MADRID (AFP) - L'Espagnol Alejandro Valverde (Baléares-Caisse d'Epargne), qui a endossé dimanche son premier maillot or sur le Tour d'Espagne cycliste, a confirmé au tiers de la course son statut de favori mais devra compter sur la menace pressante du Kazakh Alexandre Vinokourov.

A 26 ans, il est temps pour Valverde de confirmer sa réputation de "grand espoir" d'un cyclisme espagnol miné par les affaires de dopage et de prendre la relève de Roberto Heras, déclassé de sa cinquième victoire sur la Vuelta-2005.

Frais et hyper-motivé après la blessure qui l'avait écarté prématurément d'un Tour de France où il comptait briller, le coureur de Murcie a effectué un sans faute.

Mercredi, il s'était imposé avec force et caractère dans les derniers hectomètres de la 5e étape, celle des premières cimes.

Dimanche, il a confirmé en terminant 2e de l'étape reine au sommet du col de La Cobertoria (nord-ouest), mais derrière un Vinokourov survolté, avant la journée de repos de lundi.

Revanche

En méforme apparente lors des premières étapes, le Kazakh signait ainsi sa deuxième victoire consécutive. Sa montée en puissance en fait le grand rival de Valverde pour la victoire finale à Madrid le 17 septembre.

Vinokourov pointe désormais 5e au général, à 1 minute et 38 secondes de l'Espagnol, avec lequel il partage l'atout-fraîcheur de ne pas avoir disputé le Tour de France. Et il a faim de revanche.

Le Kazakh a vécu comme une injustice l'éviction de la Grande boucle de son équipe Liberty, éclaboussée par le scandale espagnol de dopage "Puerto" et devenue Astana après le retrait de son parraineur.

Il voue une rancune affichée à son ex-directeur, Manolo Saiz, l'un des principaux impliqués, dont il a dit ne plus vouloir entendre parler.

"Que l'on ne me compare pas avec d'autres coureurs", a lâché Vinokourov, quand on lui parlait de dopage, alors que le Premier ministre Kazakh, Danial Akhmetov, était en Espagne pour accélérer le rachat de la société Active Bay, qui possède la licence Pro-Tour d'Astana.

Joker

Valverde versus Vinokourov: ce duel entre Alexandre devrait se dénouer sur les deux contre-la-montre (14e et 20e étape), et surtout sur les trois dernières grosses étapes de montagne (16e, 17e, 18e).

Distancé, le Kazakh dispose d'un dangereux joker: son jeune compatriote et équipier Andrey Kashechkin, 2e au général à seulement 27 secondes de Valverde, qui semble toutefois encore tendre pour prétendre à la victoire finale.

Comme aux échecs, les deux Kazakhs ont pris dimanche en fourchette l'Espagnol en déclenchant l'offensive à deux, à six kilomètres de la banderole, une tactique qu'il répèteront sans doute dans les prochains cols.

Derrière, d'autres coureurs comme les Espagnols Carlos Sastre (3e à 44 sec) et José Gomez Marchante (4e à 56 sec) sont toujours en lice. Mais ils ont produit de gros efforts sur le Tour de France et montré de premiers signes de faiblesses dans les derniers cols.

Les champions sur tapis vert ont eux littéralement explosé. L'Espagnol Oscar Pereiro, qui devrait être déclaré vainqueur du Tour de France après le futur déclassement pour dopage de l'Américain Floyd Landis, a perdu ses jambes en Espagne et pointe 60e à plus de 39 minutes.

Idem pour le Russe Menchov, déclaré vainqueur de la dernière Vuelta après l'affaire Heras, classé seulement 66e, à 46 minutes de Valverde...