste, samedi, au bout d'un suspens qui s'est prolongé jusqu'à la montée d'arrivée à Sestrières (190 km).

Cette étape, la 19e et avant-dernière du Giro, a tourné à l'avantage de la révélation de la course rose, le Vénézuélien José Rujano (Selle Italia), qui s'est assuré une place sur le podium dimanche à Milan.

Rujano, un poids plume de 1,62 m pour 49 kg, a distancé dans les 5 derniers kilomètres l'Italien Gilberto Simoni qui a tenté le tout pour le tout pour faire basculer le Giro en sa faveur.

Simoni, qui comptait 2 min 09 sec de retard au départ de Savigliano, a attaqué sur les premières rampes du col de la Finestre, à 45 kilomètres de l'arrivée. Un match haletant s'est engagé sur les pentes terribles de ce col grandissime, une route étroite serpentant dans la forêt au-dessus du val de Suse.

A l'avant, Simoni a trouvé un concours efficace auprès de son compatriote Danilo Di Luca, intéressé par la victoire d'étape et une place sur le podium.

L'écart sur Savoldelli, qui a été aidé seulement dans la partie finale par le Colombien Mauricio Ardila, a grandi au fil des... 45 lacets (18,5 km d'ascension). Il a culminé à 2 min 23 sec au sommet, à 26 kilomètres de l'arrivée, ce qui octroyait à Simoni un maillot rose tout à fait virtuel.

La surprise du siècle

Di Luca, Simoni, Rujano) a perdu une trentaine de secondes sur le duo Savoldelli-Ardila qui a récupéré peu après les coureurs intercalés (Honchar et Van Huffel puis Valjavec et Garate), étouffés par le rythme infernal de Di Luca dans la montée.

Au pied de la large route menant à la station de Sestrières, Savoldelli -remarquable de maîtrise- et ses compagnons se sont rapprochés à une minute et demie de Simoni et Rujano, seuls en tête après que Di Luca eut été retardé par des crampes. A moins de 5 kilomètres de l'arrivée, Simoni à son tour a ralenti pendant quelques instants pour s'asperger le visage et a laissé partir Rujano vers le succès d'étape.

Trop heureux de ce succès, le deuxième du cyclisme vénézuélien dans le Giro après celui de Leonardo Sierra en 1990, Rujano a même réduit l'allure avant de franchir la ligne afin de savourer le moment.

"J'ai manqué d'expérience, j'ai souffert de la faim dans les derniers kilomètres", a raconté ensuite le grimpeur de la modeste équipe Selle Italia (invitée sur le Giro), passé tout près d'un étourdissant KO.

Rujano, quasiment inconnu au départ du Tour d'Italie, a failli provoquer la surprise du siècle. Assuré d'enlever le classement de la montagne, il a surtout accédé à la troisième place du classement général, à seulement 45 secondes de Savoldelli (et à 17 secondes de Simoni), avant la dernière étape menant d'Albese -la ville de Fabio Casartelli, victime d'une chute mortelle dans le Tour de France 1995- à Milan.

Sauf accident, un nouveau maillot rose dans le Giro attend Savoldelli au bout de cette formalité de 119 kilomètres. Le Bergamasque (32 ans) a cumulé les ennuis (accident, problèmes de santé) depuis son succès de 2002. Jusqu'à ce retour au premier plan qui le place au niveau de son dauphin, Simoni, qui aura au moins tout tenté dans une course passionnante pour arracher une troisième victoire.