PARIS (AFP) - Floyd Landis, qui a remporté dimanche à Paris le Tour de France cycliste 2006 au terme d'un scénario palpitant, devrait subir à l'automne une opération à la hanche qui confère au coureur américain des allures de champion en sursis.

L'annonce a été faite, le 10 juillet, au pied des Pyrénées: victime d'une chute début 2003 lors d'un entraînement en Californie, le coureur de la Phonak souffre d'une nécrose de la tête fémorale. Un mal synonyme de douleurs aiguës en station debout nécessitant, selon ses médecins, la pose d'une prothèse.

Une simple formalité, ou presque, à en croire le directeur sportif de Landis, John Lelangue. "On a réfléchi à tout ça. L'opération devrait avoir lieu fin septembre, afin de reprendre l'entraînement dès décembre. On sera au Tour 2007 avec le même objectif qu'en 2006", jurait samedi John Lelangue, dans l'euphorie de la zone d'arrivée du contre-la-montre de Montceau-les-Mines.

Mais Gérard Guillaume, rhumatologue et médecin de la Française des Jeux (FDJ) depuis plusieurs saisons, se montre clairement moins optimiste.

"C'est une pathologie rarissime dans le cyclisme. Je n'ai jamais connu ça chez un coureur", s'étonne tout d'abord le Dr Guillaume, tout aussi intrigué par les raisons qui ont poussé le coureur à faire cette annonce sur le Tour.

"Incompatible"

"L'opération, c'est le dernier recours. Le premier traitement, c'est la prise d'antalgiques et d'anti-inflammatoires. Si ça ne suffit pas, on essaie de faire une chirurgie conservatrice: on cure la lésion et on la comble. Mais si la maladie est à un stade trop élevé, et la douleur trop forte, il ne reste que la solution de la prothèse", explique le médecin de la formation française, comme pour souligner le caractère extrême de l'intervention.

Le diagnostic est alors limpide selon le Dr Guillaume. "La pratique professionnelle du vélo est incompatible avec une prothèse de hanche. Le vélo, c'est bon pour les activités de tous les jours. Pas pour le haut niveau!", assure-t-il.

L'avis du médecin-chef du Tour de France, Gérard Porte, est pourtant quasi-diamétralement opposé. "Je n'ai jamais rencontré un tel cas chez un cycliste professionnel durant ma carrière", s'accorde à dire le Dr Porte, qui n'y voit cependant rien de rédhibitoire.

"En vélo, on n'est pas en charge sur la hanche. On peut avoir du mal à courir voire à marcher et faire du vélo sans problème. Tout ça pour dire que chez le cycliste une prothèse n'est pas forcément un handicap", avance-t-il.

"Cette opération ne m'inquiète pas. Landis a 30 ans. Or, même à 80 ans on récupère très bien d'une telle intervention", finit par estimer Gérard Porte.

Si les avis divergent, une certitude: le flou lié à l'opération de Landis pourrait contribuer à faire de l'édition 2007 un Tour a priori aussi indécis que celui de 2006.

Landis a lui-même contribué à laisser planer le doute samedi soir: "J'aurais été déçu si je n'avais pas gagné le Tour et si je ne pouvais pas revenir après l'opération. Je vais me battre pour revenir, peut-être l'année prochaine, et si ce n'est pas possible, l'année suivante."