SANREMO (AFP) - Les progrès réalisés par les sprinteurs, à l'image de l'Italien Alessandro Petacchi, vainqueur samedi de Milan-Sanremo, ont transformé la physionomie de la première classique de la saison cycliste dont il ont fait leur chasse gardée.

Angelo Zomegnan, l'organisateur de la Primavera, a relevé le paradoxe à l'issue du sprint d'une cinquantaine de coureurs qui a conclu samedi la 96e édition: "La course la plus longue se joue dans les cent derniers mètres. Est-ce tout à fait normal ?"

La Cipressa, l'avant-dernier obstacle, a été escaladée à une allure-record (selon le chronométrage de la RAI) qui a interdit pratiquement toute attaque. Le Poggio, dernier tremplin pour les attaquants, a donné lieu à plusieurs démarrages. Mais, au sommet, le groupe de tête a précédé de 6 secondes seulement le peloton des sprinteurs (Petacchi, Freire, Boonen, Cipollini, Hondo, Zabel, O'Grady, etc), autant dire un écart insuffisant pour rallier l'arrivée distante de 5700 mètres.

Paolo Bettini, fin tacticien, avait bien compris l'impossibilité de réussir le KO dans les ascensions. C'est au bas de la descente de la Cipressa, à quelque 18 kilomètres de la ligne, que le champion olympique italien a tenté sa chance, en espérant recevoir le renfort d'un petit groupe. Par malheur, seul le valeureux Kazakh Andrey Kaschechkin (un coureur intéressant en devenir) accourut à la rescousse.

Une colline par génération

Pour connaître par coeur cette course qu'il a enlevée en 2003 -la seule des six dernières éditions soustraite aux sprinteurs-, Bettini sait qu'une offensive doit réunir impérativement plusieurs facteurs (la qualité des attaquants, l'entente dans l'échappée, le durcissement de la course auparavant).

Mais, avec deux fortes équipes organisées et confiantes en leurs sprinteurs (Fassa Bortolo pour Petacchi, Rabobank pour Freire), la parole appartenait samedi à la défense.

"J'ai travaillé pour passer le Poggio", a expliqué Petacchi. "Les sprinteurs sont de plus en plus forts", a confirmé son second, l'Allemand Danilo Hondo. "C'est allé à toute vitesse dans la dernière heure", a souligné l'Australien Bradley McGee.

Du coup, les organisateurs reposent la question du parcours, immuable depuis près de 25 ans (hormis le déplacement de la ligne d'arrivée de l'entrée de Sanremo au site traditionnel de la Via Roma).

Pour éviter un scénario se concluant immuablement par un sprint, le Poggio avait été ajouté au début des années 1960, la Cipressa une vingtaine d'années plus tard. Le temps est-il venu, une génération plus tard, d'augmenter les difficultés, de compliquer la tâche des sprinteurs et introduire une donnée supplémentaire?

"Pourquoi pas, on réfléchit à cette question", déclare Angelo Zomegnan qui se dit prêt à envisager toutes les hypothèses dans les 40 derniers kilomètres. Avec, pour tendance marquée, l'introduction d'un nouvel obstacle naturel entre la Cipressa et le Poggio, sur l'une des collines fleuries qui surplombent la somptueuse Riviera du Ponant.