HUAIROU - Le cyclisme chinois, qui accueille depuis trois ans une épreuve de l'élite mondiale avec le Tour de Pékin, tarde à émerger sur la scène internationale où ses meilleurs coureurs peinent à obtenir des résultats.

Cinq Chinois seulement participent cette année à « leur » Tour, qui débute vendredi à Huairou Studio City, capitale du cinéma de l'Empire du milieu, à deux heures de route au nord de Pékin.

Deux, Cheng Ji et Yan Dong Xing émargent à la formation néerlandais Argos qui milite au sein du World Tour, la D1 du cyclisme. Trois autres, Pengda Jiao, Biao Liu et Gang Xu, portent les couleurs de l'équipe locale, Champion System (Continental Pro).

Pour ces cinq-là, participer au Tour de Pékin est « une fierté » (dixit Jiao). Mais leur ambition est modeste, tant l'écart qui les séparent des meilleurs semble abyssal.

Face aux Tony Martin, Richie Porte et autre Rui Costa, tous trois présents cette semaine en Chine, il sera difficile aux coureurs locaux de jouer les premiers rôles.

Trois médailles à Londres, sur piste

« Il faut reconnaître qu'il reste pas mal de boulot pour pouvoir arriver au niveau des meilleurs », explique Gang Xu, qui évoluera la saison prochaine au sein de la formation italienne Lampre.

« Pour progresser, il faut aller se frotter aux meilleurs en Europe », estime le multiple champion de Chine, qui avait déjà tenté une première expérience sur le Vieux continent en 2006 et 2007 chez Skil-Shimano. Sans grand succès.

En 2012, Cheng Ji fut pour sa part le premier Chinois à participer à la Vuelta. Un Tour d'Espagne que le coureur Argos termina en 175e position. Boucler un grand Tour, un « exploit » qui lui permet de « rêver à une participation au Tour de France ».

« Mais le chemin est encore long », reconnaît-il en constatant le manque de résultats de ses compatriotes à l'échelle internationale.

Les Chinois éprouvent même des difficultés à se mettre en évidence sur le Tour d'Asie, où le premier d'entre eux, Meiyin Weng, navigue aux alentours de la 30e position.

« Il ne nous manque pourtant pas grand-chose », se persuade Yan Dog Xing, 3e du Tour du Langkawi (Malaisie) en 2008.

Potentiellement, la Chine possède de quoi briller dans le futur. Les Chinois sont plutôt adeptes du vélo dans leur quotidien, même si c'est davantage le vélo électrique qui a la cote ces dernières années...

Et leurs dirigeants ont toujours démontré leur capacité à l'excellence sportive. Grâce notamment à l'entraîneur français Daniel Morelon, la Chine a d'ailleurs décroché trois médailles en cyclisme aux JO de Londres, sur piste et grâce au dames.

Mais ces réussites féminines font pour l'heure figure d'exception.

« C'est un problème de priorité », estimait-il y a deux ans Frédéric Magné, directeur du développement de la Fédération internationale.

« Avant les JO, le cyclisme sur route n'en était pas une. Les responsables du sport chinois savaient pertinemment qu'ils n'auraient pas de médaille dans le contre-la-montre ou la course en ligne. Ils ont concentré leurs efforts sur les disciplines médaillables. »

Tout serait donc une question de politique dans un pays où la gestion du sport relève de l'État. En attendant une impulsion des pouvoirs publics, le cyclisme chinois continuera donc à faire avec les moyens du bord.