L'Equatorien Richard Carapaz enlève la 8e étape en Italie et Chris Froome chute
Cyclisme samedi, 12 mai 2018. 11:27 samedi, 14 déc. 2024. 17:47Le Giro s'avère très glissant pour le quadruple vainqueur du Tour, le Britannique Chris Froome, qui a chuté une nouvelle fois samedi dans la 8e étape gagnée au sanctuaire de Montevergine (sud) par Richard Carapaz, premier Equatorien vainqueur dans un grand tour.
Froome a limité la casse en terminant l'étape dans le groupe des favoris, à 7 secondes du vainqueur. Mais sa chute sous l'orage à 5500 mètres de la ligne d'arrivée, une glissade de la roue arrière dans un des nombreux lacets de la montée finale, a aggravé la situation pour celui qui n'a plus couru le Giro depuis 2010.
Sa (re)découverte de la course est loin d'être rassurante pour le chef de file de l'équipe Sky. Il a chuté au matin du premier jour lors de la reconnaissance du contre-la-montre de Jérusalem, il a perdu du temps dans l'arrivée ultra-nerveuse de Caltagirone (4e étape) et a souffert ensuite sur les pentes de l'Etna (6e étape).
A le voir faire la moue en franchissant la ligne installée au sanctuaire de Montevergine di Mercogliano, sous la pluie battante de l'arrière-pays napolitain, le doute est présent dans la tête de Froome, qui a chuté sur le même côté (droit) qu'à Jérusalem. Même si le retard au classement (1 min 10 sec) ne le condamne pas encore.
A l'inverse du Britannique, son compatriote mais adversaire Simon Yates affiche une mine rayonnante. Le porteur du maillot rose a contrôlé la situation dans la longue montée de Montevergine, 17 kilomètres serpentant dans les forêts de hêtres et de châtaigniers, une région jadis peuplée par les loups.
Les favoris se sont observés jusqu'aux derniers hectomètres et le sprint lancé par Thibaut Pinot, troisième sur la ligne dans le sillage de l'Italien Davide Formolo. En prenant une bonification, le Français a grignoté une place au classement (4e désormais), à 41 secondes du maillot rose.
« La première partie de la course était très difficile même si Nathan Brown, Hugh Carthy et Joe Dombrowski couvraient les mouvements. J'étais assez fatigué à la fin de la première heure et demie. Je me sentais bien, mais je souffre de très mauvaises allergies saisonnières, alors ça m’a vraiment dérangé. Normalement, j’aurais pu bien faire sur cette étape », a raconté le Québécois.
Le plan original de l’équipe de Woods était de mettre un de leurs coureurs dans l’échappée, ce qui ne s’est pas produit. « J'étais le plan B. Au milieu de la course, nous avons décidé de ne pas contrôler. J'ai suggéré que nous devrions conserver l’énergie des gars pour voir ce que je pourrais faire à la fin. »
De son côté, le Montréalais Guillaume Boivin (Israel Cycling Academy) pointe au 122e échelon dans un groupe de 28 participants à 16 minutes 28 secondes du vainqueur. Son coéquipier espagnol Ruben Plaza a signé le meilleur résultat de la formation avec une 41e place.
Woods (+1 minute 39 secondes) est passé du 13e au 12e rang. Boivin (+42 minutes 24 secondes) est pour sa part descendu de la 83e à la 93e place.
« Compte tenu des circonstances, je suis content de la façon dont ça s'est joué, a dit Woods. J'aurais aimé avoir une chance de disputer la victoire, mais la façon dont la montée était faite, ça ne me convenait pas. Je suis plutôt content de ne pas avoir perdu de temps. »
Les cyclistes seront de retour en action dimanche, pour la neuvième étape longue de 225 kilomètres entre Pesco Sannita et Gran Sasso d’Italia.
« J'espère me sentir mieux et essayer de surmonter ces problèmes de sinus et de toux. Si je me sens bien, je pense que je peux avoir un bon résultat et monter de quelques places au classement général », a conclu Woods.
Carapaz premier Equatorien
« Tout s'est bien passé », a commenté Yates à côté de son compère colombien Esteban Chaves, troisième au classement. Il s'est rapidement tourné vers la prochaine étape qui se conclut par « une montée beaucoup plus difficile » pour rejoindre le Gran Sasso d'Italia.
« Si je peux attaquer, je le ferai », a promis le maillot rose à propos de cette longue étape de 225 kilomètres à travers le massif des Abruzzes. Dans l'ultime ascension, le Pirate Marco Pantani avait dominé ses adversaires en 1999, quelques jours avant d'être exclu du Giro suite à un test sanguin.
Pour atteindre l'altitude de 2135 mètres, la route grimpe sur 26,5 kilomètres. La pente se raidit sur les 4500 derniers mètres pour arriver sur le site de Campo Imperatore, où Mussolini avait été libéré de sa prison en 1943 par le commando SS d'Otto Skorzeny.
Froome, qui n'a plus de droit à l'erreur, jouera gros dans cette étape que Carapaz, vainqueur inattendu à Montevergine, abordera dans l'euphorie. Déjà porteur du maillot blanc de meilleur jeune, le jeune Equatorien (24 ans) a signé le premier succès majeur d'un coureur de son pays au plus haut niveau.
« Je savais que je devais essayer de loin, avant le sprint », a raconté Carapaz à propos de son démarrage porté à 1400 mètres de la ligne, avant qu'il rejoigne sous la flamme rouge le dernier rescapé de l'échappée initiale (Bouwman). "J'ai du mal à croire ce que j'ai fait !"