Est-ce la bonne année ? Le profil montagneux du parcours, la part limitée des contre-la-montre et surtout les contretemps de plusieurs favoris ouvrent un peu plus le Tour aux coureurs français même si Thibaut Pinot et Romain Bardet ont leurs points faibles.

Les techniciens étrangers interrogés par l'AFP insistent sur les qualités des deux coureurs, sans s'appesantir sur leurs handicaps : la fragilité pour Thibaut Pinot, qui craint par-dessus tout de tomber malade pendant la course, l'entourage affaibli pour Romain Bardet après la succession de chutes qui le prive de coéquipiers essentiels (Latour, Dillier) et risque de transformer son Tour en course-handicap dès le deuxième jour après le contre-la-montre par équipes.

«Ce sont deux coureurs de haut niveau, estime l'Italien Roberto Damiani qui dirige l'équipe Cofidis. Ce sont des champions, ils ont la qualité pour être sur le podium du Tour, renchérit le Belge Dirk DeMol, son homologue de l'équipe Katusha. Ineos est très fort mais ce peut être, en l'absence de Froome, un Tour ouvert. A eux de saisir leur chance».

Comment courir? À entendre les responsables d'équipe, la solution passe par un coup d'audace... intelligemment programmé. «Il faut calculer et risquer. Beaucoup de coureurs calculent, calculent mais ne prennent pas de risques», note DeMol.

Dénicher la bonne tactique

«Souvent, les coureurs du classement général sont bloqués, ils veulent suivre et cherchent à ne pas perdre de temps, confirme Damiani. Pour moi, il faut aller chercher la chance quelquefois. En France, vous dites +ça passe ou ça casse+. Pour gagner le Tour, il faut prendre des risques».

«C'est à eux d'inventer la tactique, appuie le Kazakh Dmitriy Fofonov, le directeur sportif d'une équipe rivale (Astana) qui préfère rester dans le vague sur les options: Il faut provoquer la chance parfois.»

Pinot ou Bardet ? Bardet ou Pinot ? Les trois directeurs sportifs hésitent. «C'est une question piège, sourit Fofonov. Bardet est un garçon sympa, droit dans les baskets. C'est un attaquant, il n'a pas peur, il joue le jeu comme on dit. Il est plus stable dans ses démarches mais Pinot a eu un autre programme dans le passé, il a montré son potentiel, il a pris de l'expérience».

DeMol finit par trancher: «Pour moi, Pinot, quand on voit comment il a gagné le Tour de Lombardie».

Damiani fait un choix inverse: «Peut-être Bardet qui me semble un peu plus grimpeur. Avant de se reprendre: Ils sont au même niveau, ils ont autant de chances l'un que l'autre. Il faut avoir totalement confiance en ce qu'ils peuvent faire. On parle de podium possible mais, à mon avis, on doit prendre le départ d'un grand tour en pensant qu'il y a possibilité de gagner, même si c'est un pour cent de chance. Et eux ont plus que 1 pour cent...»